Atar n’a plus rien de ce qui le faisait aimer
Atar a-t-il toujours été tel que nous le voyons aujourd’hui ? Posez cette question à un
Atarois et il vous répondra, les larmes aux yeux, qu’Atar n’a plus rien de ce qui le faisait
aimer. Les grands personnages qui ont fait sa renommée et lui ont donné une réputation
bien établie y ont laissé un vide béant. Les rues qui grouillaient jadis de gens sont
aujourd’hui désertes. Des maisons qui exhalaient, de jour comme de nuit, l’odeur
agréable de l’encens et du thé à la menthe, il ne reste plus que les vestiges d’une grandeur
perdue.
J’étais à Atar, il y quelques jours. J’ai parcouru les quartiers Elhousseinya et Tweivenda.
En fait, je cherchais une partie de mon passé dans un champ de ruine. Sur le chemin que
j’empruntais tous les jours, durant mon enfance, je me suis arrêté à Lebreiza. L’odeur du
fameux couscous à la viande qui s’en répandait dès la tombée de la nuit et la fragrance du
pain qui se dégageait de ses fours matin et soir ne sont aujourd’hui que la réminiscence
d’un passé à peine perceptible à travers les veilles maisons abandonnées et les ruines qui
ne donnent qu’une impression lugubre.
On ne croise presque plus personne dans ces quartiers qui ressemblent, aujourd’hui, plus
à des sites de recherches archéologiques qu’à autre chose.
Ebdjih n’est plus le marché qu’on connaissait. Son architecture a perdu sa sobriété et ses
rues la gaieté des conversations matinales à l’ombre des murs.
La Batha d’Atar, jadis vagues de sable ondulé, n’est plus aujourd’hui qu’un long ravin
rempli d’ordures ménagères. Les puits qui irriguaient les palmiers et les cultures
maraichères qui poussaient sur ses rives ont tari. Aîn Leghzal, ce fameux repère hydrique,
n’est plus décelable. Les palmeraies et les jardins maraîchers qui donnaient à la batha sa
fraîcheur vespérale ont suivi leurs propriétaires en disparaissant silencieusement. Les
ramiers et les grenouilles ont perdu leur beau milieu : on n’entend plus de roucoulement,
on n’entend plus de coassement !
Aujourd’hui, seule l’ombre de la tristesse plane sur cet espace béant.
Les écoles qui étaient des centres de saine émulation permanente, ces hauts lieux qui
avaient des effets d’exemplarité et faisaient la fierté des Atarois, sont aujourd’hui des
coins effrayants, presque abandonnés dans la détresse et l’indigence. Ceux qui se
rappellent encore leurs (anciens) noms n’osent plus les prononcer car ils ne leur collent
plus !
J’aurais pu dire la même chose de l’aéroport d’Atar. Air Mauritanie, la seule compagnie
qui le desservait est morte, emportée par la gabegie. Il n’accueille plus, aujourd’hui, que
quelques vols nolisés transportant des touristes européens attirés par la splendeur des
dunes et des montagnes de l’Adrar.
Même la Guetna, ce rendez-vous annuel qui était obligé, où se retrouvaient en grand
nombre, les initiés et les novice de la cueillette des dattes, n’attire plus grand monde. Est-
ce la fin d’une génération qui n’a pas su conserver son mode de vie et ses pratiques
originales ?
Ce constat lugubre m’afflige. Le questionnement qu’il suscite étant interminable, je vous
l’épargne. C’est aux Atarois (s’il en existe encore) de le dresser. Quoi qu’il en soit, Atar
n’a plus rien de ce qui le faisait aimer.
Un Atarois à la recherche des repères perdus
Quotidien de Nouakchott
Atar a-t-il toujours été tel que nous le voyons aujourd’hui ? Posez cette question à un
Atarois et il vous répondra, les larmes aux yeux, qu’Atar n’a plus rien de ce qui le faisait
aimer. Les grands personnages qui ont fait sa renommée et lui ont donné une réputation
bien établie y ont laissé un vide béant. Les rues qui grouillaient jadis de gens sont
aujourd’hui désertes. Des maisons qui exhalaient, de jour comme de nuit, l’odeur
agréable de l’encens et du thé à la menthe, il ne reste plus que les vestiges d’une grandeur
perdue.
J’étais à Atar, il y quelques jours. J’ai parcouru les quartiers Elhousseinya et Tweivenda.
En fait, je cherchais une partie de mon passé dans un champ de ruine. Sur le chemin que
j’empruntais tous les jours, durant mon enfance, je me suis arrêté à Lebreiza. L’odeur du
fameux couscous à la viande qui s’en répandait dès la tombée de la nuit et la fragrance du
pain qui se dégageait de ses fours matin et soir ne sont aujourd’hui que la réminiscence
d’un passé à peine perceptible à travers les veilles maisons abandonnées et les ruines qui
ne donnent qu’une impression lugubre.
On ne croise presque plus personne dans ces quartiers qui ressemblent, aujourd’hui, plus
à des sites de recherches archéologiques qu’à autre chose.
Ebdjih n’est plus le marché qu’on connaissait. Son architecture a perdu sa sobriété et ses
rues la gaieté des conversations matinales à l’ombre des murs.
La Batha d’Atar, jadis vagues de sable ondulé, n’est plus aujourd’hui qu’un long ravin
rempli d’ordures ménagères. Les puits qui irriguaient les palmiers et les cultures
maraichères qui poussaient sur ses rives ont tari. Aîn Leghzal, ce fameux repère hydrique,
n’est plus décelable. Les palmeraies et les jardins maraîchers qui donnaient à la batha sa
fraîcheur vespérale ont suivi leurs propriétaires en disparaissant silencieusement. Les
ramiers et les grenouilles ont perdu leur beau milieu : on n’entend plus de roucoulement,
on n’entend plus de coassement !
Aujourd’hui, seule l’ombre de la tristesse plane sur cet espace béant.
Les écoles qui étaient des centres de saine émulation permanente, ces hauts lieux qui
avaient des effets d’exemplarité et faisaient la fierté des Atarois, sont aujourd’hui des
coins effrayants, presque abandonnés dans la détresse et l’indigence. Ceux qui se
rappellent encore leurs (anciens) noms n’osent plus les prononcer car ils ne leur collent
plus !
J’aurais pu dire la même chose de l’aéroport d’Atar. Air Mauritanie, la seule compagnie
qui le desservait est morte, emportée par la gabegie. Il n’accueille plus, aujourd’hui, que
quelques vols nolisés transportant des touristes européens attirés par la splendeur des
dunes et des montagnes de l’Adrar.
Même la Guetna, ce rendez-vous annuel qui était obligé, où se retrouvaient en grand
nombre, les initiés et les novice de la cueillette des dattes, n’attire plus grand monde. Est-
ce la fin d’une génération qui n’a pas su conserver son mode de vie et ses pratiques
originales ?
Ce constat lugubre m’afflige. Le questionnement qu’il suscite étant interminable, je vous
l’épargne. C’est aux Atarois (s’il en existe encore) de le dresser. Quoi qu’il en soit, Atar
n’a plus rien de ce qui le faisait aimer.
Un Atarois à la recherche des repères perdus
Quotidien de Nouakchott