Voilà où mène l’incompétence à force de nommer n’importe qui n’importe où. Le ministère de la culture est désormais dirigé par le porte-parole du gouvernement qui a soutenu les déclarations des ministres à propos de la nécessité de violer la constitution pour permettre au chef de l’état de s’autoriser un parjure et briguer autant de mandats qu’il le souhaite.
Jamais un porte-parole du gouvernement n’a eu l’air aussi arrogant avec un ridicule air martial comme s’il était le général en chef. Cela doit bien faire sourire les militaires de voir les civils et la presse avoir affaire à ce bonhomme.
Après ses déclarations anticonstitutionnelles qui engageaient le gouvernent et qui n’ont pas fait ciller le premier ministre comme si tout cela était une opération commando, le voilà qui censure une exposition inoffensive de l’artiste Khaled Moulaye Idriss au musée national sous prétexte que ce n’était pas l’endroit pour exposer des caricatures critiquant l’actualité du pouvoir. Rien de grotesque dans ces « caricatures », je ne sais si on doit les appeler des caricatures, il s’agit surtout de dessins d’humour politique montrant des scènes de la vie quotidienne face auxquelles le discours officiel semble bien loin des réalités.
Il n’a jamais été inquiété par aucun pouvoir ni même Aziz jusqu’à ce ministre de l’inculture. D’ailleurs ses caricatures ont été exposées partout même au centre culturel marocain à Nouakchott en 2014 sans que cela ne donne lieu au moindre incident diplomatique car ce serait ridicule.
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Si le ministre n’avait pas censuré cette exposition en faisant prendre en otages quelques œuvres, peut-être que seuls les amis de l’artiste auraient entendu parler de cette exposition car les temps sont durs pour les artistes comme pour tout le monde et les amateurs sont de moins en moins nombreux à se déplacer. C’est hélas fini la parenthèse dorée 2004-2007.
L’état subventionne la presse en général même d’opposition comment censurer un artiste qui ne fait rien de grossier sinon mettre en perspectives sa vision de l’actualité ? C’est lamentable.
Ce porte-parole est un homme dangereux comme tous ceux qui sont prêts à tout pour plaire au pouvoir. Quand les nations traversent des terribles turbulences, on retrouve ce genre de personnage là où le pire est permis. N’a-t-on pas vu la présidente de la Commission Nationale des Droits de l’Homme soutenir et motiver la peine de mort contre Ould Mkheitir ?
Passons.
Restons à Dak’art : une biennale organisée au Sénégal depuis 1989. Jamais un artiste mauritanien n’a été invité en « In » c’est-à-dire à l’exposition centrale. Jamais ! A qui la faute ? Il faut le demander à notre ministrion de la culture qui devrait aider les artistes mauritaniens à passer le cap des formalités car nous avons d’excellents artistes notamment les plus anciens mais ils ne sont pas tous en mesure de maîtriser le blabla nécessaire aux vernissages, aux média ni même à écrire correctement un texte de présentation. La communication est un autre métier.
Voyez Mokhis qui a formé quasiment tous les jeunes artistes qui brillent actuellement, il est connu de toute la république éduquée, il a peint pour les étrangers, pour les collectionneurs mauritaniens, pour la présidence, ses œuvres ont été offertes à des chefs d’état par la Mauritanie notamment la fondation Chirac. Est-ce normal que l’état mauritanien qui a des ambassades partout ne l’ait jamais aidé à exposer une seule fois n'importe où hors d’Afrique ni même à l'exposition centrale de la biennale Dak’art ?
C’est scandaleux.
Bilan depuis 1989, pas un seul artiste mauritanien invité depuis 26 ans à l’exposition centrale de Dak'art qui cette année accueille 66 artistes surtout de divers pays africains.
Cette année, on nous annonce en grande pompe que la Mauritanie expose à Dak’art mais où ? Eh bien en off c’est-à-dire à la marge de l’exposition centrale des artistes invités. Cela se passera au nouveau centre culturel mauritanien mais ce qui est amusant c’est qu’on trouve parmi les artistes que la Mauritanie expose, Mansour Kébé l’artiste sénégalais dont nous avions parlé l’autre jour quand il a été raflé par la police mauritanienne et reconduit à la frontière Rosso. Il a fallu qu’il retourne côté sénégalais pour revenir à Nouakchott où l’attendait sa femme mauritanienne et ses enfants.
Jusque-là ça va mais comment utiliser un coin d’une œuvre de cet artiste sénégalais comme affiche annonçant que la Mauritanie expose ses artistes ?
Tout cela n’est pas sérieux.