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En Mauritanie, un désert de santé mentale

Mardi 31 Décembre 2024 - 12:06

Au-dessus du lit de Sidi, 22 ans, le mur a été tagué: "Le stress tue les neurones". Le jeune homme, diagnostiqué psychotique, occupe la chambre 13 du seul hôpital psychiatrique de Mauritanie, où les vingt lits disponibles pour tout le pays accueillent autant que possible les malades mentaux.

"Ce sont ses amis qui l'ont mis dans les problèmes. Ils lui ont mis dans la tête l'idée de partir (migrer aux États-Unis, NDLR), mais la banque a refusé de donner un prêt. Après cet épisode, il était triste et il a commencé à prendre des drogues", raconte son père, Mohamed Lemine, barbe blanche soigneusement taillée.


Ce retraité de l'armée a installé une natte dans la chambre de son fils malade, admis à l'hôpital depuis trois jours, pour s'y faire sentinelle.

Ne sachant plus quoi faire face à ses accès de violence psychotique, il a amené son fils au Centre des spécialités de Nouakchott, où se trouve le seul service de psychiatrie du pays.

Sidi y restera quelques jours: les hospitalisations, faute de place et de personnel disponibles, ne durent jamais très longtemps.

"On a besoin d'augmenter le nombre de lits. Beaucoup de patients viennent de loin et il n'y a pas de structure de psychiatrie en dehors de celle-ci", explique le Dr. Mohamed Lemine Abeidi.

Dans le large couloir de l'hôpital, où se font face les vingt chambres, les murs bleu cyan et blanc crème entourent un va-et-vient permanent : des mères amenant un plat à leur fils interné, un jeune homme venant visiter son frère, ou un oncle inquiet cherchant à calmer son neveu paranoïaque.
Des patients non violents circulent également. Toujours accompagnés d'un parent, ils saluent l'infirmier-major, blaguent avec le directeur de la sécurité, et racontent à qui veut l'entendre les affres du jour : un complot politique, un problème d'érection, une vision du diable...

"Presque la totalité des malades sont accompagnés par la famille, durant les consultations, et même dans l'hospitalisation", affirme le Pr. Abeidi, "une spécificité culturelle".

Devant la porte d'entrée du service, une dizaine de personnes attendent, assises sur les murets. Du thé, en train de chauffer sur un fourneau, atténue un peu l'odeur d'ammoniac qui embaume l'endroit.
Comme tous les praticiens mauritaniens, le jeune psychiatre a étudié à l'étranger faute de cursus spécialisé disponible dans le pays: il vient tout juste de revenir du Sénégal et ne voit pas le temps passer tant l'hôpital est surchargé.

En sortant de son bureau après la dernière consultation de la journée, Dr. Abeidi affirme en souriant:

Même si on est un peu limité, on voit qu'il y a tout de même une amélioration par rapport aux années 1970.


source yenisafak
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