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un grain de sable pour secouer la poussière...

Scènes de "guerre" au Venezuela, qui vote pour la Constituante

Lundi 31 Juillet 2017 - 00:34

La violence meurtrière a fait irruption dimanche au Venezuela, jour de l'élection de l'Assemblée constituante rejetée par les adversaires du président Nicolas Maduro : un candidat et un dirigeant de l'opposition ont été tués, alors que des scènes de "guerre" secouaient Caracas.

"Je ne sais pas d'où vient leur haine, des Vénézuéliens contre des Vénézuéliens... Ca, c'est une guerre !", a déclaré Conchita Ramirez, une habitante d'un quartier de la capitale après l'intervention musclée des forces de l'ordre équipées de véhicules anti-émeute.

Sous une pluie de gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc, des manifestant bloquant une autoroute de Caracas ont par ailleurs été délogés sans ménagement. 

Un peu plus loin, au passage d'un groupe de motards de la police une forte détonation retentit, montre une vidéo de l'AFP. Au moins, quatre policiers sont blessés dans l'explosion, l'un d'eux a la jambe en flammes, alors que plusieurs de leurs deux-roues brûlent à terre. Des scènes similaires ont eu lieu à Maracaibo (ouest), la deuxième ville du pays. 

En tout, sept personnes sont décédées depuis samedi, selon le Parquet. 

Un candidat à la constituante a été abattu chez lui dans la nuit de samedi à dimanche à Ciudad Bolivar (sud-est), José Felix Pineda, un avocat de 39 ans. Et un dirigeant de l'opposition, Ricardo Campos, 30 ans, a été tué par balle durant une manifestation dans l'Etat de Sucre (nord-est).

Un militaire, Ronald Ramirez, "a été atteint par une balle au niveau de la pommette gauche pendant une manifestation" dans l'Etat de Tachira (ouest) frontalier avec la Colombie.

En outre, trois manifestants de 28, 39 et 43 ans sont morts dans les Etats de Mérida (ouest) et Barquisimeto (ouest), et un autre était décédé samedi au cours d'une protestation dans l'Etat de Merida (ouest). 

- Plus de 110 morts -

Rassemblements, barricades, homicides : ce vote se déroule alors que le pays est au bord de l'effondrement économique. Depuis le mois d'avril des manifestations antigouvernementales ont fait plus de 110 morts ainsi que des milliers de blessés.

Le scrutin pour désigner les 545 membres de l'Assemblée constituante a débuté dimanche à 06H00 locales (10H00 GMT) et le président socialiste Nicolas Maduro a été le premier à voter dans l'ouest de Caracas.

"Je suis le premier à voter dans le pays. Je demande aujourd'hui la bénédiction de Dieu pour que le peuple puisse exercer librement son droit de vote démocratique", a déclaré le chef de l'Etat. Selon lui, "l'empereur Donald Trump a voulu empêcher le peuple d'exercer le droit de vote".

L'opposition, qui boycotte tout le processus et n'a donc présenté aucun candidat, a appelé à dresser des barricades dans tout le pays bien que le gouvernement ait menacé de cinq à dix ans de prison ceux qui feraient obstacle au scrutin. 

Les antichavistes détiennent la majorité au Parlement et voient dans cette Constituante un moyen pour le président Maduro de se cramponner au pouvoir, contourner l'Assemblée nationale élue et éviter la présidentielle prévue fin 2018. Ils dénoncent une dérive vers un "régime à la cubaine".

Le gouvernement assure de son côté que cette future assemblée, dont la durée du mandat n'est pas définie, sera un "super pouvoir" qui aura la capacité de dissoudre le Parlement, qu'elle apportera la paix et permettra au pays de se redresser économiquement.

- 'Fraude constitutionnelle' -

"Cette fraude constitutionnelle et électorale est la plus grave erreur historique qu'ait pu commettre Maduro", a affirmé le député Freddy Guevara, au nom de la coalition de l'opposition Table de l'unité démocratique (MUD).

Nicolas Maduro a le soutien des pouvoirs judiciaire et militaire. Mais plus de 80% des Vénézuéliens désapprouvent sa gestion du pays et 72% son projet de Constituante, selon l'institut de sondages Datanalisis.

La participation à l'élection de dimanche sera une donnée-clef. Selon l'analyste Benigno Alarcon, le gouvernement cherche à éviter une forte abstention, sachant que 7,6 millions de personnes ont voté lors d'un référendum symbolique organisé par l'opposition il y a deux semaines contre le projet, selon la MUD.

Mais grâce au mode de scrutin, combinant vote territorial et par secteurs socio-professionnels, 62% des 19,8 millions d'électeurs pourront se prononcer deux fois, ce qui soulève des interrogations sur la validité du résultat alors qu'aucun observateur étranger ne sera présent, souligne un analyste, Eugenio Martinez.

Avec sa Constituante, Nicolas Maduro s'est mis à dos les Etats-Unis, qui importent 800.000 barils de brut sur les 1,9 million produits chaque jour le Venezuela, ainsi que plusieurs pays d'Amérique latine et d'Europe.

Washington a imposé des sanctions à 13 fonctionnaires et militaires proches du chef de l'Etat accusés d'atteinte à la démocratie, de violations des droits de l'homme ou de corruption.

"La dictature s'auto-isole", a affirmé le député Guevara. La Colombie, le Panama et le Pérou ont annoncé qu'ils ne reconnaîtraient pas la Constituante, les Etats-Unis ont menacé d'autres sanctions. 

A Madrid, plusieurs centaines de Vénézuéliens ont manifesté dimanche pour demander à l'Espagne qu'elle ne reconnaisse pas la Constituante. "Pays du monde entier, aidez-nous", pouvait-on lire sur des pancartes brandies par les manifestants, qui agitaient des drapeaux jaune, rouge, bleu du Venezuela.



(©AFP / 30 juillet 2017 23h09) 
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