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« Le mariage de Verida » : gavée comme une oie !

Jeudi 5 Septembre 2019 - 17:45

« Le mariage de Verida » : gavée comme une oie !
Verida vit en Mauritanie. Jeune et jolie sous son voile, elle vit encore chez ses parents mais travaille déjà comme esthéticienne dans un salon de beauté. Et mène la vie de toutes les jeunes filles d'aujourd'hui : inséparable de son portable, elle passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, tout comme ses deux copines, avec lesquelles elle traîne gaiement après le travail, écoute du R'n'B et va souvent danser en boîte.

La belle vie… qui ne va pas durer. Alors que ses deux amies préparent leur départ vers… la liberté (l'une, qui veut être mannequin, va s'envoler pour la France, l'autre, mariée très jeune et déjà divorcée, espère être admise dans une école de communication au Caire), Verida apprend que ses parents ont décidé de la marier. Le promis est riche, c'est tout ce qu'elle sait. Elle ne le connaît pas. Mais découvre qu'il exige le respect d‘une vieille tradition mauritanienne : il veut une épouse bien en chair.

La jeune promise, toute fine, ravissante, est alors soumise à une hallucinant gavage, au risque non évité de se rendre malade. Peu importe. Strictement surveillée par sa mère, et régulièrement pesée… par un jeune homme envoyé par son futur mari, elle doit entonner des litres de lait bien gras dès le réveil, et s'empiffrer de viande tout aussi grasse à chaque repas. Verida, déjà toute boursouflée, n'en peut plus, tente de tricher, sa mère, qui s'en aperçoit, la fait marabouter par une sorte de magicienne qui finit par avoir raison de sa rébellion. Satisfait, sans doute, le futur mari envoie sa dot. Une grosse malle, pleine de bijoux. Le mariage peut avoir lieu...

Cette histoire hallucinante, et atroce, n'est pas une oeuvre d'imagination : le gavage est toujours de mise dans certaines régions d'Afrique. La documentariste italienne Michela Occhipini l'a découvert lors d'un voyage en Mauritanie. Déjà intéressée par ces femmes - nombreuses ! - qui, partout d‘ailleurs dans le monde, veulent modeler leur corps en fonction de l'image que la société, croient-elles, leur impose, elle en fait le sujet de son premier long-métrage de fiction. Avec pour interprète une non-professionnelle, Verida, rencontrée à Nouakchott, formidable d'authenticité. Et pour cause : elle a elle-même vécu ce que raconte le film…

MON AVIS

Un premier film sans doute imparfait mais qui, à l'heure de l'émancipation de la femme, pose de façon originale la question à la fois des traditions et des diktats de la mode. Là, pour être jugée désirable, il faut prendre des kilos. Ici, c'est tout le contraire. Là comme ici, le régime est tout aussi pesant. Et, si l'on y réfléchit bien, absurde. Demande-t-on aux hommes de souffrir pour être beaux ? L'égalité des sexes passe aussi par la fin de la dictature du poids !

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