La Mauritanie « vit la talibanisation de la société. Et la barbarie - flagellation, amputation, peine de mort par lapidation - est toujours inscrite dans le Code pénal », estime l’ex-condamné à mort pour blasphème Mohamed Cheikh Ould M'Kheitir, qui se refugie en France.
Interrogé par LaCroix, un site d’information français en ligne, Ould Mkheitir est revenu sur ses conditions d’arrestation et de détention : « Un colonel m’a embarqué vers un endroit inconnu, je comprendrai quelques mois plus tard qu’il s’agit d’une caserne militaire, et que je suis séquestré à la demande du président Aziz. Je n’ai pas craqué. Il fallait que je garde un bon état psychologique pour ne pas perdre de vue mon objectif. Combattre l’injustice sociale et l’esclavage en Mauritanie, c’est mon projet de vie ».
Le bloggeur raconte qu'il avait en prison « une bouteille pour faire pipi, une vieille boîte de conserve pour mes besoins. Je ne me suis lavé que deux fois en sept mois. Je ne me suis jamais brossé les dents, jamais coupé les ongles et les cheveux. On me donnait à manger par la lucarne de la porte. Je n’ai pas eu une seule visite. Je n’ai même pas prononcé’bonjour’une fois, les deux premiers mois ».
Mohamed Ould Mkheitir estime qu’en Mauritanie, «il n’y a aucun mélange entre castes. Dans la rue, chacun sait si quelqu’un est Beidane [caste des hommes libres, dirigeants, guerriers et marabouts], Maalmine ou Haratine, dit-il aujourd’hui. Beaucoup de Maalmines et de Haratines ne vont pas à l’école. On crée partout des mosquées, alors qu’il existe encore des adouaba, des anciens camps d’esclaves restés des villages isolés de Haratines, et qui n’ont ni école ni centre de soins. On sort des fillettes de l’école pour les marier. Rien ne pourra changer si on n’améliore pas l’enseignement ».
Mohamed Cheikh Ould M'Kheitir est condamné depuis décembre 2015 à la peine capitale pour "apostasie" après avoir publié un article jugé ''blasphématoire'' à l'encontre du prophète Mohammet. Lire: Mauritanie: confirmation de la peine de mort contre un blogueur pour apostasie.
alakhbar