Au cours d’une conférence de presse qu’il avait organisée à son domicile, l’ancien président Mohamed Ould Abdel avait dit publiquement que le président Ould El Ghazouani connaissait l’origine de tous ses biens.
Par cette déclaration, l’ancien président avait donc ajouté un peu plus à ce qu’il disait et souvent répété, qu’il mettait quiconque en défit de prouver qu’il a pris une ouguiya des caisses du Trésor ou des dollars des caveaux de la Banque Centrale de Mauritanie.
Depuis quelques jours, le débat sur la question de savoir d’où provient la fortune colossale de Ould Abdel Aziz reprend de plus belle. Et c’est Ould Abdel Aziz lui-même qui a relancé le débat par une déclaration faite sur sa page Facebook, déclaration au cours de laquelle il avait dit : « Quand j’étais en Turkie, l’actuel président Ould Ghazouani m’avait appelé pour me dire qu’il avait expliqué à Ahmed Ould Daddah que je ne possède aucune ouguiya qui provient de l’argent du contribuable mauritanien ».
Et l’ancien président avait aussi ajouté que, le président Ghazouani l’avait rappelé par la suite pour lui dire qu’à Mohamed Ould Maouloud (UFP) et à Biram Dah Abeid (Ira) il avait donné la même explication, c'est-à-dire que « j’avais assez pour vivre très longtemps à l’abri des besoins, mais que cette richesse n’avait aucun lien avec l’argent du contribuable mauritanien ou des moyens financiers de l’Etat mauritanien. »
Quand un journaliste fait dire à Ghazouani, ce qu’il n’a pas dit.
Le 6 janvier 2023, un journaliste animateur de la Chaine El Barlemaniya (TV parlementaire), avait posé à Biram Dah Ould Abeid la question suivante : « Dans une déclaration faite sur sa page facebook, l’ancien président a dit que vous, Mohamed Ould Maouloud et Ahmed Daddah vous êtes venus demander à l’actuel président d’enquêter sur la fortune mal acquise de Ould Abdel Aziz. Qu’est ce que vous répondez à cette déclaration ? »
« Faux » a répondu Biram Dah Ould Abeid. Et Biram Dah Abeid avait bien raison d’affirmer que c’était faux. Parce que c’est faux. Dans sa déclaration sur sa page facebook, jamais et à aucun moment l’ancien président Ould Abdel Aziz n’avait dit que ces trois leaders politiques étaient venus demander au président Ghazouani de mener une enquête sur sa fortune.
L’ancien président Ould Abdel Aziz avait dit plutôt que « c’était l’actuel président Ould Ghazouani qui lui avait dit qu’il avait affirmé aux trois leaders politiques que la fortune de Ould Abdel Aziz n’avait aucun lien avec l’argent de l’Etat mauritanien. La nuance est grande.
Ce que Ould Abdel Aziz avait dit, qui n’est pas un verset de coran, n’engage que Ould Abdel Aziz. Il n’engage pas Ould Ghazouani et par conséquence ne lui attribue pas forcément la déclaration faite par Ould Abdel Aziz pour porter à la connaissance du public un détail important et dont l’interprétation est multidimensionnelle aussi bien sur le plan politique que sur le plan judiciaire.
C’est pourquoi, il est surprenant, que ce journaliste de la TV El Barlemaniya, qui est considéré comme l’un des plus brillants de ce pays, attribue au président Ghazouani une déclaration qui prête à confusion et qui mêle l’actuel président à une affaire qui ne relève peut être d’ailleurs que du délire d’un ancien président dont la retraite est coupée et tous les chemins sont pris.
Il est bon pour tous les mauritaniens de savoir et une fois pour toutes, que de toutes façons ce que Ould Ghazouani et Ould Abdel Aziz se disaient par le passé, que ce soit à leurs domiciles, au palais présidentiel ou dans les casernes militaires -avant que le duel politique mortel actuel ne les opposent-, ne nous regarde pas. Ça doit même être le dernier de nos soucis.
