Partout, dans les localités enclavées et sinistrées de la Wilaya du Guidimagha, des centaines de femmes en âge de procréer ou en état de grossesse réclament la clinique mobile de santé. Il s’agit de celle organisée par le Ministère de la Santé et le Ministère des Affaires Sociales, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) entre le 16 et le 27 mars 2021, dans le département de Sélibaby, pour l’offre de services en santé sexuelle reproductive et en prise en charge des violences basées sur le genre.
De Jedida à Tiénél Djoubaye, en passant par Wendou Goubé, Sounatou, Hamdalaye, Ehel Sidi MBareck, Ehel Yarba, Ehel Djatou, Samba Kandji, Saidou Ehel Sidi, Néma Maawiya, Taboutala, Niéléba Peul, Hassi Sidi, la question est la même : « à quand le retour de la clinique mobile de santé ! »
Les femmes de Jedida, un échantillon représentatif
A Jedida, localité située à 12 kilomètres sur la route Sélibaby-Gouraye, les souvenirs sont encore vifs. Tous se rappellent du passage de la clinique mobile courant mars 2021. Au cours de ce convoi composé de trois assistantes sociales et d’une sage-femme, beaucoup de consultations pré et post-natales ont été délivrées, des dizaines de médicaments offerts aux femmes souffrants d’infections sexuellement transmissibles (IST), d’anémie, d’hypertension, et beaucoup d’autres ont bénéficié de sensibilisation ou de prise en charge contre les violences basées sur le genre (VBG).
Bilel Bara Thiam, assistance sociale à la Direction régionale du Ministère des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille (MASEF) du Guidimagha, a déclaré que la mission de la clinique mobile a connu un grand succès. « Ce fut une véritable aubaine pour des femmes qui, pour des raisons d’éloignement, mais surtout de manque de moyens, ne pouvaient accéder aux soins de santé sexuelle reproductive ou à des séances de sensibilisation sur les VBG ».
La clinique mobile a permis, selon elle, à des femmes enceintes de recevoir, pour certaines, leur première consultation prénatale et de se voir orienter vers les services de santé à Sélibaby pour y poursuivre le reste de leur parcours de grossesse. Le forfait obstétrical qui est spécialement conçu pour les familles démunies comme elles leur ont été également expliqué, avec orientation vers les services qui en ont la charge à Sélibaby.
Dans le domaine des VBG, ce sont surtout les mariages des enfants qui restent, selon Bilel, la principale préoccupation, avec des filles que les parents marient à 11, 12 et 13 ans, mettant ainsi fin à leur cursus scolaire. Mais ce sont surtout également, selon elle, des violences domestiques, « des violences physiques en particulier » a-t-elle précisé. Selon elle « ces violences sont cachées, mais on le sent sur le visage des femmes que nous avons consulté et nous avons recueilli des aveux » a-t-elle témoigné. Beaucoup d’entre elles, a-t-elle poursuivi en substance, ont bénéficié de prise en charge médicale et psychosociale.
Témoignages de bénéficiaires
Les femmes de Jedida, et des autres localités, ont beaucoup apprécié le passage de la clinique mobile. La demande est aujourd’hui très forte. Le retour de la clinique mobile est devenue une revendication générale de la part des femmes du Guidimagha dont la plupart jugent l’accès aux soins de santé reproductive difficile.
Pour Chaba Mint Ahmed Vall, 22 ans et mère de 3 enfants : « je souffrais d’anémie et grâce à la clinique mobile, j’ai reçu des médicaments et des conseils qui commencent à m’aider à surmonter ce problème. J’ai reçu également un kit de dignité. Je demande vivement le retour de la clinique mobile, c’est une demande pressante de la part des femmes du village. Nous avons aussi beaucoup apprécié la séance de sensibilisation qui nous a permis de cerner les dangers liés à l’excision, aux questions d’hygiène féminine, à la prévention contre la pandémie Covid-19 ».
De son côté, Cheikha Mint Mownak, 27 ans, mère de 5 enfants et qui attend le sixième : « Je me suis mariée à l’âge de 14 ans, comme beaucoup de femmes dans ce village où les filles se marient jeunes. Je suis actuellement en état de grossesse. Avec l’arrivé de la clinique, les sages-femmes m’ont pesée et elles m’ont donnée deux types de médicaments, l’un contre l’anémie et l’autre contre la migraine. J’ai aussi reçu un kit d’accouchement. J’ai déjà fait mes trois visites au Centre de santé de Sélibaby. La clinique mobile est une excellente idée, surtout pour nous les femmes qui ont peu de culture de santé et de violences basées sur le genre. Nous avons plus que besoin de ce genre de services de santé qui viennent chez les pauvres, car c’est le manque de moyens qui pousse beaucoup de femmes à accoucher à domicile sans jamais suivre le moindre traitement ou visite dans une structure de santé ».
