Pas question de laisser les bateaux secourant des migrants débarquer n'importe où en Europe: pour aider l'Italie face aux arrivées en Méditerranée, Paris et Berlin comptent mettre l'accent sur le tarissement des flux irréguliers, et créer un "code de conduite" des ONG.
Alors que Rome vient d'alerter sur l'"énorme pression" exercée sur ses côtes, les ministres de l'Intérieur italien, français et allemand ainsi que le commissaire européen aux migrations se sont retrouvés dimanche à Paris, pour arrêter un plan en six points.
La feuille de route est claire, dans ce plan qui sera soumis aux 28 Etats membres de l'UE lors d'une réunion informelle jeudi à Talinn: il faut "un soutien accru" à l'Italie, mais aussi "contribuer à endiguer le flux migratoire".
Et la première des mesures évoquées vise à "travailler à un code de conduite pour les ONG", qui devra être préparé par l'Italie, "afin d'améliorer la coordination avec les ONG opérant en Méditerranée centrale".
Faut-il voir là une condamnation des organisations non gouvernementales, récemment accusées de collusion avec les passeurs?
"L'idée est que les ONG doivent certes répondre à leur vocation de sauvetage en mer, mais ne pas alimenter elles mêmes ce flux incessant" en entrant dans les eaux territoriales libyennes pour aller au plus près des migrants, explique-t-on dans l'entourage du ministre français.
En ce qui concerne l'appel de Rome lancé la semaine dernière aux Européens pour qu'ils ouvrent leurs ports aux bateaux secourant les migrants, ce n'est "pas l'option la plus à même de répondre à la situation", souligne-t-on de même source, en rappelant que les ONG elles-mêmes jugent que cela rallongerait le temps en mer. Cela pourrait en outre être "contreproductif" en risquant de "créer un appel d'air supplémentaire", ajoute-t-on.
SOS Méditerranée, l'une des ONG qui portent secours aux migrants en mer, s'est "[étonnée] que la première réponse proposée par les responsables européens pour faire face à une crise humanitaire majeure, soit d’élaborer un +Code de Conduite+ pour les ONG", fustigeant dans un communiqué une "instrumentalisation (...) dans la continuité des polémiques précédemment développées en Italie".
- Politique de visas -
Dans ce plan, plusieurs pistes, pas nouvelles, sont donc évoquées.
D'abord "renforcer le soutien aux gardes-côtes libyens". L'idée inquiète les ONG, qui redoutent le sort réservé aux migrants interceptés et renvoyés en Libye. Anticipant ces critiques, le plan évoque une augmentation de la formation et l'apport d'un "appui financier additionnel, tout en assurant un suivi étroit des activités".
Il appelle aussi à "fournir un soutien additionnel" aux organismes présents sur place (OIM, HCR)... pour "permettre que les infrastructures en Libye atteignent les standards internationaux en termes de conditions de vie et de droits de l’Homme" -- un idée chère au ministre italien Marci Minitti, mais qui risque de demander un travail énorme tant les ONG font état de conditions épouvantables dans les centres de détention.
Le plan veut aussi examiner comment renforcer les contrôles à la frontière sud de la Libye "afin d'endiguer les flux migratoires irréguliers", et ce "en coordination étroite avec les pays voisins". Il s'agirait notamment d'apporter un soutien au Niger, où Agadez représente une plaque tournante du trafic d'êtres humains.
Toujours dans une logique de maîtrise, le plan appelle à "renforcer la stratégie de l'UE pour les retours": cela passe, côté logistique, par une pleine utilisation de Frontex (l'agence de protection des frontières) et, côté diplomatique, par une possible révision de la politique de visas "pour augmenter les taux de réadmissions lorsque c’est nécessaire". En filigrane, ce sont notamment des pays d'Afrique de l'ouest qui sont visés.
Enfin les signataires appellent à "accélérer le dispositif européen de relocalisation" (c'est-à-dire la répartition des réfugiés depuis l'Italie). Sur ce point, "la France et l'Allemagne se sont engagées à renforcer leurs efforts".
Cela pourrait signifier passer de 50 à 200 relocalisations par mois pour la France et de 500 à 750 pour l'Allemagne, indique-t-on dans l'entourage de Gérard Collomb.