Si Ould Ghazouani voulait s’éviter les accusations sur son éventuelle complicité avec Ould Abdel Aziz, accusations qui pèsent maintenant lourdement sur sa personnalité morale, il aurait dû, (comme je le lui avais conseillé dans un article publié au début du mois d’août 2019), faire une déclaration publique sur l’Etat des lieux dans lequel il avait trouvé le pays après les violentes secousses sismiques enregistrées sur l’échelle du détournement du pillage et de la gabegie de la décennie de son ancien ami.
Mal conseillé peut être, l’actuel président a été pris au piège par son prédécesseur qui s’était arrangé pour profiter de fortes pressions exercées sur Ghazouani les trois premiers jours de l’exercice de son mandat pour quitter le pays dans un avion bourré de malles et affrété pour la bagatelle de 76.000.000 d’ouguiyas collectées au dos des vendeuses de couscous, de beignets et les charretiers des quartiers populaires.
Quand les mots expriment des maux.
Dans sa dernière sortie audiovisuelle sur sa page facebook, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, avait dit deux choses particulièrement intéressantes.
La première chose est qu’il est prêt à parler au cours d’un procès mais à condition qu’on lui donne le temps de dire tout ce qu’il veut dire. Et la deuxième chose, est qu’il est prêt à justifier 100 % l’origine de toute sa fortune à condition que tous les autres (présidents qui se sont succédés, premiers ministres, ministres et moufsidines) justifient eux, seulement les 40 % de leurs fortunes.
Cela s’appelle évidemment lancer un défi. Même un très grand défi. Mais ce que Ould Abdel Aziz oublie, semble oublier, ou feint d’oublier, c’est que ce n’est pas à ces personnes auxquelles il fait allusion que la justice demande de justifier l’origine de leurs fortunes. C’est à lui que l’enquête de la police des crimes économiques et l’instruction du pole des juges du parquet demandent de répondre à la question qui reste toujours posée et celle à laquelle il doit forcément maintenant répondre une fois à la barre des accusés celle de faire connaitre d’où provient son immense fortune.
Ould Abdel Aziz, dit et répète que Ould Ghazouani, l’actuel président connait l’origine de tous ses biens. C’est faux. Faux simplement parce que Ould Abdel Aziz avait dit au cours d’une conférence de Presse à laquelle j’ai assisté personnellement, que « les enquêteurs auront du mal à faire l’inventaire de tous ses biens, qui, selon ses propos, sont éparpillés et confiés à différentes personnes. » Cela signifie simplement en terme clair et sans équivoque que Ould Abdel Aziz reconnait lui-même avoir beaucoup de bien et que ses biens sont éparpillés, confiés à différentes personnes et dans différents endroits.
A partir de ce constat, il est difficile pour Ould Abdel Aziz de faire croire à l’opinion nationale et internationale que Ould Ghazouani connait l’origine de tous ces biens, à moins que, cumulativement avec ses fonctions de Chef d’Etat-major des Armées, Ould Ghazouani était également le teneur de livre des entrées fiduciaires de Ould Abdel Aziz, ce qui ne tient pas debout parce qu’absurde tout simplement.
Même en admettant que Ould Abdel Aziz, en disant que l’actuel président connait l’origine de tous ses biens, voulait plutôt dire que Ghazouani connait l’origine d’une partie de ses biens (ce qui est possible), cela peut donc peut-être expliquer ce que Ould Ghazouani voulait dire aux politiciens Mohamed Ould Maouloud, Ahmed Ould Daddah et Biram Dah Ould Abeid à chaque fois que la question sur la fortune de l’ancien président lui était posée.
Quoiqu’il en soit, si Ould Abdel Aziz, pense qu’en affirmant que Ould Ghazouani connait l’origine de tous ses biens, cela va dédouaner sa fortune colossale de tous les soupçons qui pèsent sur son origine douteuse, il se trompe.
