Des partisans du président vénézuélien Nicolas Maduro ont séquestré pendant neuf heures des députés et des journalistes mercredi, après avoir violemment pénétré dans l'enceinte du parlement, unique institution du pays contrôlée par l'opposition, et fait sept blessés parmi les élus.
Munis de boucliers, policiers et soldats formaient un cordon à la sortie du parlement, dans le centre de Caracas, à la tombée de la nuit, afin de séparer les personnes libérées des manifestants, dont certains s'étaient repliés dans les rues voisines.
Ce +piquet+ avait commencé après qu'une centaine de manifestants favorables au président Nicolas Maduro ont fait violemment irruption dans le bâtiment, blessant sept députés et une dizaine d'employés de l'assemblée au passage, selon l'opposition.
Dans un premier tweet, Julio Borges, président du parlement où l'opposition est majoritaire depuis début 2016, avait estimé le bilan de cette "attaque" à cinq blessés parmi les députés.
Au total, cinq ont été hospitalisés, dont trois vus la tête en sang.
Quelques minutes avant cette évacuation par les forces de l'ordre, M. Borges, avait parlé de 350 personnes "séquestrées" au total, dont une centaine de journalistes et parmi eux un vidéaste de l'AFP, Carlos Reyes.
M. Borges a attribué cette opération à des "colectivos", des groupes de civils pro-gouvernement et, selon l'opposition, armés par l'exécutif.
- "Asservissement" du parlement -
Le président Nicolas Maduro, héritier du président Chavez, au pouvoir de 1999 à 2003, a nié toute implication : "Je condamne absolument ces faits. Je ne vais être complice d'aucune violence", a-t-il déclaré, affirmant avoir ordonné une enquête.
L'évacuation n'a pu avoir lieu qu'après plusieurs tentatives, les manifestants continuant à faire exploser des grenades assourdissantes: "La tension était grande, avec en plus la tombée de la nuit", a témoigné Carlos Reyes.
Dans un communiqué, le département d'Etat américain a dénoncé un "assaut inacceptable", estimant que cette "violence, perpétrée pendant la célébration de l'indépendance du Venezuela, est un assaut contre les principes démocratiques chéris par les hommes et les femmes qui se sont battus pour l'indépendance du Venezuela il y a aujourd'hui 206 ans".
De son côté, le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) a exprimé son "rejet le plus catégorique" d'une telle agression, parlant d'un "asservissement" du pouvoir législatif par l'exécutif: "Cela est inadmissible dans le cadre d'un fonctionnement démocratique", a insisté le communiqué du marché commun sud-américain.
Tout avait commencé dans la matinée mercredi par une cérémonie improvisée par le gouvernement, dans l'enceinte même du parlement, avant l'arrivée des députés. Un épisode qui avait suscité l'indignation de l'opposition.
Pendant que l'armée gardait le bâtiment, le vice-président Tareck El Aissami, accompagné du ministre de la Défense et chef des armées Vladimir Padrino Lopez et de militants chavistes, avait prononcé un discours de 15 minutes appelant "les exclus par le modèle capitaliste et par une classe politique apatride" (l'opposition), à réaffirmer leur engagement pour la révolution.
Après cette cérémonie, et après l'arrivée des députés, une centaine de personnes, certaines cagoulées, portant des bâtons et vêtues de rouge -la couleur du parti socialiste au pouvoir-, ont à leur tour fait irruption dans le parlement.
Certains étaient "armés, de pierres, de bâtons et de couteaux", selon le député Juan Guaido.
Au milieu de l'épaisse fumée dégagée par des pétards et des grenades assourdissantes, les partisans du gouvernement ont alors agressé des députés d'opposition, obligeant les reporters à arrêter de filmer et photographier puis à quitter les lieux.
- "Assassins, terroristes" -
"Assassins", "terroristes", "vous ne sortirez pas, vous allez devoir manger les tapis", hurlaient notamment les manifestants à destination des membres du parlement.
Parlant à des journalistes, Williams Davila, membre de la commission des relations extérieures du parlement, avait estimé auprès des journalistes présents que cet "assaut" était une "tentative de meurtre".
Cet incident est survenu alors que le Venezuela traverse sa pire crise économique et politique depuis des décennies et est secoué par une vague de manifestations qui a fait 91 morts en trois mois.
Le président Maduro, qui dénonce des projets visant à le renverser avec le soutien de Washington, a récemment lancé un projet d'assemblée Constituante, dont les membres seront élus le 30 juillet.
Selon le vice-président, changer la Constitution permettra d'"assurer définitivement l'indépendance" du Venezuela. Pour l'opposition, c'est une manoeuvre pour s'accrocher au pouvoir.
Même s'il bénéficie du soutien de l'armée, M. Maduro est sous pression, critiqué jusque dans son propre camp par la procureure générale Luisa Ortega, dont la Cour suprême pourrait bientôt prononcer la destitution.
Dans ce contexte tendu, un pilote d'hélicoptère accusé de tentative de coup d'Etat a appelé dans une nouvelle vidéo mercredi à poursuivre les manifestations contre le pouvoir.
Activement recherché, ce policier, Oscar Pérez, un drapeau vénézuélien déployé derrière lui, y affirme : "le moment de nous réveiller est venu (...) restons fermement mobilisés dans la rue".
