La fourberie chez nous est insondable. Nous allons essayer en quelques mots de montrer par quelle diabolique dynamique ce pouvoir a trouvé son compte face à l’image salie du pays en matière d’esclavage. Il n’est pas le seul, les négro-mauritaniens activistes aussi comme les maures blancs contre l’émancipation des hratines.
En gros juste pour donner une idée de cette dynamique infernale sur ce sujet qui mérite plusieurs chapitres :
Acte 1 : Les premiers généraux qui entourèrent Aziz général furent pour majorité négro-mauritaniens placés à un haut commandement. Pas un hartani ! Je suis le premier et le seul à avoir fait campagne en demandant « à quand un général hartani ? ». On imagine facilement le ressentiment silencieux dans l’armée. Jusque-là, on pouvait comprendre Aziz car il a grandi à Louga, il est plus proche des négro-mauritaniens que des hratines qui dans l’esprit d’un homme de sa génération et de son univers psychologique doivent servir à bonne distance de tout commandement. Mais c’est devenu inquiétant quand la purge a touché les civils au niveau du gouvernement. Malaise…
Acte 2 : un hartani pur jus du système, greffier de son état, frustré par son aventure avec un certain Zeine Ould Zeidane, se lance dans l’invective comme cela arrive souvent quand on espère qu’on nous donnera quelque chose pour nous faire taire. Cet homme c’est Birame Ould Dah Ould Abeid. Le procédé employé a fait recette, c’est ainsi que le nomadisme politique permet de divaguer de l’opposition au pouvoir et vice-versa.
Le pouvoir ne fait rien pour juguler le discours, on le laisse parler, le maltraite de temps en temps pour le radicaliser, on finit par réussir. Le discours devient haineux contre les maures blancs.
Acte 3 : des européens d’un mouvement radical non-violent sont les premiers à tomber dans le piège du discours de Birame car en face le pouvoir ne fait rien de convaincant au contraire sa politique d’exclusion des hratines semble confirmer les propos de Birame.
Petit à petit au fil des petits prix étrangers, Birame devient intéressant pour quiconque cherche une force subversive contre le pouvoir militaire civilisé en Mauritanie. On y trouve des mauritaniens de toutes origines, opposants notoires, revenus de tout, faisant feu de tout bois quitte à s’allier pour l’occasion à une grande puissance étrangère qui regarde ce qui se passe en Mauritanie en fonction de la pigmentation de la peau sans chercher à comprendre le fond de l’affaire ou peut-être cherche-t-elle à renverser le rapport de force. Peu importe.
Toujours est-il que de même que la Corée du Nord a fait des progrès spectaculaires en matière atomique en même temps que les USA se faisaient des ennemis puissants, Birame est tombé à l’insu de son plein gré dans le tourbillon des grands prix justifiés au départ par le courage avéré de son discours qui est d’une certaine manière vrai dans le rapport de force beidâne en Mauritanie mais faux à propos de son cheval de bataille : la lutte contre l’esclavage.
Le voilà obligé de justifier ses prix sans pouvoir mettre la main sur les légions d’esclaves dont il parle. Ces prix donnent du crédit à ses propos et la presse étrangère s’en fait l’écho. Cette dynamique à propos de l’esclavage est soutenue par des rapports réguliers du département d’état américain qui n’y va pas de main morte à propos de la nature du régime beïdane en Mauritanie présenté comme esclavagiste, raciste pendant que l’ambassade sur place se félicite de sa coopération avec le pouvoir dans tous les domaines.
Acte 4 : voilà l’élite hratine sans le vouloir prise entre deux feux : le pouvoir qui l’exclut comme le manifeste pour les droits des hratines porté par feu Mohamed Saïd Ould Homody le prouve et Birame qui dénonce cette exclusion.
Acte 5 : À force de prix, de coups d’éclat, le discours de Birame pénètre dans tous les foyers. Les maures lambda commencent à avoir peur d’un soulèvement des hratines. Cela fait le jeu du pouvoir qui redouble l’exclusion, refuse tout débat sur la discrimination positive en vigueur jusqu’à Aziz. Les maures apeurés y voient une marque de courage et se mettent du côté de la politique du pouvoir en matière de hratines. Le tour est joué.
Acte 6 : les négro-mauritaniens qui ont compris très tôt le parti à tirer de Birame contre les maures, leurs bourreaux d’hier, soutiennent le mouvement abolitionniste et en profitent pour parler du racisme maure anti-noirs dont ils seraient les premières victimes sachant que pouvoir n’a aucun intérêt à ouvrir le débat à propos des séquelles de l’esclavage dans la vallée sinon ce serait le chaos là-bas et le front de trop. Aussi le pouvoir en excluant les hratines notamment du gouvernement, des hauts commandements de l’armée, y laisse quelques négro-mauritaniens qui ont le double intérêt d’être noirs et de tenir en respect la vallée.
Acte 7 : La Mauritanie devient dans le monde le symbole de l’état esclavagiste. Le pouvoir mauritanien se présente en victime alors qu’il est à l’origine et de l’exclusion des hratines et du soutien au phénomène Birame candidat à l’élection présidentielle grâce aux parrainages du parti au pouvoir. Les maures nourris au complot étranger se rangent du côté du pouvoir la peur au ventre en se disant que seule une armée des leurs peut les protéger du soulèvement des hratines soutenu par l’étranger.
Acte 8 : pendant ce temps, les négro-mauritaniens tiennent leurs postes qu’ils ne peuvent pas perdre sinon il n’y aurait plus de noirs nulle part pendant ce temps, ils entretiennent le discours à propos du racisme anti-noirs et soutiennent les dindons de la farce à avoir les hratines exclus qui n’ont plus qu’à se radicaliser comme Birame et le piège se refermerait sur eux face aux maures apeurés !
Voilà à peu près comment ce dossier de l’esclavage a été géré par le pouvoir mauritanien de façon catastrophique car cela fait parfaitement le jeu d’un segment néo-féodal du pouvoir contre toute émancipation des hratines comme c’est le cas dans leur région archaïque où des légions de hratines croupissent dans des adwabas. Ce segment est dans les faits allié aux chauvins négro-mauritaniens qui tiennent la vallée en même temps qu’ils attisent le feu entre hratines et maures au nom d’un prétendu front noir alors qu’ils sont autant esclavagistes que les maures mais ça, personne n’en fait la publicité à l’étranger.
Allez expliquer cela aux médias étrangers, à tous ceux qui donnent des prix à Birame et le poussent à se radicaliser ! Allez expliquer cette dynamique aux pauvres maures blancs aussi démunis que les autres obligés d’avoir peur de leurs frères hratines pris dans le même piège diabolique de quelques politiques prêts à tout pour garder le pouvoir dans quelques mains contre l’unité nationale.
L’heure est grave pour ce pays. C’est maintenant ou jamais que les forces progressistes de bonne foi quelle que soit leur origine doivent s’unir contre ces pompiers pyromanes du pouvoir à l’opposition qui ont entrainé le pays dans cette atmosphère criminelle au prix de salir l’image du pays.
C’eût été le crime parfait sans la grossièreté du procédé.
VLANE