Malgré la guerre contre la drogue aux Philippines, Reyjin, toxicomane accro à la méthamphétamine, trouve toujours ce qu'il lui faut, preuve vivante qu'une année de terreur n'a pas suffi à éradiquer ce trafic illégal.
Le président Rodrigo Duterte a remporté la présidentielle en 2016 en promettant de terrasser ce fléau en trois à six mois, et faire tuer à cette fin des milliers de délinquants présumés.
S'agissant du bilan des morts, la promesse a été tenue. Les défenseurs des droits estiment que M. Duterte est peut-être en train d'orchestrer un crime contre l'humanité alors que policiers et tueurs inconnus remplissent les bidonvilles de cadavres criblés de balles.
Mais au premier anniversaire de la présidence Duterte vendredi, le trafic de drogue existe toujours et les espoirs de victoire rapide ont été déçus.
"Je peux acheter quand je veux, sauf quand les policiers font des patrouilles la nuit", raconte Reyjin, qui a demandé à être présenté sous un pseudonyme pour des raisons de sécurité.
Ce père de trois enfants qui a abandonné le lycée et travaille à temps partiel comme ouvrier du bâtiment est accro à la méthamphétamine, appelée shabu dans l'archipel.
Pendant les trois premiers mois de la campagne de répression, raconte-t-il, les sources de shabu s'étaient un peu taries. Le prix avait doublé à 200 pesos la dose (3,5 euros).
Mais en octobre, le shabu inondait de nouveau le marché, quoique de qualité moindre. "Il est dilué, alors c'est plus dur pour planer".
- 'Ma femme a peur' -
Depuis lors, le prix de ce shabu inférieur est constant, à 150 pesos, dit-il.
Cette dernière année, des tueurs encagoulés ont abattu un trafiquant près de chez lui tandis que les corps de deux toxicomanes présumés ont été retrouvés dans le voisinage.
Cela n'a pas empêché certains habitants de se mettre à la drogue. Reyjin cite des adolescents de 15 ans qui gagnent leur vie en ramassant des bouteilles.
Les autorités ont dressé des listes de toxicomanes et de trafiquants supposés qu'elles ont remises à la police. Reyjin dit ne pas y figurer contrairement à bon nombre de ses amis.
Sa femme, sans emploi, n'en est pas moins terrorisée. "Elle a peur que je me fasse tuer, elle m'interdit de sortir la nuit".
Les opposants au président dénoncent les atteintes à l'Etat de droit et arguent aussi que la guerre contre la drogue est ingagnable.
"Nous ne pouvions remporter la guerre contre la drogue en tuant de petits délinquants et des toxicomanes", a écrit l'ancien président colombien Cesar Gaviria dans une tribune publiée par le New York Times. "J'espère que M. Duterte ne tombera pas dans le même piège".
L'intéressé, coutumier des tirades grossières contre toute personne critique, a réagi en qualifiant M. Gaviria d'"idiot".
D'après les données officielles, 3.116 suspects ont été tués par des policiers. Des meurtriers inconnus ont abattu 2.098 personnes soupçonnées d'avoir un rapport avec la drogue. Parallèlement, 8.200 personnes ont été tuées sans mobile connu, selon la police.
- 'Succès sans précédent' -
M. Duterte martèle que les policiers tuent en état de légitime défense. Mais il a également reconnu que la police était "corrompue jusqu'à la moelle".
Cet aveu a été passé en janvier lorsqu'il est apparu que des policiers des "stups" avaient enlevé un homme d'affaires sud-coréen pour extorquer une rançon à sa femme avant de l'assassiner.
Le président et son entourage soutiennent qu'ils sont en passe de remporter la guerre contre la drogue même si ce n'est pas aussi rapide qu'escompté.
Selon l'Agence philippine anti-drogue, le trafic a diminué d'environ un quart sur un an et les taux de criminalité ont reculé de 28%.
Plus de 82.000 dealers présumés ont été arrêtés et 1,3 million d'usagers se sont signalés auprès des autorités, ajoute l'Agence.
"Grâce à l'intensification de la campagne antidrogue, des succès sans précédent ont été recensés sur tous les fronts", a dit récemment son directeur général Isidro Lapena.
Les sondages montrent en tout cas que cette politique est appréciée par une large majorité de Philippins.
Fort de ce soutien, M. Duterte émet régulièrement des tirades incendiaires considérées comme les défenseurs des droits comme des incitations au meurtre. Il a par exemple dit qu'il serait "heureux de massacrer" trois millions de toxicomanes.
Maria Lusabia, dont le fils de 44 ans a été assassiné par des inconnus dans un bidonville de Manille, sait comme d'autres proches qu'elle n'obtiendra jamais justice.