Et, si Ould Abdel Aziz n’a comme témoin que Ould Ghazouani pour justifier l’origine de sa fortune colossale et pour prouver à la justice que cette fortune représente plutôt un bien « bien acquit », j’ai bien peur qu’à la barre Ould Abdel Aziz ne se retrouve seul et sans témoin pour confirmer ses déclarations.
Parce que simplement Ould Abdel Aziz sait parfaitement bien que Ould Ghazouani ne peut pas être appelé à la barre ne serait-ce que comme témoin assisté dans cette affaire. D’abord parce qu’il est président de la République et ensuite parce qu’en tant que président dans l’exercice de ses fonctions, il jouit lui aussi hélas des « largesses » du fameux article 93, article qui n’a pas été produit en copie unique, celle dont Ould Abdel Aziz s’en été accaparé au début de l’enquête quand il avait été étouffé par les accusations de corruption et d’enrichissement illicite pour se murer derrière un silence injustifié.
Quand Ould Abdel Aziz nous prend pour des imbéciles.
Quand il était au pouvoir Ould Abdel Aziz nous a tous utilisés comme des cobayes pour tester ses folies de grandeur. Il avait dissout le Sénat nous avons applaudis. Il nous a obligé de renoncer à notre drapeau de l’indépendance. Nous avons acceptés sans rechigner. Il a changé plus d’une fois notre monnaie. Nous avons continué à acheter et à vendre comme si rien n’était. Il a rasé des écoles de référence rattachées au passé scolaire de la plupart d’entre nous pour en faire des centres commerciaux lui appartenant gérés par personnes interposées. Nous n’avons rien dit. Il nous a importé de l’étranger un hymne composé au goût de fanatiques arabes. Nous avons obligés nos enfants d’oublier l’ancien hymne et de réciter le nouveau qui sentait du Sisi.
Et ce n’est pas tout. Il a divisé les noirs en petits fronts dispersés remontés les uns contre les autres. Il a divisé les maures entre nobles qui s’accaparent de tous et les autres qui se contentent des s’lalighs. Il a divisé les harratines en mettant dos-à-dos leurs leaders charismatiques.
Et ce n’est pas fini. Il semait la terreur partout, s’enrichissait démesurément en « clouant les becs » de la plupart d’entre nous, soit par des corruptions passives ou actives, soit par des menaces sur leurs intégrités physiques et morales.
Et pour couronner le tout, il a vendu notre poisson à vil prix à des opérateurs qui travaillent pour son propre compte. Il « s’est cédé » l’exploitation de certaines de nos ressources minières, de nos richesses halieutiques, de nos ports de pêches ou commerciaux par le biais de personnes ou partenaires interposés.
Et, comme si rien n’était, et pour finir il avait pris son bâton de « pèlerin harangueur » pour aller dire à Akjoujt et à Nouadhibou qu’il est victime d’une répression morale et psychique de la part de la police d’Etat, qu’il est ciblé par une justice dépendante d’un régime fictif soutenu par une opposition anesthésiée.
Il faut peut être rappeler à Ould Abdel Aziz que c’est cette même police, cette même gendarmerie et cette même justice que lui avait transformées par sa dictature, ses sautes d’humeur, son esprit de vengeance et par sa rancune cynique en pouvoirs repressifs qui, sous son règne « d’Idy Amine Dadda » avaient maltraité le Sénateur Ould Ghade, avaient pourchassé l’Homme d’Affaire Ould Bouamatou même au delà de nos frontières et c’est bien cette police et cette justice qui réprimaient tous les négros mauritaniens et tous les harratines qui réclamaient leurs droits pacifiquement.
Si Ould Abdel Aziz, tout au long de ses mandats effectués dans un environnement de terreur, de dictature, de détournement, de vol et de gabegie avait consacré plus de temps à faire de notre justice une justice indépendante du pouvoir, il n’aurait pas été arrêté à la sortie de Nouakchott et il n’aurait pas été refoulé au portique de sécurité de l’entrée de la Salle d’attente de cet aéroport qu’il avait construit à la tontine financière.
