Comme chaque année, les veuves et orphelins des exécutions extra-judicaires dans les casernes, au cours des années 89/90 ont célébré, le 25 mars, journée nationale de réconciliation, décretée par le gouvernement d’Ould Abdel Aziz, après la prière aux morts de Kaédi. Et comme chaque année, les veuves et leurs orphelins ont arboré des foulards rouges et tenu un sit-in devant la présidence de la République, avec leurs banderoles, pour crier leur colère face à l’entêtement du pouvoir à refuser de faire la lumière, sur ce qui s’est réellement passé, entre 1990 et 91, dans les casernes militaires, c'est-à-dire les exécutions sommaires et autres exactions perpétrées sur les soldats, sous-officiers et officiers négro-africains des différents corps de l’armées et de la sécurité. ‘’Depuis des décennies, nous réclamons la vérité sur le sort réservé à nos époux, pères, frères et cousins, afin de pouvoir faire notre deuil, en vain’’, tonne une veuve qui brandissait une petite banderole. Les manifestants ont tenu à réitérer que «sans devoir de vérité et de justice », ils n’y aura ni pardon, ni réconciliation nationale. « Nous ne pouvons pas nous reconnaître dans cette réconciliation décidée entre quatre murs et sans notre consentement’’, renchérit une autre veuve, un foulard rouge vicié sur la tête.
Les veuves ont également profité de cette journée pour exiger l’abrogation de la loi d’amnistie votée par le parlement en 1993, sous le régime d’Ould Taya au cours duquel les exactions ont été perpétrées.
Signalons que cette journée de réconciliation nationale est toujours célébrée par les veuves, orphelins et autres ayants droit dans la division. Le collectif des victimes de la répression des victimes militaires (COVIRE) a enregistré sa scission après justement la prière de Kaédi et la répartition des aides octroyées par le président Mohamed Ould Abdel Aziz à qui la présidente du collectif des veuves Mme Houleye Sall a exprimé, le désarroi des veuves, orphelins et ayants droit. Selon la maman du lieutenant Sall Abdoulaye, exécuté dans le mouroir d’Inal, depuis 1990-91, les veuves, orphelins et ayants droit des victimes couraient derrière le dossier sans rencontrer le moindre interlocuteur, les portes leur étant fermées. La gestion contestée de cette aide du président a divisé le collectif entre ceux qui acceptent le pardon demandé à Kaédi par le président Aziz et ceux qui exigent : devoir de vérité, devoir de mémoire, devoir de justice et de réparation.
En réponse, Mohamed Ould Abdel Aziz reconnut, le 25 mars 2009, au nom de l’Etat, les exactions commises et demanda pardon toujours au nom de l’Etat avant d’octroyer aux intéressés des aides devenues sources de division du COVIRE qui peine à régler les nombreux problèmes de ses adhérents. Une division entretenue par le gouvernement qui envoie une petite délégation de bas niveau avec une petite enveloppe, à l’une des parties, lors de la commémoration de cette « journée nationale » qui, hélas, ne concerne que les veuves, orphelins et rescapés. Très peu de mauritaniens connaissent cette journée de réconciliation. Une réconciliation entre qui et qui ? Pour les veuves et orphelins, rescapés et ayants droit, personne ne peut pardonner à leur place ; mieux, ils exigent que le pouvoir situe les responsabilités et fasse traduire les bourreaux et leurs commanditaires devant les tribunaux. Pour cela, il faut abroger la loi d’amnistie les protégeant de puis 1993.
Dans la déclaration que les manifestants ont publiée à cette occasion, les veuves, orphelins et ayants droit réitèrent les doléances qu’elles ont voulu, en vain, remettre, il y a quelques jours au général Ghazwani, alors ministre de la défense et candidat à la prochaine présidentielle, lequel candidat a reconnu, lors de sa déclaration de candidature, les injustices contre certaines composantes du pays et a promis de les corriger. Wait and see !
source lecalame.info