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un grain de sable pour secouer la poussière...

POINT DE MIRE : Cote d’Ivoire-Mauritanie/ « Quand les mots deviennent des maux ».

Dimanche 28 Août 2022 - 00:56


Au cours d’une émission culturelle de très grande audience « Les Hommes d’Ici », émission  suivie  en Côte d’Ivoire, en Afrique de l’Ouest  et partout ailleurs en  Afrique,  le  coach de l’émission, un certain Jean François Yoman, très affirmatif et sans vergogne  avait dit « En Mauritanie,  c’est contextuel, c’est culturel et c’est dans leurs habitude. Les femmes ont plusieurs maris. C’est officiel,  ça ne dérange pas les mœurs et ça ne choque personne. ». Ces propos très offensants, très choquants, très insultants et  très vulgaires seraient passés  sous silence,  si l’alerte n’avait pas été donnée par un journaliste affilié aux plateformes Union de la Presse Francophone de  Mauritanie « UPF-Mauritanie » et au  Groupe  de Presse Francophone de Mauritanie.

Les propos tenus par ce coach le vendredi 12 Août 2022 au cours de l’émission diffusée  en différé ont soulevé un véritable tollé au sein de la Presse et provoqués une véritable onde de choc qui a secoué violement, moralement  et psychologiquement  tous les ressortissants mauritaniens vivant en Côte d’Ivoire  un pays frère et ami.
Cette onde de choc a aussitôt,  et par réactions en chaines, provoqué  également des réactions justifiées dans les milieux de la Presse de Mauritanie, sur toutes les plateformes des réseaux sociaux et dans tous les  milieux de la communauté mauritanienne vivant en Côte d’ivoire.
Des réactions qu’on peut comprendre, parce  que, ce qu’avait dit jean François Yoman signifiait en  termes « sous-entendus »  que les femmes mauritaniennes qui peuvent avoir « officiellement plusieurs maris » se prostituent en vase clos.

C’est regrettable, mais c’est bien ce  voulait dire l’animateur ivoirien et qu’il avait dit consciemment et sans gêne avant d’aller en vacances jouer au tire-bouchons.  Le Coach de la télévision ivoirienne qui a évidemment puisé ses propos dans son ignorance abjecte et ses insuffisances de culture générale, affirme que cette « tradition immorale » est contextuelle, culturelle et qu’elle est encrée dans nos habitudes nous mauritaniens.

Si ces propos venaient d’un individu anonyme  qui avait pris un pot de trop ou beaucoup  de pots de trop,  cela n’aurait certainement choqué personne. Cela n’aurait choqué personne,  parce que l’alcool frelaté à l’ignorance et l’insolence peut donner de telles réactions. Mais quand les propos viennent d’un plateau de télévision d’une chaine d’un pays frère et ami auquel nous sommes unis par des liens séculaires et traditionnels de très longues dates, cela fait mal. Très mal.

Une croyance qui date de plus de quarante ans.

Ali Doucouré,  notre confrère, brillant animateur de programmes de Radio -(Radio Mauritanie)-, né du mariage d’un couple mixte (ivoiro-mauritanien) raconte que déjà depuis sa tendre enfance, cette croyance était largement  soutenue par des ivoiriens qui ne connaissent rien de notre pays,  pour qui la première image qui a toujours frappé  à leurs yeux, était  celle de ces mauritaniens des boutiques de détails de proximité qui vivent reclus derrière leurs comptoirs grillagés pour des raisons de sécurité.

Mais même si cette croyance persistait, ce qui n’est pas concevable, qui n’est pas admissible et ce qui est impardonnable, il est  inimaginable que ce soit un intellectuel ivoirien ou quelqu’un qui croit l’être, qui vient, par une affirmation publique,  encrer définitivement cette croyance  selon laquelle la mère de chaque mauritanien est une femme de « mœurs légère » qui se comporte comme « cet  animal du campement » que décrit un proverbe de chez nous.