Au 29 juin, 7.354 personnes avaient été relocalisées depuis l'Italie, dont 2.947 en Allemagne et 330 en France, selon la Commission européenne.
(©AFP / 03 juillet 2017 20h53)
Alors que Rome vient d'alerter sur l'"énorme pression" exercée sur ses côtes, les ministres de l'Intérieur italien, français et allemand ainsi que le commissaire européen aux migrations se sont retrouvés dimanche à Paris, pour arrêter un plan en six points.
La feuille de route est claire, dans ce plan qui sera soumis aux 28 Etats membres de l'UE lors d'une réunion informelle jeudi à Talinn: il faut "un soutien accru" à l'Italie, mais aussi "contribuer à endiguer le flux migratoire".
Et la première des mesures évoquées vise à "travailler à un code de conduite pour les ONG", qui devra être préparé par l'Italie, "afin d'améliorer la coordination avec les ONG opérant en Méditerranée centrale".
Faut-il voir là une condamnation des organisations non gouvernementales, récemment accusées de collusion avec les passeurs?
"L'idée est que les ONG doivent certes répondre à leur vocation de sauvetage en mer, mais ne pas alimenter elles mêmes ce flux incessant" en entrant dans les eaux territoriales libyennes pour aller au plus près des migrants, explique-t-on dans l'entourage du ministre français.
En ce qui concerne l'appel de Rome lancé la semaine dernière aux Européens pour qu'ils ouvrent leurs ports aux bateaux secourant les migrants, ce n'est "pas l'option la plus à même de répondre à la situation", souligne-t-on de même source, en rappelant que les ONG elles-mêmes jugent que cela rallongerait le temps en mer. Cela pourrait en outre être "contreproductif" en risquant de "créer un appel d'air supplémentaire", ajoute-t-on.
SOS Méditerranée, l'une des ONG qui portent secours aux migrants en mer, s'est "[étonnée] que la première réponse proposée par les responsables européens pour faire face à une crise humanitaire majeure, soit d’élaborer un +Code de Conduite+ pour les ONG", fustigeant dans un communiqué une "instrumentalisation (...) dans la continuité des polémiques précédemment développées en Italie".
- Politique de visas -
Dans ce plan, plusieurs pistes, pas nouvelles, sont donc évoquées.
D'abord "renforcer le soutien aux gardes-côtes libyens". L'idée inquiète les ONG, qui redoutent le sort réservé aux migrants interceptés et renvoyés en Libye. Anticipant ces critiques, le plan évoque une augmentation de la formation et l'apport d'un "appui financier additionnel, tout en assurant un suivi étroit des activités".
Il appelle aussi à "fournir un soutien additionnel" aux organismes présents sur place (OIM, HCR)... pour "permettre que les infrastructures en Libye atteignent les standards internationaux en termes de conditions de vie et de droits de l’Homme" -- un idée chère au ministre italien Marci Minitti, mais qui risque de demander un travail énorme tant les ONG font état de conditions épouvantables dans les centres de détention.
Le plan veut aussi examiner comment renforcer les contrôles à la frontière sud de la Libye "afin d'endiguer les flux migratoires irréguliers", et ce "en coordination étroite avec les pays voisins". Il s'agirait notamment d'apporter un soutien au Niger, où Agadez représente une plaque tournante du trafic d'êtres humains.
Toujours dans une logique de maîtrise, le plan appelle à "renforcer la stratégie de l'UE pour les retours": cela passe, côté logistique, par une pleine utilisation de Frontex (l'agence de protection des frontières) et, côté diplomatique, par une possible révision de la politique de visas "pour augmenter les taux de réadmissions lorsque c’est nécessaire". En filigrane, ce sont notamment des pays d'Afrique de l'ouest qui sont visés.
Enfin les signataires appellent à "accélérer le dispositif européen de relocalisation" (c'est-à-dire la répartition des réfugiés depuis l'Italie). Sur ce point, "la France et l'Allemagne se sont engagées à renforcer leurs efforts".
Cela pourrait signifier passer de 50 à 200 relocalisations par mois pour la France et de 500 à 750 pour l'Allemagne, indique-t-on dans l'entourage de Gérard Collomb.
Au 29 juin, 7.354 personnes avaient été relocalisées depuis l'Italie, dont 2.947 en Allemagne et 330 en France, selon la Commission européenne.
(©AFP / 03 juillet 2017 20h53)