Il est bien vrai que nos services de l’ordre et nos autorités judiciaires ont fait montre de bricolage dans leurs agissements à l’égard de l’ancien chef de l’Etat Ould Abdel Aziz. L’ancien président qui, logiquement, même poursuivi par la justice doit être respecté en tant qu’ancien président de ce pays et en tant que citoyen doit jouir de toutes les libertés qui lui sont garanties par la Constitution.
Mais aussi Ould Abdel Aziz doit de son côté éviter de se comporter comme un vulgaire Taleb Ould Abdel Wedoud, ou comme un aliéné mental de Ould K’mach ou comme ce déficient mental El Hafedh, c'est-à-dire en se rabaissant du haut de l’image forte qu’il donnait de lui face au monde arabe, islamique et africain entre 2009 et 2019.
Dans une vidéo où on le voyait marcher faire son jogging, on l’entend dire à un caméraman qui le suivait : « filme. Filme ces policiers qui nous filent. Au lieu de faire leur travail en allant sécuriser les quartiers pauvres, ils nous prennent en filature ». Et dans cette vidéo il avait ajouté : « Ce n’est pas un pays ».
C’est peut être vrai. Ce pays entre 2009 et 2019 n’était plus un pays, mais plutôt une bourse qui, depuis le palais présidentiel cotait tous les projets dont les retombées ont été retrouvées par les enquêteurs éparpillées partout entre les mains de receleurs qui travaillaient pour le compte de celui qui était en réalité plus le président d’une entreprise multinationale et internationale à raison lucrative qu’un chef de l’Etat à mission constitutionnelle.
En effet, tout le monde le sait, en dix ans Ould Abdel Aziz a complètement métamorphosé ce pays par ses caprices, les caprices d’un homme qui n’a jamais été capable de prouver qu’il était réellement un chef d’Etat mais qui plutôt par ses agissements était devenu malheureusement un homme qui s’était toujours illustré par une éphémère popularité qui l’avait transformé en un aliéné politique qui « s’implosait » volontairement et sans s’en rendre compte malheureusement.
Mohamed Chighali
Journaliste indépendant
Par cette déclaration, l’ancien président avait donc ajouté un peu plus à ce qu’il disait et souvent répété, qu’il mettait quiconque en défit de prouver qu’il a pris une ouguiya des caisses du Trésor ou des dollars des caveaux de la Banque Centrale de Mauritanie.
Depuis quelques jours, le débat sur la question de savoir d’où provient la fortune colossale de Ould Abdel Aziz reprend de plus belle. Et c’est Ould Abdel Aziz lui-même qui a relancé le débat par une déclaration faite sur sa page Facebook, déclaration au cours de laquelle il avait dit : « Quand j’étais en Turkie, l’actuel président Ould Ghazouani m’avait appelé pour me dire qu’il avait expliqué à Ahmed Ould Daddah que je ne possède aucune ouguiya qui provient de l’argent du contribuable mauritanien ».
Et l’ancien président avait aussi ajouté que, le président Ghazouani l’avait rappelé par la suite pour lui dire qu’à Mohamed Ould Maouloud (UFP) et à Biram Dah Abeid (Ira) il avait donné la même explication, c'est-à-dire que « j’avais assez pour vivre très longtemps à l’abri des besoins, mais que cette richesse n’avait aucun lien avec l’argent du contribuable mauritanien ou des moyens financiers de l’Etat mauritanien. »
Quand un journaliste fait dire à Ghazouani, ce qu’il n’a pas dit.
Le 6 janvier 2023, un journaliste animateur de la Chaine El Barlemaniya (TV parlementaire), avait posé à Biram Dah Ould Abeid la question suivante : « Dans une déclaration faite sur sa page facebook, l’ancien président a dit que vous, Mohamed Ould Maouloud et Ahmed Daddah vous êtes venus demander à l’actuel président d’enquêter sur la fortune mal acquise de Ould Abdel Aziz. Qu’est ce que vous répondez à cette déclaration ? »
« Faux » a répondu Biram Dah Ould Abeid. Et Biram Dah Abeid avait bien raison d’affirmer que c’était faux. Parce que c’est faux. Dans sa déclaration sur sa page facebook, jamais et à aucun moment l’ancien président Ould Abdel Aziz n’avait dit que ces trois leaders politiques étaient venus demander au président Ghazouani de mener une enquête sur sa fortune.
