Le ministre mauritanien de la Pêche et de l’Economie maritime, Nani Ould Chrougha, a implicitement retoqué la demande du Sénégal d’assouplir l’application d’une nouvelle législation. S’exprimant à la télévision publique en fin de semaine dernière, peu après une entrevue avec son homologue sénégalais Omar Gueye, Chrougha a affirmé que la nouvelle législation maritime sera mise en oeuvre « de manière rigoureuse ». Cette dernière exige, notamment, que le déchargement de tous les produits halieutiques pêchés dans les eaux mauritaniennes se fasse dans les ports du pays. La nouvelle législation oblige en outre que toutes les personnes travaillant à bord de bateaux de pêche en Mauritanie soient justement des nationaux; or, jusqu’à présent, presque tous les employés de la pêche artisanale sont sénégalais et ont été suspendus de leur poste depuis l’entrée en vigueur de la disposition.
400 autorisations non renouvelées
Nani Ould Chrougha a tenu à rappeler que cette stratégie devait être appliquée depuis janvier 2016 mais que les autorités du pays ont offert aux étrangers un délai d’adaptation de 13 mois. En 2015, la Mauritanie avait signé avec son voisin du sud un accord procurant à Dakar 400 autorisations de pêche artisanale dans ses eaux territoriales. Mais le gouvernement Premier ministre Yahya Ould Hademine n’a pas renouvelé ces licences pour 2017, avançant comme explication que les pêcheurs sénégalais n’acceptaient pas la nouvelle législation.
La tension est en tout cas palpable entre les deux pays sur ce dossier hautement stratégique pour leur économie respective. Fin janvier, trois pêcheurs sénégalais ont été blessés par des tirs de soldats mauritaniens relevant des garde-côtes, qui avaient surpris des Sénégalais pêcher illégalement dans la zone mauritanienne. Les analystes politiques expliquent pour leur part que ces tensions cristallisent la colère du président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a considéré comme belliqueuse la prise de position du Sénégal à l’encontre de l’ex-président gambien Yahya Jammeh, un allié de poids aujourd’hui exilé en Guinée équatoriale après avoir longtemps nié sa défaite aux dernières élections.
source maghreb-info.com