A noter que le village de Jedida dispose d’un agent de relais en santé communautaire qui dispense ses services à domicile tant que la situation reste dans la normale. En cas de complication, les femmes sont évacuées à Sélibaby. « Pendant l’hivernage et ses inondations presque saisonnières, l’accès devient difficile, surtout impossible par moment » affirme l’adjoint du chef de village.
Selon Mme Gueytana Mint Mohamed, Directrice régionale du MASEF au Guidimagha : « je garde une très bonne impression de la clinique mobile pour l’offre de services en santé sexuelle reproductive et VBG, surtout ce que les équipes en charge de l’opération ont réalisé sur le terrain. Les populations ont besoin d’être encadrées, soutenues et accompagnées et nous devons leur offrir les services dont elles ont besoin, de préférence en rapprochant au maximum les offres de services de santé de qualité. C’est notre devoir et c’est la raison de notre présence. Il s’agit en général de populations pauvres et démunies qui ont besoin d’assistance. D’où la pertinence des programmes sociaux et sanitaires très ambitieux pris par nos autorités dans ce domaine et dont les résultats commencent à donner leurs fruits, comme l’idée de cette clinique mobile. Le reste dépend maintenant du mécanisme de suivi-évaluation qui va être mis en œuvre pour la pertinence et la pérennité des actions ».
Le succès de la clinique mobile
Ayant ciblé 33 localités au Trarza et au Guidimagha, la clinique mobile qui a sillonné ces deux régions entre le 15 et le 27 mars 2021 a permis la distribution de plus de 300 kits d’accouchements et plus de 900 kits de dignité, d’effectuer plus de 350 consultations prénatales et 68 consultations postnatales, d’offrir des méthodes contraceptives à 254 femmes. Elle a aussi permis de traiter 457 cas d’IST, d’identifier 106 cas de VBG tous pris en charge, de sensibiliser 26 hommes, 568 filles et 706 femmes sur les VBG, éducation des filles, mariages précoces, hygiène, planification familiale, santé maternelle, HIV/Sida et prévention contre Covid-19. La clinique a aussi aidé au réfèrement vers les hôpitaux régionaux de Rosso et de Sélibaby de 29 cas pour complication sur grossesse, hémorragie, VBG, anémie.
La clinique a surtout permis de renforcer la coordination entre les services du Ministère de la Sante et ceux du MASEF avec la santé sexuelle et reproductive comme porte d’entrée, et comme thèmes d’action, l’éducation des filles contre les mariages précoces et les abandons scolaires qui leur sont lié, ainsi que l’implication plus accentuée des assistantes sociales.
Cheikh Aïdara
lauthentic.info
De Jedida à Tiénél Djoubaye, en passant par Wendou Goubé, Sounatou, Hamdalaye, Ehel Sidi MBareck, Ehel Yarba, Ehel Djatou, Samba Kandji, Saidou Ehel Sidi, Néma Maawiya, Taboutala, Niéléba Peul, Hassi Sidi, la question est la même : « à quand le retour de la clinique mobile de santé ! »
Les femmes de Jedida, un échantillon représentatif
A Jedida, localité située à 12 kilomètres sur la route Sélibaby-Gouraye, les souvenirs sont encore vifs. Tous se rappellent du passage de la clinique mobile courant mars 2021. Au cours de ce convoi composé de trois assistantes sociales et d’une sage-femme, beaucoup de consultations pré et post-natales ont été délivrées, des dizaines de médicaments offerts aux femmes souffrants d’infections sexuellement transmissibles (IST), d’anémie, d’hypertension, et beaucoup d’autres ont bénéficié de sensibilisation ou de prise en charge contre les violences basées sur le genre (VBG).
Bilel Bara Thiam, assistance sociale à la Direction régionale du Ministère des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille (MASEF) du Guidimagha, a déclaré que la mission de la clinique mobile a connu un grand succès. « Ce fut une véritable aubaine pour des femmes qui, pour des raisons d’éloignement, mais surtout de manque de moyens, ne pouvaient accéder aux soins de santé sexuelle reproductive ou à des séances de sensibilisation sur les VBG ».
La clinique mobile a permis, selon elle, à des femmes enceintes de recevoir, pour certaines, leur première consultation prénatale et de se voir orienter vers les services de santé à Sélibaby pour y poursuivre le reste de leur parcours de grossesse. Le forfait obstétrical qui est spécialement conçu pour les familles démunies comme elles leur ont été également expliqué, avec orientation vers les services qui en ont la charge à Sélibaby.