L’ancien président Ould Abdel Aziz avait dit plutôt que « c’était l’actuel président Ould Ghazouani qui lui avait dit qu’il avait affirmé aux trois leaders politiques que la fortune de Ould Abdel Aziz n’avait aucun lien avec l’argent de l’Etat mauritanien. La nuance est grande.
Ce que Ould Abdel Aziz avait dit, qui n’est pas un verset de coran, n’engage que Ould Abdel Aziz. Il n’engage pas Ould Ghazouani et par conséquence ne lui attribue pas forcément la déclaration faite par Ould Abdel Aziz pour porter à la connaissance du public un détail important et dont l’interprétation est multidimensionnelle aussi bien sur le plan politique que sur le plan judiciaire.
C’est pourquoi, il est surprenant, que ce journaliste de la TV El Barlemaniya, qui est considéré comme l’un des plus brillants de ce pays, attribue au président Ghazouani une déclaration qui prête à confusion et qui mêle l’actuel président à une affaire qui ne relève peut être d’ailleurs que du délire d’un ancien président dont la retraite est coupée et tous les chemins sont pris.
Il est bon pour tous les mauritaniens de savoir et une fois pour toutes, que de toutes façons ce que Ould Ghazouani et Ould Abdel Aziz se disaient par le passé, que ce soit à leurs domiciles, au palais présidentiel ou dans les casernes militaires -avant que le duel politique mortel actuel ne les opposent-, ne nous regarde pas. Ça doit même être le dernier de nos soucis.
Si Ould Ghazouani voulait s’éviter les accusations sur son éventuelle complicité avec Ould Abdel Aziz, accusations qui pèsent maintenant lourdement sur sa personnalité morale, il aurait dû, (comme je le lui avais conseillé dans un article publié au début du mois d’août 2019), faire une déclaration publique sur l’Etat des lieux dans lequel il avait trouvé le pays après les violentes secousses sismiques enregistrées sur l’échelle du détournement du pillage et de la gabegie de la décennie de son ancien ami.
Mal conseillé peut être, l’actuel président a été pris au piège par son prédécesseur qui s’était arrangé pour profiter de fortes pressions exercées sur Ghazouani les trois premiers jours de l’exercice de son mandat pour quitter le pays dans un avion bourré de malles et affrété pour la bagatelle de 76.000.000 d’ouguiyas collectées au dos des vendeuses de couscous, de beignets et les charretiers des quartiers populaires.
Quand les mots expriment des maux.
Dans sa dernière sortie audiovisuelle sur sa page facebook, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, avait dit deux choses particulièrement intéressantes.
La première chose est qu’il est prêt à parler au cours d’un procès mais à condition qu’on lui donne le temps de dire tout ce qu’il veut dire. Et la deuxième chose, est qu’il est prêt à justifier 100 % l’origine de toute sa fortune à condition que tous les autres (présidents qui se sont succédés, premiers ministres, ministres et moufsidines) justifient eux, seulement les 40 % de leurs fortunes.
Cela s’appelle évidemment lancer un défi. Même un très grand défi. Mais ce que Ould Abdel Aziz oublie, semble oublier, ou feint d’oublier, c’est que ce n’est pas à ces personnes auxquelles il fait allusion que la justice demande de justifier l’origine de leurs fortunes. C’est à lui que l’enquête de la police des crimes économiques et l’instruction du pole des juges du parquet demandent de répondre à la question qui reste toujours posée et celle à laquelle il doit forcément maintenant répondre une fois à la barre des accusés celle de faire connaitre d’où provient son immense fortune.
