Améliorer la visibilité de ses actions auprès des populations et s’assurer leur large soutien, à une encablure d’élections générales anticipées, suivie par la présidentielle, serait l’objectif d’un changement dit imminent du gouvernement que devrait opérer le président Mohamed Ould Ghazouani.
A peine la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) installée et après le baptême du parti INSAF, qui a remplacé celui de l’UPR, objet de convoitises avec l’ancien président, que les observateurs et analystes politiques accordent au président Ghazouani la volonté de changer le gouvernement pour en installer un autre plus efficace et plus incisif en terme d’actions et de communications autour de son programme politique. Un changement salvateur dit-on à l’orée des élections générales anticipées qui pourraient tout aussi être déterminantes dans le choix du futur président. Ould Ghazouani serait, en effet, candidat à sa propre succession.
Un gouvernement qui navigue à vue !
Malgré la sympathie dont est créditée le premier Ministre, Mohamed Ould Bilal, l’appui, sans précédent des bailleurs de fonds, le gouvernement, remodelé à plusieurs reprises, semble continuer de naviguer à vue. Une réalité qui contrarie le désir de stabilité que le président Mohamed Ould Ghazouani voulait imprimer au gouvernement. Mais aujourd’hui il n’est pas du tout satisfait de l’exécution de son programme politique. Il n’aurait même plus beaucoup de choix. Le président, comme tous ses concitoyens, mesure l’ampleur du clivage entre les objectifs et l’action qu’il espérait donner à son programme politique et la réalisation dudit programme sur le terrain. Le président aura tout fait pour permettre au gouvernement de se ressaisir, sans résultats probants. Outre donc les blocages objectifs, depuis son installation à la tête de l’Etat, avec la succession de crises internationales, le président constate combien le gouvernement est sclérosé pour accompagner le rythme qu’il veut lui imprégner. Et cerise sur le gâteau, les révélations «forcées » de l’IGE quant à la gestion des deniers publics lors de ces trois années d’exercice de son premier mandat en ont surpris plus De 4 millions de mauritaniens y compris le président lui-même. L’ampleur des dégâts est telle que le président a hébergé sous son toit à la présidence l’IGE. Il a encore installé la commission de suivi et d’exécution des projets stratégiques. Il a imposé des rapports sur leur mise en œuvre et d’apporter des solutions en cas de leur blocage. De la matière et une plateforme extraordinaires pour la cellule de communication, triée à cet effet, pour donner une plus grande visibilité à l’action du président. Mais là non plus, rien de bien n’a été fait.
Le président rattrapé par le temps
Le président a besoin d’un gouvernement, qui ne gagne pas seulement aux élections mais aussi les cœurs de ses compatriotes. Durant ces trois années au pouvoir, Mohamed Ould Ghazouani n’a sans doute pas manqué de courage et de communion avec ses concitoyens. Mais il est crédité, au sein de l’opinion, d’un bilan mitigé. Or, sur le terrain son action et son bilan sont à la mesure de l’engagement du gouvernement. Aujourd’hui le président n’a plus le temps d’accorder des « circonstances atténuantes» à tout le monde. Il va lui falloir casser des œufs et se départir de certains reflexes qui ont jusqu’ici plombé son action. C’est à ce prix qu’il pourrait redresser le navire à l’orée d’élections générales cruciales dont les secousses risquent de se répercuter sur l’élection présidentielle qui pointe derrière elles.
Dans cette logique, et si les velléités de rattraper le temps sont réelles chez le président, mis à part quelques ministères de souveraineté ou départements sensibles, en raison d’échéances économiques importantes, tous les membres actuels du gouvernement devraient rendre leurs tabliers. Ils devraient céder leurs strapontins à d’autres hommes politiques d’une grande confiance et aguerris à la gestion et l’occupation du terrain électoral. De quoi faire nourrir d’espoir encore les mauritaniens en attendant le jour «J».
Le choix des hommes du président, en cette période pré-électorale, illumine déjà le statut qu’il pourrait leur conférer pour la prochaine élection présidentielle.
depeche.mr