Il y a quelque chose d’inapproprié dans l’exploitation abusive de l’image de cet adolescent qui a failli se noyer durant les inondations de Boumedeid. Quelle que soit la bonne foi de ceux qui contribuent à la surmédiatisation des faits et gestes de ce jeune homme, on ne devrait pas, néanmoins, perdre de vue les conséquences d’une telle surexposition sur son développement psychique ou moral. La vie des enfants, et dans une moindre mesure celle des adultes, demande un minimum de droit à la discrétion, voire à l’anonymat, pour pouvoir surmonter, dans la dignité, les aléas de l’existence.
Par ailleurs , les enfants ont besoin d’un cadre légal pour la protection de leur image contre le cyber harcèlement, l’exploitation commerciale inhérente à une diffusion non autorisée, par les tuteurs, de leurs activités ou leur mise en scène sur les plateformes sociales.
Si on voulait vraiment venir en aide à Chebou, on devrait prendre en charge, sans tapage médiatique ni publicité, ses frais de scolarité ou aider discrètement ses parents, sans pour autant en faire une affaire de buzz médiatique ou de trend digital aux effets imprévisibles. Il y va de la dignité et du bien-être mental de cet enfant.
Sa surexposition médiatique , sous couvert de bénévolat, peut malencontreusement relever du travail déguisé, et donc non contrôlé ou rémunéré, vu l’enjeu financier que cela implique en termes de publicité gratuite, de surengagement médiatique ( le temps consommé par les tournages vidéo, la préparation des interviews, la fatigue, la perte de temps indue etc…).
En effet, au-delà de la médiatisation de son sauvetage, il y a un risque concomitant de marchandisation inappropriée de son image, et par conséquent d’exploitation malsaine de sa tragédie.
S’il fallait remercier les âmes animées de bonne volonté qui ont bien voulu le soutenir, on devrait aussi se poser des questions légitimes sur les motivations véritables de certaines offres intempestives de sponsoring aujourd’hui. Ce d’autant plus qu’il en est question au moment même où le jeune champion des échecs, Abderrahim Ahmed Taleb, peine toujours , hélas, à trouver dans son pays, le soutien institutionnel et financier nécessaire pour donner toute la mesure de son talent, qui n’est pourtant plus à démontrer Mashallah.
M El Moctar Haiba ( FB )
M El Moctar Haiba ( FB )