Ould Abdel Aziz, dit et répète que Ould Ghazouani, l’actuel président connait l’origine de tous ses biens. C’est faux. Faux simplement parce que Ould Abdel Aziz avait dit au cours d’une conférence de Presse à laquelle j’ai assisté personnellement, que « les enquêteurs auront du mal à faire l’inventaire de tous ses biens, qui, selon ses propos, sont éparpillés et confiés à différentes personnes. » Cela signifie simplement en terme clair et sans équivoque que Ould Abdel Aziz reconnait lui-même avoir beaucoup de bien et que ses biens sont éparpillés, confiés à différentes personnes et dans différents endroits.
A partir de ce constat, il est difficile pour Ould Abdel Aziz de faire croire à l’opinion nationale et internationale que Ould Ghazouani connait l’origine de tous ces biens, à moins que, cumulativement avec ses fonctions de Chef d’Etat-major des Armées, Ould Ghazouani était également le teneur de livre des entrées fiduciaires de Ould Abdel Aziz, ce qui ne tient pas debout parce qu’absurde tout simplement.
Même en admettant que Ould Abdel Aziz, en disant que l’actuel président connait l’origine de tous ses biens, voulait plutôt dire que Ghazouani connait l’origine d’une partie de ses biens (ce qui est possible), cela peut donc peut-être expliquer ce que Ould Ghazouani voulait dire aux politiciens Mohamed Ould Maouloud, Ahmed Ould Daddah et Biram Dah Ould Abeid à chaque fois que la question sur la fortune de l’ancien président lui était posée.
Quoiqu’il en soit, si Ould Abdel Aziz, pense qu’en affirmant que Ould Ghazouani connait l’origine de tous ses biens, cela va dédouaner sa fortune colossale de tous les soupçons qui pèsent sur son origine douteuse, il se trompe.
Et, si Ould Abdel Aziz n’a comme témoin que Ould Ghazouani pour justifier l’origine de sa fortune colossale et pour prouver à la justice que cette fortune représente plutôt un bien « bien acquit », j’ai bien peur qu’à la barre Ould Abdel Aziz ne se retrouve seul et sans témoin pour confirmer ses déclarations.
Parce que simplement Ould Abdel Aziz sait parfaitement bien que Ould Ghazouani ne peut pas être appelé à la barre ne serait-ce que comme témoin assisté dans cette affaire. D’abord parce qu’il est président de la République et ensuite parce qu’en tant que président dans l’exercice de ses fonctions, il jouit lui aussi hélas des « largesses » du fameux article 93, article qui n’a pas été produit en copie unique, celle dont Ould Abdel Aziz s’en été accaparé au début de l’enquête quand il avait été étouffé par les accusations de corruption et d’enrichissement illicite pour se murer derrière un silence injustifié.
Quand Ould Abdel Aziz nous prend pour des imbéciles.
Quand il était au pouvoir Ould Abdel Aziz nous a tous utilisés comme des cobayes pour tester ses folies de grandeur. Il avait dissout le Sénat nous avons applaudis. Il nous a obligé de renoncer à notre drapeau de l’indépendance. Nous avons acceptés sans rechigner. Il a changé plus d’une fois notre monnaie. Nous avons continué à acheter et à vendre comme si rien n’était. Il a rasé des écoles de référence rattachées au passé scolaire de la plupart d’entre nous pour en faire des centres commerciaux lui appartenant gérés par personnes interposées. Nous n’avons rien dit. Il nous a importé de l’étranger un hymne composé au goût de fanatiques arabes. Nous avons obligés nos enfants d’oublier l’ancien hymne et de réciter le nouveau qui sentait du Sisi.
Et ce n’est pas tout. Il a divisé les noirs en petits fronts dispersés remontés les uns contre les autres. Il a divisé les maures entre nobles qui s’accaparent de tous et les autres qui se contentent des s’lalighs. Il a divisé les harratines en mettant dos-à-dos leurs leaders charismatiques.
