Pandémie Covid-19 oblige, les sages-femmes de Mauritanie ont célébré mercredi 5 mai 2021, la Journée internationale de la sage-femme en mode virtuel.
Rehausser la pratique sage-femme
En ouverture officielle, la Secrétaire générale du Ministère de la Santé, Dr. Bâ Halima, a rappelé d’abord les chiffres alarmants de la Mauritanie en termes de taux de décès maternel et néonatal (respectivement 582 décès pour 100.000 naissances vivantes et 29 pour 1.000 naissances vivantes) par rapport au monde et à l’Afrique. « Cela nous interpelle à mettre en place des stratégies d’intervention efficace pour rendre accessibles géographiquement et financièrement les services essentiels de santé, de prendre en charge les urgences obstétricales et développer les ressources humaines de qualité en santé maternelle et néonatale » a-t-elle déclaré.
Selon elle, « la cérémonie qui nous réunit, à l’occasion de la Journée internationale de la sage-femme, constitue une étape importante dans le renforcement de la profession sage-femme ». Le thème retenu cette année, « Investissez dans la sage-femme », recoupe, dira-t-elle en substance, la préoccupation des autorités qui l’ont clairement définie dans la politique de santé conformément aux engagements du Président de la République, Mohamed Cheikh Ghazouani, « Taahoudati » et au programme du gouvernement. Celui-ci, ajoutera-t-elle « donne la priorité à la santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent ». Elle a souligné que le Ministère de la Santé fera tout pour rehausser la pratique sage-femme.
Pour un Ordre national des sages-femmes
Le Représentant résident du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) en Mauritanie, SEM. Saidou Kaboré, s’exprimant au nom du Système des Nations Unies, avait auparavant évoqué les données du Rapport mondial 2021 sur la pratique sage-femme. « Ces données indiquent clairement que les sages-femmes sont essentielles pour mettre fin aux décès maternels évitables d’ici 2030 et éviter les décès évitables des nouveau-nés et d’enfants de moins de 5 ans » a-t-il souligné.
Rappelant les données sur la mortalité maternelle et néonatale, il a déclaré que pour toutes ces raisons, « nous devons veiller au renforcement des capacités et des compétences des sages-femmes, à l’amélioration continue de leurs conditions de travail, au recrutement d’un nombre plus élevé et à leur déploiement le plus proche des populations ». Ce qui contribuera sans nul doute, a-t-il ajouté en substance, à atteindre Zéro décès maternel évitable, Zéro besoin non satisfait en planification familiale et Zéro violence basée sur le genre d’ici 2030
Selon SEM. Saidou Kaboré, « il s’agira de poursuivre le plaidoyer pour l’adoption d’un projet de loi instituant l’Ordre national des sages-femmes, cadre réglementaire de la profession sage-femme ». Il a salué l’engament des sages-femmes qui sont selon lui au front durant cette période difficile de pandémie de Covid-19 pour offrir des soins de qualité en faveur des femmes, des nouveau-nés, des enfants et des adolescents. Ce qui a permis, dira-t-il en substance, de minimiser les effets négatifs de la pandémie.
Enfin, il a partagé une citation de la Directrice Exécutive de l’UNFPA, Dr. Natalia Kanem, saluant l’héroïsme de sages-femmes en ces termes. « Nous avons des preuves et savons ce qu’il faut faire. Les systèmes de santé du monde entier doivent en prendre note et agir, car investir dans les sages-femmes autonomes est l’un des moyens les plus sûrs de préserver la vie, de protéger la santé et le bien-être de tous ».
Investir dans les soins sages-femmes
A l’ouverture de la cérémonie commémorative, Mme Vatimetou Mint Moulaye, Présidente de l’Association des Sages-femmes de Mauritanie, avait rappelé que la célébration de la Journée internationale de la sage-femme a coïncidé avec la publication du Rapport mondial 2021 sur la profession, codirigé par la Confédération internationale des sages-femmes, l’UNFPA et l’OMS. « Ce rapport a apporté des preuves sur l’importance cruciale d’investir dans les soins sages-femmes de qualité, à l’avant-garde des discussions mondiales en matière de santé » a-t-elle cité.
Selon les données du Rapport, a-t-elle poursuivi, « une couverture universelle de 95% d’interventions effectuées par les sages-femmes pourraient éviter 67% de décès maternels, 64% de décès néonatal et 65% de décès à la naissance, ce qui permettra de sauver chaque année 4,3 millions de vies d’ici 2035 ».
Ainsi, les sages-femmes de Mauritanie, se joignent au plaidoyer mondial en faveur de l’investissement pour une formation de qualité des sages-femmes, une réglementation de leur pratique, un environnement favorable et des soins de qualité afin de contribuer à l’amélioration de la santé sexuelle et reproductive maternelle, néonatale, infantile et adolescente et de contribuer de manière significative à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale.
Avaient pris part à la cérémonie commémorant la Journée internationale de la sage-femme, le Directeur général de la Santé Publique, le Directeur de la Santé Mère et Enfant, le chef de service de la santé maternelle, néonatale, infantile et adolescente, ainsi que le staff de l’UNFPA.
A noter que les activités prévues par l’Association des Sages-femmes de Mauritanie durant cette journée ont été reportées jusqu’après la fête « Id El Fitr » ou « Korité », mettant fin au jeûne du mois de Ramadan.
Cheikh Aïdara
aidara.mondoblog.org