Dans le domaine des VBG, ce sont surtout les mariages des enfants qui restent, selon Bilel, la principale préoccupation, avec des filles que les parents marient à 11, 12 et 13 ans, mettant ainsi fin à leur cursus scolaire. Mais ce sont surtout également, selon elle, des violences domestiques, « des violences physiques en particulier » a-t-elle précisé. Selon elle « ces violences sont cachées, mais on le sent sur le visage des femmes que nous avons consulté et nous avons recueilli des aveux » a-t-elle témoigné. Beaucoup d’entre elles, a-t-elle poursuivi en substance, ont bénéficié de prise en charge médicale et psychosociale.
Témoignages de bénéficiaires
Les femmes de Jedida, et des autres localités, ont beaucoup apprécié le passage de la clinique mobile. La demande est aujourd’hui très forte. Le retour de la clinique mobile est devenue une revendication générale de la part des femmes du Guidimagha dont la plupart jugent l’accès aux soins de santé reproductive difficile.
Pour Chaba Mint Ahmed Vall, 22 ans et mère de 3 enfants : « je souffrais d’anémie et grâce à la clinique mobile, j’ai reçu des médicaments et des conseils qui commencent à m’aider à surmonter ce problème. J’ai reçu également un kit de dignité. Je demande vivement le retour de la clinique mobile, c’est une demande pressante de la part des femmes du village. Nous avons aussi beaucoup apprécié la séance de sensibilisation qui nous a permis de cerner les dangers liés à l’excision, aux questions d’hygiène féminine, à la prévention contre la pandémie Covid-19 ».
De son côté, Cheikha Mint Mownak, 27 ans, mère de 5 enfants et qui attend le sixième : « Je me suis mariée à l’âge de 14 ans, comme beaucoup de femmes dans ce village où les filles se marient jeunes. Je suis actuellement en état de grossesse. Avec l’arrivé de la clinique, les sages-femmes m’ont pesée et elles m’ont donnée deux types de médicaments, l’un contre l’anémie et l’autre contre la migraine. J’ai aussi reçu un kit d’accouchement. J’ai déjà fait mes trois visites au Centre de santé de Sélibaby. La clinique mobile est une excellente idée, surtout pour nous les femmes qui ont peu de culture de santé et de violences basées sur le genre. Nous avons plus que besoin de ce genre de services de santé qui viennent chez les pauvres, car c’est le manque de moyens qui pousse beaucoup de femmes à accoucher à domicile sans jamais suivre le moindre traitement ou visite dans une structure de santé ».
A noter que le village de Jedida dispose d’un agent de relais en santé communautaire qui dispense ses services à domicile tant que la situation reste dans la normale. En cas de complication, les femmes sont évacuées à Sélibaby. « Pendant l’hivernage et ses inondations presque saisonnières, l’accès devient difficile, surtout impossible par moment » affirme l’adjoint du chef de village.
Selon Mme Gueytana Mint Mohamed, Directrice régionale du MASEF au Guidimagha : « je garde une très bonne impression de la clinique mobile pour l’offre de services en santé sexuelle reproductive et VBG, surtout ce que les équipes en charge de l’opération ont réalisé sur le terrain. Les populations ont besoin d’être encadrées, soutenues et accompagnées et nous devons leur offrir les services dont elles ont besoin, de préférence en rapprochant au maximum les offres de services de santé de qualité. C’est notre devoir et c’est la raison de notre présence. Il s’agit en général de populations pauvres et démunies qui ont besoin d’assistance. D’où la pertinence des programmes sociaux et sanitaires très ambitieux pris par nos autorités dans ce domaine et dont les résultats commencent à donner leurs fruits, comme l’idée de cette clinique mobile. Le reste dépend maintenant du mécanisme de suivi-évaluation qui va être mis en œuvre pour la pertinence et la pérennité des actions ».
Le succès de la clinique mobile
Ayant ciblé 33 localités au Trarza et au Guidimagha, la clinique mobile qui a sillonné ces deux régions entre le 15 et le 27 mars 2021 a permis la distribution de plus de 300 kits d’accouchements et plus de 900 kits de dignité, d’effectuer plus de 350 consultations prénatales et 68 consultations postnatales, d’offrir des méthodes contraceptives à 254 femmes. Elle a aussi permis de traiter 457 cas d’IST, d’identifier 106 cas de VBG tous pris en charge, de sensibiliser 26 hommes, 568 filles et 706 femmes sur les VBG, éducation des filles, mariages précoces, hygiène, planification familiale, santé maternelle, HIV/Sida et prévention contre Covid-19. La clinique a aussi aidé au réfèrement vers les hôpitaux régionaux de Rosso et de Sélibaby de 29 cas pour complication sur grossesse, hémorragie, VBG, anémie.
La clinique a surtout permis de renforcer la coordination entre les services du Ministère de la Sante et ceux du MASEF avec la santé sexuelle et reproductive comme porte d’entrée, et comme thèmes d’action, l’éducation des filles contre les mariages précoces et les abandons scolaires qui leur sont lié, ainsi que l’implication plus accentuée des assistantes sociales.
Cheikh Aïdara
lauthentic.info