C’est bien pourquoi, cette affaire n’est pas un fait divers. Et elle ne peut pas et ne doit en aucun cas  être gérée comme tel. Malheureusement même si  pourtant,  l’alerte a été donnée assez tôt par les lanceurs (ici en Mauritanie par  Ali Doucouré journaliste multimédias  et en  Côte d’Ivoire par  Ibrahim Laghdaf président du Regroupement des Commerçants de Mauritanie),   on constate malheureusement  que la gestion de cette crise a été conduite par les pouvoirs publics mauritaniens de manière très légère et même irresponsable.

C’est par un travail d’amateur que la réaction tardive des autorités est venue. Et, au lieu que cette réaction apporte un dénouement ou une solution à la crise, elle a simplement enfoncé le clou dans la plaie béante  pour faire encore plus mal à toutes les mauritaniennes (nos mères, nos sœurs et nos filles), qui, se sont senties offensées, humiliées et dénudées aux yeux de toute la communauté musulmane d’Afrique et du Monde par un ivoirien qui n’était peut être pas dans son assiette au moment des faits.

Quand la diplomatie mauritanienne se substitue à la communication et trébuche.
« Partis pour laver un affront, les mauritaniens se font humilier à Abidjan dans une émission de divertissement ».
Cet intitulé de l’article écrit par le brillant journaliste Cheikh Aidara (rédacteur en Chef du Journal en ligne LAuthentique et Mondoblogueur  de RFI), décrit  l’ampleur des dégâts occasionnés par une sorite maladroite de trois mauritaniens (un Imam et deux jeunes filles) qui, envoyés par on ne sait qui et pourquoi, se sont retrouvés coincés sur un plateau de télévision d’une émission de variété de vacances  animée par un comédien.  

La Communauté mauritanienne en Côte d’Ivoire (50.000 selon certains chiffres) qui s’attendait à des excuses à la hauteur du préjudice, religieux, moral, social subi et qui croyait à la réparation d’un tort moral infligé, a été déçue de constater malheureusement , qu’un grand Imam de l’envergure religieuse de Sarr a été « vendu aux enchères » sur un plateau de télévision où il y’avait plus de tintamarre que de discussions sur un sujet dominant de l’actualité, sujet  qui, -il faut pas avoir peur de le dire-,  glisse en fait  la Cote d’Ivoire et la Mauritanie vers une crise diplomatique qui risque bien d’entrainer la rupture du respect mutuel entre ivoiriens et mauritaniens aussi bien dans l’un que dans l’autre des pays.
Mais même au-delà de cet  incident grave, qui révèle au grand jour le regard peu respectueux que certains ivoiriens, (par ignorance  peut être),  posent sur les mauritaniens de la Diaspora de leur pays, il y’a également une crise d’identité qui semble opposer notre représentation diplomatique en Côte d’ivoire aux ressortissants de notre pays.

Cette perte de confiance au  sein même de l’entité mauritanienne (représentation diplomatique, opérateurs économiques et émigrés) est peut être une des causes du mal qui contribue à un déficit énorme de communication entre mauritaniens de Cote d’Ivoire et leur chancellerie ce qui  peut être, aussi,  est  le bât qui blesse.
Quoiqu’il en soit, l’offense a été faite par un consultant d’une chaine de télévision ivoirienne   à quatre millions de mauritaniens. C’est pourquoi,  cette histoire, véritable scandale qui touche à la dignité morale et religieuse de chacun de nous,   ne peut pas être roulée dans la farine.

Les pouvoirs publics, à travers leur représentation diplomatique en Côte d’Ivoire doivent gérer ce conflit moral de manière à ce que tous les ivoiriens se mettent dans leurs têtes et  une bonne fois pour toutes, que la polyandrie évoquée sur le plateau de la NCI par Jean François Yoman,  n’existe que dans l’esprit de ceux qui, comme disait la fable de Lafontaine « font de leurs défauts la poche de derrière et la  poches de devant pour  les défauts d’autrui».

Mohamed Ould Chighali.
Journaliste indépendant.
 
 
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