(©AFP / 06 juillet 2017 03h34)
Munis de boucliers, policiers et soldats formaient un cordon à la sortie du parlement, dans le centre de Caracas, à la tombée de la nuit, afin de séparer les personnes libérées des manifestants, dont certains s'étaient repliés dans les rues voisines.
Ce +piquet+ avait commencé après qu'une centaine de manifestants favorables au président Nicolas Maduro ont fait violemment irruption dans le bâtiment, blessant sept députés et une dizaine d'employés de l'assemblée au passage, selon l'opposition.
Dans un premier tweet, Julio Borges, président du parlement où l'opposition est majoritaire depuis début 2016, avait estimé le bilan de cette "attaque" à cinq blessés parmi les députés.
Au total, cinq ont été hospitalisés, dont trois vus la tête en sang.
Quelques minutes avant cette évacuation par les forces de l'ordre, M. Borges, avait parlé de 350 personnes "séquestrées" au total, dont une centaine de journalistes et parmi eux un vidéaste de l'AFP, Carlos Reyes.
M. Borges a attribué cette opération à des "colectivos", des groupes de civils pro-gouvernement et, selon l'opposition, armés par l'exécutif.
- "Asservissement" du parlement -
Le président Nicolas Maduro, héritier du président Chavez, au pouvoir de 1999 à 2003, a nié toute implication : "Je condamne absolument ces faits. Je ne vais être complice d'aucune violence", a-t-il déclaré, affirmant avoir ordonné une enquête.
L'évacuation n'a pu avoir lieu qu'après plusieurs tentatives, les manifestants continuant à faire exploser des grenades assourdissantes: "La tension était grande, avec en plus la tombée de la nuit", a témoigné Carlos Reyes.
Dans un communiqué, le département d'Etat américain a dénoncé un "assaut inacceptable", estimant que cette "violence, perpétrée pendant la célébration de l'indépendance du Venezuela, est un assaut contre les principes démocratiques chéris par les hommes et les femmes qui se sont battus pour l'indépendance du Venezuela il y a aujourd'hui 206 ans".
De son côté, le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) a exprimé son "rejet le plus catégorique" d'une telle agression, parlant d'un "asservissement" du pouvoir législatif par l'exécutif: "Cela est inadmissible dans le cadre d'un fonctionnement démocratique", a insisté le communiqué du marché commun sud-américain.
Tout avait commencé dans la matinée mercredi par une cérémonie improvisée par le gouvernement, dans l'enceinte même du parlement, avant l'arrivée des députés. Un épisode qui avait suscité l'indignation de l'opposition.
Pendant que l'armée gardait le bâtiment, le vice-président Tareck El Aissami, accompagné du ministre de la Défense et chef des armées Vladimir Padrino Lopez et de militants chavistes, avait prononcé un discours de 15 minutes appelant "les exclus par le modèle capitaliste et par une classe politique apatride" (l'opposition), à réaffirmer leur engagement pour la révolution.
Après cette cérémonie, et après l'arrivée des députés, une centaine de personnes, certaines cagoulées, portant des bâtons et vêtues de rouge -la couleur du parti socialiste au pouvoir-, ont à leur tour fait irruption dans le parlement.
Certains étaient "armés, de pierres, de bâtons et de couteaux", selon le député Juan Guaido.
Au milieu de l'épaisse fumée dégagée par des pétards et des grenades assourdissantes, les partisans du gouvernement ont alors agressé des députés d'opposition, obligeant les reporters à arrêter de filmer et photographier puis à quitter les lieux.
- "Assassins, terroristes" -
"Assassins", "terroristes", "vous ne sortirez pas, vous allez devoir manger les tapis", hurlaient notamment les manifestants à destination des membres du parlement.
Parlant à des journalistes, Williams Davila, membre de la commission des relations extérieures du parlement, avait estimé auprès des journalistes présents que cet "assaut" était une "tentative de meurtre".
Cet incident est survenu alors que le Venezuela traverse sa pire crise économique et politique depuis des décennies et est secoué par une vague de manifestations qui a fait 91 morts en trois mois.
Le président Maduro, qui dénonce des projets visant à le renverser avec le soutien de Washington, a récemment lancé un projet d'assemblée Constituante, dont les membres seront élus le 30 juillet.
Selon le vice-président, changer la Constitution permettra d'"assurer définitivement l'indépendance" du Venezuela. Pour l'opposition, c'est une manoeuvre pour s'accrocher au pouvoir.
Même s'il bénéficie du soutien de l'armée, M. Maduro est sous pression, critiqué jusque dans son propre camp par la procureure générale Luisa Ortega, dont la Cour suprême pourrait bientôt prononcer la destitution.
Dans ce contexte tendu, un pilote d'hélicoptère accusé de tentative de coup d'Etat a appelé dans une nouvelle vidéo mercredi à poursuivre les manifestations contre le pouvoir.
Activement recherché, ce policier, Oscar Pérez, un drapeau vénézuélien déployé derrière lui, y affirme : "le moment de nous réveiller est venu (...) restons fermement mobilisés dans la rue".
(©AFP / 06 juillet 2017 03h34)