C’est la question que se pose, très amère, la présidente du collectif des veuves des victimes des événements des années 89 -90, Madame Houleye Sall, rencontrée ce mercredi 15 mai, vers 13 dans sa maison sise près du marché de Sebkha. Une vieille bâtisse qui date des années 70 et qui souffre des intempéries du sel et des eaux de pluies. Pour ceux qui l'ignorent, Houleye Sall est la maman du lieutenant Sall Abdoulaye mort dans le mouroir d’Inal en novembre 90. Assise sur un tapis râpé, chapelet à la main, la présidente du collectif des veuves, environ 70 ans révolus, se dit indignée et enragée par l’attitude des cadres négro-africains partis rencontrer le candidat Ghazwani et parler du passif humanitaire. "Pourquoi, c’est seulement 30 ans, après les événements que ces gens se rappellent de ce dossier ? Pourquoi maintenant alors que nombre d’entre eux sont fortement impliqués dans ces événements et se sont tous cachés derrière leur petit doigt, au moment où nous réclamions, à cor et à cri, la lumière sur ce qui venait de se passer dans les casernes et que pour toute réponse, les forces de l’ordre nous arrosaient de gaz lacrymogène et nous molestaient ?" se demande mère Houleye.
"Pendant ce calvaire, ces messieurs nous traitaient comme des pestiférées, eux qui ont cautionné l’amnistie pour les bourreaux de nos enfants, de nos maris, de nos frères…Pourquoi maintenant", martèle-t-elle ? "Parce qu’ils cherchent une place au soleil ? Nous n’avons pas besoin de leur compassion maintenant, nous allons poursuivre le combat pour nos droits légitimes, à savoir le devoir de vérité, de mémoire, de justice et de réparation", précise déterminée, la présidente du collectif des veuves. Et d’ajouter : personne ne peut accorder un pardon de nos morts, à notre place, celui qui le fait en répondra devant Allah, il sera jugé au même titre que les bourreaux.
Et à l’adresse du général candidat, Mère Houleye adresse ce message : nous ne baisserons pas les bras tant que la lumière n’est pas faite sur ce qui s’est passé dans les casernes, tant que les bourreaux et leurs commanditaires ne sont pas identifiés et traduits devant les tribunaux. Et pour l’avenir de la Mauritanie, nous vous demandons d’accorder une attention particulière à ces femmes et enfants qui souffrent depuis plus de 30 parce qu’on leur refuse la justice. Nous osons espérer que vous n’adopterez pas cette politique de fuite en avant érigée en règle depuis des années.
source lecalame.info