"Personne ne veut nous dire qui l'a tué", dit-elle à l'AFP.
(©AFP / 29 juin 2017 13h15)
Le président Rodrigo Duterte a remporté la présidentielle en 2016 en promettant de terrasser ce fléau en trois à six mois, et faire tuer à cette fin des milliers de délinquants présumés.
S'agissant du bilan des morts, la promesse a été tenue. Les défenseurs des droits estiment que M. Duterte est peut-être en train d'orchestrer un crime contre l'humanité alors que policiers et tueurs inconnus remplissent les bidonvilles de cadavres criblés de balles.
Mais au premier anniversaire de la présidence Duterte vendredi, le trafic de drogue existe toujours et les espoirs de victoire rapide ont été déçus.
"Je peux acheter quand je veux, sauf quand les policiers font des patrouilles la nuit", raconte Reyjin, qui a demandé à être présenté sous un pseudonyme pour des raisons de sécurité.
Ce père de trois enfants qui a abandonné le lycée et travaille à temps partiel comme ouvrier du bâtiment est accro à la méthamphétamine, appelée shabu dans l'archipel.
Pendant les trois premiers mois de la campagne de répression, raconte-t-il, les sources de shabu s'étaient un peu taries. Le prix avait doublé à 200 pesos la dose (3,5 euros).
Mais en octobre, le shabu inondait de nouveau le marché, quoique de qualité moindre. "Il est dilué, alors c'est plus dur pour planer".
- 'Ma femme a peur' -
Depuis lors, le prix de ce shabu inférieur est constant, à 150 pesos, dit-il.
Cette dernière année, des tueurs encagoulés ont abattu un trafiquant près de chez lui tandis que les corps de deux toxicomanes présumés ont été retrouvés dans le voisinage.
Cela n'a pas empêché certains habitants de se mettre à la drogue. Reyjin cite des adolescents de 15 ans qui gagnent leur vie en ramassant des bouteilles.
Les autorités ont dressé des listes de toxicomanes et de trafiquants supposés qu'elles ont remises à la police. Reyjin dit ne pas y figurer contrairement à bon nombre de ses amis.
Sa femme, sans emploi, n'en est pas moins terrorisée. "Elle a peur que je me fasse tuer, elle m'interdit de sortir la nuit".
Les opposants au président dénoncent les atteintes à l'Etat de droit et arguent aussi que la guerre contre la drogue est ingagnable.
"Nous ne pouvions remporter la guerre contre la drogue en tuant de petits délinquants et des toxicomanes", a écrit l'ancien président colombien Cesar Gaviria dans une tribune publiée par le New York Times. "J'espère que M. Duterte ne tombera pas dans le même piège".
L'intéressé, coutumier des tirades grossières contre toute personne critique, a réagi en qualifiant M. Gaviria d'"idiot".
D'après les données officielles, 3.116 suspects ont été tués par des policiers. Des meurtriers inconnus ont abattu 2.098 personnes soupçonnées d'avoir un rapport avec la drogue. Parallèlement, 8.200 personnes ont été tuées sans mobile connu, selon la police.
- 'Succès sans précédent' -
M. Duterte martèle que les policiers tuent en état de légitime défense. Mais il a également reconnu que la police était "corrompue jusqu'à la moelle".
Cet aveu a été passé en janvier lorsqu'il est apparu que des policiers des "stups" avaient enlevé un homme d'affaires sud-coréen pour extorquer une rançon à sa femme avant de l'assassiner.
Le président et son entourage soutiennent qu'ils sont en passe de remporter la guerre contre la drogue même si ce n'est pas aussi rapide qu'escompté.
Selon l'Agence philippine anti-drogue, le trafic a diminué d'environ un quart sur un an et les taux de criminalité ont reculé de 28%.
Plus de 82.000 dealers présumés ont été arrêtés et 1,3 million d'usagers se sont signalés auprès des autorités, ajoute l'Agence.
"Grâce à l'intensification de la campagne antidrogue, des succès sans précédent ont été recensés sur tous les fronts", a dit récemment son directeur général Isidro Lapena.
Les sondages montrent en tout cas que cette politique est appréciée par une large majorité de Philippins.
Fort de ce soutien, M. Duterte émet régulièrement des tirades incendiaires considérées comme les défenseurs des droits comme des incitations au meurtre. Il a par exemple dit qu'il serait "heureux de massacrer" trois millions de toxicomanes.
Maria Lusabia, dont le fils de 44 ans a été assassiné par des inconnus dans un bidonville de Manille, sait comme d'autres proches qu'elle n'obtiendra jamais justice.
"Personne ne veut nous dire qui l'a tué", dit-elle à l'AFP.
(©AFP / 29 juin 2017 13h15)