Ces derniers jours, notre microcosme politique est secoué par les démêlés entre l’Ufp et l’une de ses lionnes, Kadiata Malick Diallo à qui, visiblement et tous les signes l’attestent, ce vieux parti a indiqué clairement la porte de sortie.
Nous n’epiloguerons point sur les responsabilités de l’une et des autres, comme nous ne prendrons aucune position dans ce différend relevant plutôt d’une sauce interne, la crispation d’intérêt étant le propre de ces formations politiques avançant à rebours. Il est indéniable que Madame Kadiata Malick a quitté le navire Ufp en compagnie de thuriféraires, de laudateurs prêts à lui ouvrir une nouvelle trajectoire et nous comprenons que notre univers politique, à l’instar de son voisin sénégalais, supporte mal les mises à l’écart, prend promptement le parti des exclus rapidement vus comme des victimes et les installe sur un piédestal afin d’aller à la conquête des plus hautes charges.
Si nous admirons l’individu, la battante, la femme engagée…dans les fausses causes, nous ne pouvons passer sous silence son cheminement politique dévoué à la cause du Mnd d’abord et de l’Ufp, plus tard, qui naquit d’un douloureux enfantement.
Cet article, il faut le préciser illico, ambitionne de passer en revue le long chemin du “Mouvement national démocratique” pavoisé de compromissions, de délations, d’accointances avec le système et de reniements des principes originels claironnés dans leurs chartes fondatrices.
Dès l’entame des années 70, ceux qui était les kadihines, affichèrent des positions on ne peut plus surprenantes. Sans tergiverser outre mesure, ils prirent le parti de l’État et du système jugés porteurs de stabilité alors que le racisme commençait son oeuvre macabre d’élimination des noirs de Mauritanie. La théorie sulfureuse d’une majorité arabe porteuse de stabilité fut déclarée urbi et orbi entraînant le courroux des forces noires déterminées a livrer bataille au Mnd, plus motivé par la chasse aux prébendes que d’aider au solutionnement correct de contradictions réelles qui firent, à l’époque, tanguer le pays.
Docteur Sy Mouhamadou alias Pullo Gaynaako aborde cette période des années 1970 dans un article de première qualité intitule “Faut-il repondre a Gourmo Lo”. Il replonge le lecteur dans les sorties de feu Dr Murtudo Diop démontant, avec dextérité, les arguments vaseux du Mnd, structurés autour des contradictions principales et secondaires, dont les buts étaient nets : casser la dynamique salutaire des négro-africains jugés, pour l’anecdote, “nationalistes étroits” et fossoyeurs d’une unité nationale, à bien des titres, chimérique.
L’allégeance au système éclatera, une nouvelle fois, en 1978, lors des grèves contre la circulaire 02, initiées par les élèves négro-africains. Sans vergogne, les militants de ce mouvement vont jouer dans la délation en se posant comme “force-tampon entre chauvins arabes et noirs”. De cette posture, près des forces de l’ordre, les militants du Mnd offrirent plusieurs têtes, uniquement noires et vite embastillés à Akjoujt et dans d’autres localités.
La collaboration permanente entre le mouvement du Dr Mohamed ould Maouloud et le système raciste culminera en 1986, avec la publication par les Flam du “Manifeste du negro mauritanien opprimé”. Ce document, étayé par des statistiques incontestables, fit germer l’ire du Mnd obsédé par les adhésions massives de citoyens au projet avancé par les Flam.
En 1989, pour une vetille, à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, le système raciste, désormais piloté par le sinistre Ould Taya, fait dans la surenchère en expulsant d’authentiques mauritaniens de leur pays. Une fois encore, le rôle trouble des amis de Ould Maouloud a été noté. Leur apathie, leur silence coupable ont été relevés.
En plus, cette organisation a eu le toupet ou l’inspiration maléfique de parachuter des barbouzes dans les camps de réfugiés disséminés le long de la vallée. Pour quelles fins?Avec l’arrivee au pouvoir de Haidalla, le Mnd, plus déterminé que jamais, collabora avec le pouvoir en place, fit son entrée au gouvernement et posa les actes qui allaient ouvrir aux tristes événements de 1989.
La présumée tentative de coup d’État attribuée à des officiers noirs fut une autre occasion, pour le Mnd, de fortifier son alliance millénaire avec le système et tous les régimes qui en sont issus. A l’époque, leurs militants montèrent sur leurs grands chevaux, condamnèrent avec véhémence un simple projet supposé séditieux et, par leur invitation à l’exécution des trois lieutenants, envoyèrent ces derniers devant le peleton d’exécution.
