Le docteur Aminata Boubacar Diop s’ajoute à la longue liste des victimes d’injustice et de discrimination raciale en Mauritanie. Seule femme neurochirurgienne dans le pays, Dr Diop a été recalée au concours d’entrée des spécialistes à la fonction publique pour avoir obtenu une faible note en arabe (culture générale), a alerté le docteur Remy Kleïb, un des correcteurs dudit concours. Selon le Dr Kleïb, par ailleurs lanceur d’alerte ‘’tous les médecins spécialistes admis au concours de la fonction publique sont des arabes’’. Le tout est résumé en une formule du reste banalisée dans le pays: ’’la discrimination raciale institutionnalisée ‘’.
“ Excellente neurochirurgienne, Dr Diop Amina ( ndlr diminutif de Aminata) qui a une moyenne en neurochirurgie de plus de 15 sur 20 a été éliminée par une question d'arabe”, s’est offusqué Dr Kleib sur sa page facebook. La nouvelle qui a fait l’effet d’une bombe est devenue virale. La consternation et les condamnations fusent de partout dans un pays en manque de spécialistes.
L’étonnement est d’autant plus grand que Dr Diop avait obtenu des bonnes notes dans la spécialité avant d’être ajournée par un maître d’arabe du primaire. Le ridicule ne tue plus dans ce pays. ’’Je suis un des examinateurs et j'ai donné une note de 16,7 sur 20 à Amina Diop et le deuxième correcteur a donné 13,75 sur 20. Comme la différence entre les deux notes était de moins de trois points. On n’a pas eu besoin d’une troisième correction. Elle doit avoir une moyenne de 15,25 sur 20. Cette moyenne a été multipliée par quatre et on lui a rajouté la note de l'arabe et le tout a été divisé par 5 pour avoir une moyenne générale. Je ne connais pas sa note d'arabe. Mais je sais que le dernier admis sur la liste a une moyenne générale de 14,29’’, a-t-il écrit. Dr Kleïb enfonce le clou : ‘’Elle était la seule candidate. Au même moment, un autre candidat dans une autre spécialité a été admis grâce à une note de 19,5 en arabe et une faible note dans sa spécialité. Un médecin hautement qualifié est éliminé par un enseignant d’arabe d’école primaire''. Décidément, c’est l’hôpital qui se moque de la charité.
Ainsi, Dr Amina Diop a été éliminée avec préméditation par l'arabe. La neurochirurgienne parle le Pulaar, le Hassaniya et le Wolof. Autant d’atouts passés au second rang. Certains scandalisés se demandent quel le rapport pourrait exister entre la culture générale et la neurochirurgie.
Aujourd’hui des voix s’élèvent pour une révision de ce concours biaisé par un certain nombre de faits.
Lecalame