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Birame Dah Abeid fustige la plateforme d’entente politique entre le duo RFD-UFP et le parti INSAF

Samedi 12 Août 2023 - 12:21

Au cours d’une conférence de presse animée jeudi 10 août 2023 à Nouakchott, le député et président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Birame Dah Abeid trouve indécente et incohérente la plateforme d’entente politique conclue entre deux partis d’opposition, l’Union des Forces Progressistes (UFP) et le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) avec le parti au pouvoir, INSAF, au détour d’une audience avec le président Ghazouani.

Le président du mouvement IRA et député Birame Dah Abeid a animé le 10 août dernier une conférence de presse au cours de laquelle il a abordé la crise nigérienne, l’emprisonnement du député Mohamed Bouya et la plateforme d’entente UFP-RFD-INSAF.

Une entente politique indécente

Pour Birame Dah Abeid, la nouvelle entente entre le duo UFP-RFD avec le parti INSAF vient s’ajouter au mépris qu’une partie de la classe politique mauritanienne ne cesse d’infliger au peuple mauritanien. Il trouve indécente que des partis dits d’opposition puissent magnifier une telle entente avec un régime et un parti politique qu’il a traité de « partis des voleurs et des pilleurs »

Selon lui, cette plateforme est une insulte au peuple mauritanien. Il trouve inconcevable qu’une telle entente puisse être souscrite par des partis dits de l’opposition après les dégâts causés par le régime de Ghazouani depuis son arrivée au pouvoir en 2019. Il a cité pêle-mêle, la rupture de la convivialité entre les communautés du pays, la destruction de la culture, l’oppression des langues, la persistance de l’esclavage et du racisme, le pillage des richesses, la corruption galopante, les détournements des deniers publics, ainsi que le viol de la Constitution, sans compter la domestication du pouvoir judiciaire et du pouvoir parlementaire, la fraude électorale, l’interdiction des partis politiques, la confiscation des terres, etc.

 Affaire Mohamed Bouya, une agression contre la Constitution

Pour Birame Dah Abeid, l’immunité parlementaire n’a plus aucun sens en Mauritanie, dans la mesure où les députés peuvent être dépouillés de leur immunité et jeté en prison, par la seule volonté de l’Exécutif, même durant l’expression de leurs idées sous la coupole de l’Assemblée Nationale.

Pour le président du mouvement, c’est une première dans l’histoire du pays et une agression caractérisée contre les électeurs mauritaniens qui ont élu ce député. Il s’agit, selon lui, d’une charge mortelle contre la séparation des pouvoirs, contre l’esprit démocratique et contre la Constitution.

Il a déclaré par ailleurs avoir toujours mis en garde l’Etat mauritanien contre l’utilisation de l’islam à des fins politiques, fustigeant cette pente dangereuse amorcée sous le règne de Mohamed Ghazouani et son prédécesseur Mohamed Abdel Aziz pour contrer la montée du parti islamiste Tawassoul.

Cela s’est traduit selon lui, par l’adoption d’une loi condamnant le blasphème à la peine capitale sans possibilité de repentir, ce qui selon lui n’existe dans aucune législation islamique. Il s’agit, dira-t-il en substance, d’une invention pour des raisons politiques et populistes.

Cette loi, a souligné Birame est ridicule dans la mesure où ses dispositions sont inapplicables, car la peine de mort n’est plus appliquée en Mauritanie. D’autre part, il trouve que le président Ghazouani n’a plus besoin de la portée politique de la loi, puisqu’il n’y a plus une confrontation réelle entre son pouvoir et le parti Tawassoul.

 Mohamed Bouya serait en définitive poursuivi, entre autres griefs avancés, pour avoir réclamé la peine de mort pour le blasphème d’une lycéenne dans sa copie au baccalauréat. L’incohérence, selon Birame est de poursuivre un député pour avoir demandé l’application de la loi.

Les démocraties à l’africaine, principale cause des coups d’Etat

S’exprimant sur le coup d’Etat au Niger, le député et président du mouvement IRA trouve que la fusion entre la jeunesse et les populations africaines autour des putschistes face à leurs gouvernements tirés par la France, est une réalité que l’Afrique de l’Ouest en particulier vie depuis quelques années. Il est en effet, selon lui, un sentiment ardent pour la décolonisation complète des Etats qui forment cet espace qui commence à germer çà et là.

Ce ras-le-bol face à une colonisation permanente qui perdure depuis les indépendances avec la complicité d’acteurs locaux aux commandes des Etats sourd de plus en plus à travers la région sahélo-soudanaise, explique Birame. Selon lui, les démocraties de façade qui ont fleuri partout en Afrique de l’Ouest et les régimes frauduleux qu’ils produisent oppriment les peuples qui n’ont connu que la pauvreté, le délabrement des institutions éducatives et sanitaires, l’absence de progrès et de bien-être, le chômage endémique.

Ces populations n’ont connu, selon lui, que des régimes corrompus où les richesses nationales sont bradées au profit d’une oligarchie au pouvoir et de leurs satellites, la confiscation des libertés, l’asservissement des pouvoirs judiciaires et législatifs par des pouvoirs exécutifs maintenus à coups de fraudes électorales.

Conclusion pour Birame, les populations ouest-africaines et du Sahel n’ont ainsi plus d’espoir quant à une alternance pacifique au pouvoir détenu par des oligarques dont chaque réélection frauduleuse est saluée par la communauté internationale. Ces présidents issus de tels scrutins seront toujours considérés comme des présidents démocratiquement élus, bien que tous savent qu’ils sont mal élus, tant qu’ils préserveront les intérêts des puissances qui exploitent les richesses de leurs pays et dont ils tirent eux-mêmes de substantiels subsides.

Il a donné comme exemple l’élection en 2019 de Mohamed Cheikh Ghazouani, félicité par la France et l’Espagne, avant même la proclamation des résultats officiels par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et le Conseil constitutionnel.

Il n’est donc pas étonnant, selon Birame, que les populations ouest-africaines et leur jeunesse, saluent toute prise de pouvoir, tant qu’elle les délivre des régimes qui les dirigent. Selon lui, le club des Chefs d’Etat qui forme la CEDEAO n’a laissé aucune alternative à leurs populations, parce qu’ils ont verrouillé la porte de l’alternance politique, en ne laissant ouverte que celle qui mène vers les renversements militaires de leur pouvoir.

Cheikh Aïdara

 

 



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