David Calhoun, le nouveau directeur général de Boeing, a ouvert mercredi une nouvelle ère chez l'avionneur, en affichant sa confiance dans le 737 MAX et en promettant plus de moyens aux ingénieurs.
Le dirigeant de 62 ans, aux commandes depuis le 13 janvier en remplacement de Dennis Muilenburg limogé pour une gestion jugée calamiteuse de la crise du MAX, a essayé de rassurer à la fois les régulateurs, les salariés, les compagnies aériennes et le président Donald Trump.
Le locataire de la Maison Blanche a fait part de sa "grande, grande déception" vis-à-vis de Boeing dont les déboires sont susceptibles d'avoir de lourdes répercussions sur l'économie américaine.
La production du 737 MAX, plus de deux-tiers du carnet de commandes de Boeing, devrait être "relancée" avant juin, a assuré M. Calhoun à des journalistes lors d'une conférence téléphonique.
"Nous allons reprendre lentement et de façon régulière notre production quelques mois avant" la remise en service du MAX à la mi-2020, a-t-il déclaré. Boeing avertira ses sous-traitants auparavant.
- Licenciements -
Le constructeur aéronautique ne produit plus de MAX depuis janvier, en raison des retards pris dans la levée de l'interdiction de vol frappant cet avion depuis le 13 mars 2019, après deux accidents rapprochés ayant fait 346 morts.
Cette décision a mis sous pression les sous-traitants, obligés d'engager des cures d'austérité. C'est le cas du fabricant américain de fuselages Spirit AeroSystems, qui a dû licencier 2.800 personnes et n'exclut pas des suppressions d'emplois supplémentaires.
M. Calhoun a également assuré qu'il n'y aurait ni licenciements ni mesures de chômage technique chez Boeing.
Alors que des experts s'interrogent sur l'avenir du MAX face à la défiance des voyageurs, Boeing croit toujours en cet avion vedette.
"Je crois en cet avion. J'y crois parce que nous l'avons fabriqué. Les pilotes y croient. C'est juste que la procédure d'approbation (des avions) est nouvelle", a défendu M. Calhoun.
C'est la première fois depuis le déclenchement de la crise du MAX que Boeing organise une conférence de presse. Pendant près d'une heure, M. Calhoun ne s'est pas réfugié, comme son prédécesseur, derrière les enquêtes en cours des autorités pour ne pas répondre aux questions dérangeantes.
Il s'est voulu direct et franc, répétant plusieurs fois le mot "réaliste" quand il s'est agi d'expliquer les raisons qui ont poussé Boeing à reporter à la mi-2020 la remise en service du MAX.
"C'est une prévision réaliste", a dit cet ancien cadre dirigeant de General Electric (GE), ajoutant que celle-ci tenait compte du fait que Boeing recommandait désormais une formation des pilotes sur simulateur, jugée plus longue.
Sans verser dans un mea culpa, il a fait remarquer que Boeing et les régulateurs n'avaient pas correctement anticipé les réactions des pilotes à un dysfonctionnement du système anti-décrochage MCAS mis en cause dans les deux accidents.
- Dividende -
Répétant que la sécurité était la "priorité" de Boeing, David Calhoun a ajouté: "une fois que les pilotes vont se remettre aux commandes (du MAX modifié) et seront en confiance, je suis persuadé que les clients (et les voyageurs) suivront".
Il a par ailleurs promis des moyens supplémentaires aux ingénieurs de Boeing, semblant ainsi répondre aux critiques selon lesquelles la culture d'innovation et de sécurité, au coeur de la stratégie de l'entreprise créée il y a 104 ans, avait été écrasée par le souci de satisfaire les marchés financiers et les actionnaires.
Il sera néanmoins difficile de se débarrasser de cette culture du tout-financier puisque David Calhoun a assuré que le dividende versé aux actionnaires ne serait pas réduit, en dépit de l'explosion des coûts liée aux difficultés du MAX.
"Nous allons le maintenir tel quel à moins que quelque chose de dramatique ne survienne", a-t-il défendu.
Les experts et observateurs devront attendre un peu plus longtemps que prévu pour juger des promesses de changement faites par M. Calhoun.
Le vol inaugural du long courrier 777X, qui était prévu jeudi dans les environs de Seattle, a dû être repoussé à cause de la météo. Le constructeur aéronautique souligne que ses équipes étudient la possibilité de voler vendredi 24 janvier, mais sans garantie, le temps étant notoirement capricieux dans la région.
Le développement de ce long-courrier a été marqué par de nombreux problèmes, dont ceux du moteur, et des incertitudes entourent sa date de mise en service.
AFP