Pour encore se positionner contre les “nationalistes étroits”, ils firent circuler leur article-torchon dans les couloirs de la prison civile de Nouakchott, comme pour dire aux dirigeants des Flam détenus et au prince disposant des leviers de commande que le Mnd restait constant sur ses bases : aider les pouvoirs successifs à endiguer le péril noir que des organisations politiques ont découvert dans leurs chimères. Ainsi, ce mouvement justifia son exigence d’une peine capitale par la certitude que les officiers, supposés être l’aile militaire des Flam, avaient agi de concert ou sur les ordres de leur chapelle politique. L’histoire apportera un cinglant démenti à leurs affabulations.
Boye Alassane Harouna, un proche des militaires incriminés, leva, dans son livre “J’étais à Oualata” ce soupçon et affirma que ses frères n’avaient aucun lien avec le moindre mouvement politique.Depuis, le Mnd, devenu Ufp par les exigences d’une démocratisation sélective, poursuit sa mission de rempart du système.
Déjà, en 1983, il donna son onction à l’ordonnance de Haidalla initiant le génocide agricole. Dans ce dossier, les camarades de Ould Maouloud inspirèrent, sur bien de points, le régime qui trouva en eux les alliés souhaités pour initier les expropriations, armes du génocide agricole. Pour illustrer leur constance dans le soutien aux coups fourrés des régimes, leur ancienne camarade, Kadjata Malick Diallo, bien que n’étant plus en odeur de sainteté auprès de la “douma” des sables, fit un travail intense de lobbying pour casser la dynamique des paysans de Ferralla.
Elle leur demanda de ne point impliquer la Banque Mondaile et, du coup, de régler le contentieux entre mauritaniens. Sa tentative de diversion se heurta, malheureusement pour elle, à la détermination de l’institution de Bretten Woods qui dépêcha sur les lieux des émissaires et, au terme d’un séjour à Koylal dans le département de M’Bagne et à Nouakchott, ceux-ci firent des recommandations fermes aux autorités, contraintes de desserrer leur étau sur des terres dont les propriétaires sont identifiés.
Il faut rappeler qu’ à cette occasion, la dame Kadjata Malick Diallo s’est singularisée pour son mépris des paysans de Koylal qui sollicitaient sa voix de député pour mieux vendre leur cause.L’option d’arabiser entièrement le pays n’a jamais fait frissonner les cheveux du Mnd-Ufp qui assiste, aboulique, au travail de destruction de la diversité culturelle mauritanienne. Plus grave, cette entité politique a fini de théoriser sur l’arabe, langue de ciment , langue d’une majorité arabe à prouver…
Dans le même élan du génocide culturel, l’Ufp et sa “pétroleuse” manoeuvrent depuis des mois pour obstruer la marche en avant de l’Organisation pour l’officialisation des langues nationales (OLAN) que Kadjata Malick Diallo congédia quand les défenseurs des langues sollicitèrent son implication dans leur juste lutte.
Ce parti et l’égérie sortie de ses flancs occupent le terrain et labourent le pays pour faire accepter une réforme de l’enseignement rétrograde visant à arabiser le pays.Ainsi donc, le Mnd-Ufp, dans une rare constance, travaille pour le système qui gère le pays, par l’entremise de régimes et de pouvoirs successifs aux mains des chauvins arabes.
Tout au long des soixante ans d’indépendance, ces ennemis de l’unite nationale ont posé, au fil des décennies, des actes politiques répréhensibles, ils ont initié des programmes, à première vue, “culturogènes”, avec l’onction et le silence coupable du Mnd-Ufp, venu souvent à la rescousse des chauvins arabes pour faire passer ou inspirer des lois racistes et liberticides.
De tout temps, ce parti a usé de subterfuges, de phraséologie empruntée au communisme, dans ses heures lugubres.
L’ avenir de la Mauritanie n’emballe pas trop ces proclamés patriotes oublieux de leurs textes et de leur “premier passé”. Tous comptes faits, et au regard de leur scabreuse évolution, l’Ufp-Mnd a inoculé dans le corps de la Mauritanie un cancer qu’il faudra, un jour ou l’autre, annihiler, si nous croyons, sincèrement, en un avenir commun
Cincinnati, le 8 Novembre 2022
Cherif Bah, Mo Gural Baaba Leñol
senalioune.info