Des douaniers, trafiquants démasqués
Il y a quelques jours, un camion-remorque en provenance de Sélibaby, par l’axe Boghé-Rosso, s’immobilise au marché Mosquée marocaine. Le chauffeur et son équipage attendent les destinataires de la cargaison : trente-deux tonnes de riz de contrebande en provenance du Sénégal. Soudain, un homme en boubou et visage masqué par un turban se présente et demande si le camion vient de Sélibaby. La question surprend le chauffeur mais l’homme le rassure, en prétendant qu’il attend, de la capitale du Guidimakha, une cargaison de riz thaïlandais. Croyant qu’il s’agit du destinataire prévu, le chauffeur donne tous les détails…
Un quart d’heure plus tard, des agents de la gendarmerie douanière encerclent le camion et arrêtent le chauffeur. Celui-ci déclare que son camion est fréquemment loué, depuis un certain temps, par un groupe de trafiquants de mèche avec la douane. Des douaniers en service dans différentes régions du Sud supervisent et protègent, de longue date, le trafic. Selon le chauffeur, ils en ont déjà amassé des sommes colossales. « Téléphone-leur et informe-les que des éléments du Groupement d’Intervention Rapide de la douane (GIR) ont surpris le débarquement du camion », ordonnent les pandores.
Un peu plus tard, le fameux brigadier Fayçal ould El Houssein, la bête noire des automobiles sans dédouanement qui a toujours démontré beaucoup de rigueur et professionnalisme, se présente avec l’adjudant Mohamed ould Brahim. Ils commencent à palabrer avec les gendarmes, sous les yeux de l’homme enturbanné qui les écoute attentivement. Et de multiplier les propositions alléchantes pour que les gendarmes acceptent le débarquement de la marchandise. C’est alors que l’homme au visage masqué ôte son turban. Sidérés et glacés de frayeur, les deux douaniers reconnaissent le général Dah ould El Mamy en personne, directeur général de la douane ! « J’ai reçu », explique-t-il en substance, « un renseignement sur l’arrivée éventuelle d’un camion de contrebande et guettais son arrivée depuis quelques jours… ».
Fayçal et Ould Brahim ont été mis aux arrêts, à la Direction des douanes, et le directeur a ordonné une enquête. Mauritel a criblé les communications du chauffeur, en garde à vue à la brigade douanière, ainsi que celles des douaniers suspects. Cela a permis d’identifier trois autres douaniers en liaison avec cette affaire : le lieutenant Mohamed ould Kachef, chef de bureau de Boghé, les préposés Brahim ould Gekou et Kemal ould Idoumou, en service à Rosso. Ils ont été, eux aussi, mis aux arrêts à la Direction générale des douanes. Le camion et sa cargaison ont été saisis et mis sous scellé, au bureau des douanes de Nouakchott-ville. Le sort des cinq douaniers incriminés attend la fin de l’enquête. On pense qu’ils risquent d’être virés, du corps de la douane ; peut-être même renvoyés devant la justice pour être inculpés et placés sous mandat de dépôt.
La bande en couple
Le développement de la délinquance a amené le sexe faible à jouer un rôle non-négligeable en ce domaine. Les exemples se comptent par dizaines, avec des conjointes souvent aux premières loges. Cas célèbre, Fatou, principale complice et soutien de son époux, Ely «Lahmar ». La femme d’Abdallahi « le Vainqueur » gère les affaires malhonnêtes de son mari, quand celui-ci dort en taule.
Ely Cheikh « Carrefour » est un récidiviste connu des fichiers de la police. Il est spécialisé en vols et cambriolages. Son principal complice s’appelle Abdallahi « Hashich ». Ils se sont connus en prison où ils partageaient la même cellule. Ely Cheikh a été libéré, il y a peu, et en a profité pour lier connaissance avec une jeune dépravée qui a fui l’école et le domicile familial. Ils se sont mariés.
Ely Cheikh se voit raflé, avec d’autres repris de justice, lors de la récente opération BMCI. Relâché, Il forme, avec son complice et sa femme Fatis, une bande de malfaiteurs qui commet, à bord d’une voiture volée, plusieurs braquages et cambriolages. Leur plus grande opération : le sac de deux grandes boutiques, sur l’axe « Champs Elysées » de Tevragh Zeïna. La police finit par leur tomber dessus et les arrête. Après quelques jours de garde à vue, les voilà déférés au Parquet de Nouakchott-Ouest. Les deux jeunes ont été écroués à Dar Naïm. Quant à la fille, hier encore inconnue de la police, elle a été mise sous contrôle judiciaire.
Mosy
source lecalame.info