Que s’est-il réellement passé à l’est de la Mauritanie? Le "rapt" de 4 Mauritaniens à la frontière entre le Mali et la Mauritanie continue de susciter moultes interrogations. Pourtant, les autorités des deux pays ne semblent pas décidées à éclaircir la situation.
Plusieurs sources concordantes ont annoncé en début de semaine «le rapt» à partir du territoire national (prés de 1400 kilomètres à l’Est de Nouakchott) de quatre citoyens mauritaniens par des éléments «issus» des forces armées de sécurité du Mali.
Ces individus circulaient à bord d’un véhicule dans les environs de NBeiguit Lahwech, l’une des circonscriptions départementales créées de toutes pièces ces dernières années par le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz, même si certaines sources parlent d’enlèvement par des groupes terroristes de mauritaniens à l’intérieur du Mali.
Suite à cet incident, des unités des forces armées et de sécurité ont été mises en alerte maximale dans la zone, soutiennent des sources mauritaniennes.
Le site mauritanien Al Akhbar, souvent bien informé, vient de donner une nouvelle version. Il y est expliqué que ce rapt fait suite au vol de deux camions de la société Alstom en charge de la construction de la route Léré-Tombouctou dans le nord du Mali. C’est suite à ce vol que des milices touaregs ont pisté un véhicule ayant été loué par les voleurs et qui les a mené jusqu’au domicile d’un Mauritanien à N’Beket Lehwach. D’où le rapt du propriétaire du véhicule, de ses enfants et d’une autre personne par les milices touaregs qui les ont remis à l’armée malienne à Goundam.
Dans tous les cas, le gouvernement mauritanien joue visiblement la carte de l’apaisement. Le gouvernement par l’intermédiaire d’un communiqué du ministère de l’Intérieur, rendu public mercredi soir, a démenti ces allégations «dénuées de toute vérité, et apporté des précisions pour éclairer l’opinion. Il ne s’agit ni de groupe armé, ni de rapt, et l’incident n’a pas eu pour théâtre le territoire mauritanien.
C’est une action menée par une patrouille de l’armée malienne en territoire malien, qui a visé 4 citoyens mauritaniens dans leur véhicule. Les autorités régionales sont en contact permanent avec leurs homologues du Mali au sujet de cette affaire».
Discours identique de la part du porte-parole du gouvernement, Mohamed Lemine Ould Cheikh, affirmant que les autorités mauritaniennes «suivent avec intérêt cette affaire», selon cridem.org.
Du côté de Bamako, aucune réaction officielle n’a été notée. Cependant, le ton monte dans la presse. Illustration avec ce titre d’un article à la Une du cite d’informations en ligne Mali Jet mis en ligne jeudi soir «Rififi à la frontière Mali/Mauritanie: 4 Mauritaniens arrêtés supposés se trouver en territoire malien,... Nouakchott parle d’incursion et mobilise son armée».
Cet organe précise qu’il s’agit d’individus armés circulant à bord d’un véhicule 4x4 dans une zone fréquentée par des groupuscules djihadistes et accuse Nouakchott «de jouer à la provocation».
Car l’usage «terme incursion» dans le jargon de la sécurité transfrontalière «rappelle aux Maliens que c’est bien la Mauritanie, qui en juin 2011, sous le prétexte de poursuivre les combattants d’AQMI, a tué des civils maliens non combattants, enlevé et expatrié de nombreux Maliens dans la zone de Nara (forêt du Wagadou)».
Bien avant ce nouvel incident, la presse malienne critique régulièrement l’attitude de la Mauritanie dans la gestion de la question de la lutte contre ce terrorisme. Ces attaques ont connu un pic à l’occasion du dernier sommet des chefs du G5 organisé à Bamako il y a une dizaine de jours.
Balayant ces soupçons d’un revers de la main, une source sécuritaire rappelle que c’est le Mali qui avait pris l’option abandonner une partie du nord de son territoire aux groupuscules terroristes avant que ces derniers ne décident d’en conquérir la totalité.
Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya
source le360afrique.com