En tant qu’ancien Président du Patronat de Mauritanie et PDG du Groupe Azizi, quel regard en perspective portez-vous par rapport aux opportunités d’investissement en Mauritanie dans le secteur gazier ainsi que dans la production de l’hydrogène vert.
J’ai un regard optimiste quant aux perspectives prometteuses pour la Mauritanie par rapport aux investissements dans ces deux secteurs énergétiques. D’un côté, la découverte et l’exploitation imminente du gaz chez nous dans un contexte de crise énergétique mondiale majeure est une chance que la Mauritanie va saisir pour asseoir les bases d’une politique d’industrialisation à même d’assurer le développement et la prospérité du pays. Et d’un autre côté, la tendance planétaire vers le développement des énergies renouvelables solaires et éoliennes ainsi que la production d’hydrogène vert sont une autre source d’optimiste. Car, la Mauritanie dispose de gisements solaires et éoliens intarissables qui attirent déjà des projets majeurs de production d’hydrogène vert. Mon optimisme est en outre renforcé par la vision stratégique de notre politique de développement mise en place par notre gouvernement et qui s’articule autour d’axes principaux tels que le renforcement des institutions publiques, la consolidation du climat des affaires, la promotion des investissements et le développement multisectoriel des chaines de valeur.
Pensez-vous que le secteur privé mauritanien est aujourd’hui
assez préparé pour saisir les opportunités multiformes qu’offre le développement des projets gaziers et d’hydrogène vert ?
D’abord, sachez que l’approche du partenariat public-privé est la voie aujourd’hui privilégiée en Mauritanie, ce qui instaure déjà un climat de dialogue serein entre les pouvoirs publics et le secteur privé. Le capital privé est non seulement mis à contribution mais il est encouragé avec de multiples mécanismes d’incitation à l’investissement.
Cependant, pour saisir pleinement les opportunités en lien avec les pro- jets gaziers, notre secteur privé s’est déjà engagé dans une dynamique de mise aux normes et de renforce- ment des capacités de notre capital humain afin de pouvoir répondre aux critères des standards internationaux en la matière. Nous savons que c’est la voie à prendre pour capter le maxi- mum des investissements internationaux dans ces projets tout en optimisant notre contribution en tant que « contenu local ».
Quant aux projets d’hydrogène vert, les opportunités pour notre secteur privé se manifesteront pour l’essentiel dans l’investissement et le développement des chaines de valeurs associées à ce type de projets : logis- tique spécialisée, fabrication et fourniture des composants et pièces de rechange, assemblage, montage et maintenance opérationnelle, etc.A savoir que c’est notre degré de préparation aujourd’hui qui est le gage de notre expertise de demain.
Avec le gaz découvert en Mauritanie et au Sénégal, comment percevez-vous ces opportunités pour les deux pays en termes d’industrialisation et de développement?
Autant pour la Mauritanie que pour le Sénégal, ces opportunités vont se traduire d’abord par la disponibilité d’une électricité propre et abordable
pour servir les projets de développe- ment industriel. Ainsi, se créera un tissu industriel assez viable pour attirer les investissements étrangers et du coup assurer un certain niveau de prospérité socioéconomique à travers la création d’emplois et la contribution au PIB des deux pays. Ensuite, la rente gazière servira à développer les autres secteurs productifs tels que l’agriculture et la pêche.
En outre, l’interconnexion régionale et les échanges transfrontaliers connaitront un essor substantiel à la faveur de ces deux facteurs : la production d’une électricité à moindre coût et le développement industriel.
Vous êtes Consul Général d’Italie en Mauritanie et à ce titre comment envisagez-vous la coopération bilatérale ainsi que les échanges commerciaux avec l’Europe dans le contexte de la crise énergétique mondiale actuelle?
La Mauritanie a toujours eu de très bonnes relations de partenariat avec l’Europe et, aujourd’hui plus que ja- mais, celles-ci se verront consolidées dans le contexte de la crise énergétique actuelle. Que ce soit avec l’Union Européenne en tant qu’entité ou avec les pays européens – en particulier l’Italie, la France, l’Allemagne et l’Espagne – nos relations continuent de se renforcer en matière d’échanges commerciaux, d’aide au développement et de coopération bilatérale.
Le monde tend vers une transition énergétique pleine d’incertitudes et de défis, quel rôle pensez-vous que l’Afrique pourra y jouer à l’échelle internationale?
D’abord, l’Afrique a encore besoin d’exploiter ses ressources énergétiques fossiles pour sortir de la précarité économique tout en considérant le développement du mix énergétique comme première étape vers une transition énergétique à terme. Cependant, l’agenda pour l’Afrique ne peut pas rejoindre celui des pays industrialisés qui déjà – pour la plu- part – prônent la limitation des investissements dans l’exploitation des combustibles fossiles.
Toutefois, le respect de l’Accord de Paris sur le Climat avec ses louables objectifs de neutralité carbone d’ici le milieu du siècle s’est vu confronté à un contexte géopolitique mondial – imprévu dans son ampleur – qui est venu bousculer plus d’un agenda. Néanmoins, l’Afrique est aujourd’hui au cœur de tous les enjeux géostratégiques internationaux ; de l’exploitation pétrolière et gazière à celle des ressources minières en passant par la production de l’hydrogène vert.
financialafrik