Et ce n’est pas fini. Il semait la terreur partout, s’enrichissait démesurément en « clouant les becs » de la plupart d’entre nous, soit par des corruptions passives ou actives, soit par des menaces sur leurs intégrités physiques et morales.
Et pour couronner le tout, il a vendu notre poisson à vil prix à des opérateurs qui travaillent pour son propre compte. Il « s’est cédé » l’exploitation de certaines de nos ressources minières, de nos richesses halieutiques, de nos ports de pêches ou commerciaux par le biais de personnes ou partenaires interposés.
Et, comme si rien n’était, et pour finir il avait pris son bâton de « pèlerin harangueur » pour aller dire à Akjoujt et à Nouadhibou qu’il est victime d’une répression morale et psychique de la part de la police d’Etat, qu’il est ciblé par une justice dépendante d’un régime fictif soutenu par une opposition anesthésiée.
Il faut peut être rappeler à Ould Abdel Aziz que c’est cette même police, cette même gendarmerie et cette même justice que lui avait transformées par sa dictature, ses sautes d’humeur, son esprit de vengeance et par sa rancune cynique en pouvoirs repressifs qui, sous son règne « d’Idy Amine Dadda » avaient maltraité le Sénateur Ould Ghade, avaient pourchassé l’Homme d’Affaire Ould Bouamatou même au delà de nos frontières et c’est bien cette police et cette justice qui réprimaient tous les négros mauritaniens et tous les harratines qui réclamaient leurs droits pacifiquement.
Si Ould Abdel Aziz, tout au long de ses mandats effectués dans un environnement de terreur, de dictature, de détournement, de vol et de gabegie avait consacré plus de temps à faire de notre justice une justice indépendante du pouvoir, il n’aurait pas été arrêté à la sortie de Nouakchott et il n’aurait pas été refoulé au portique de sécurité de l’entrée de la Salle d’attente de cet aéroport qu’il avait construit à la tontine financière.
Il est bien vrai que nos services de l’ordre et nos autorités judiciaires ont fait montre de bricolage dans leurs agissements à l’égard de l’ancien chef de l’Etat Ould Abdel Aziz. L’ancien président qui, logiquement, même poursuivi par la justice doit être respecté en tant qu’ancien président de ce pays et en tant que citoyen doit jouir de toutes les libertés qui lui sont garanties par la Constitution.
Mais aussi Ould Abdel Aziz doit de son côté éviter de se comporter comme un vulgaire Taleb Ould Abdel Wedoud, ou comme un aliéné mental de Ould K’mach ou comme ce déficient mental El Hafedh, c'est-à-dire en se rabaissant du haut de l’image forte qu’il donnait de lui face au monde arabe, islamique et africain entre 2009 et 2019.
Dans une vidéo où on le voyait marcher faire son jogging, on l’entend dire à un caméraman qui le suivait : « filme. Filme ces policiers qui nous filent. Au lieu de faire leur travail en allant sécuriser les quartiers pauvres, ils nous prennent en filature ». Et dans cette vidéo il avait ajouté : « Ce n’est pas un pays ».
C’est peut être vrai. Ce pays entre 2009 et 2019 n’était plus un pays, mais plutôt une bourse qui, depuis le palais présidentiel cotait tous les projets dont les retombées ont été retrouvées par les enquêteurs éparpillées partout entre les mains de receleurs qui travaillaient pour le compte de celui qui était en réalité plus le président d’une entreprise multinationale et internationale à raison lucrative qu’un chef de l’Etat à mission constitutionnelle.
En effet, tout le monde le sait, en dix ans Ould Abdel Aziz a complètement métamorphosé ce pays par ses caprices, les caprices d’un homme qui n’a jamais été capable de prouver qu’il était réellement un chef d’Etat mais qui plutôt par ses agissements était devenu malheureusement un homme qui s’était toujours illustré par une éphémère popularité qui l’avait transformé en un aliéné politique qui « s’implosait » volontairement et sans s’en rendre compte malheureusement.
Mohamed Chighali
Journaliste indépendant