Le présidence mauritanienne a effectué ce mercredi 26 mai 2021 un remaniement ministériel caractérisé par la sortie de deux grandes figures du gouvernement numéro 1 de Mohamed Ould Bilal. En effet, les deux ministres Nadhirou Ould Hamed (Santé) et Sidi Ould Salem (Enseignement supérieur) paient les frais d'une grogne qui n'a que trop duré.
Nadhirou, la traversée du désert
Le ministre de la Santé sortant a été applaudi dès sa prise se poste en août 2020. Il est le ministre qui a incontestablement le plus réformé le secteur de la santé en Mauritanie. Il a assaini le milieu pharmaceutique en réglementant l'exportation des médicaments. Le Camec est l'unique fournisseur des médicaments. Plusieurs dépôts pharmaceutiques ont été fermés et leurs propriétaires sommés à verser à l'État des sommes colossales. Ce qui d'ailleurs n'a pas trop plu aux Islamistes qui ont vu leurs sources de financement s'amenuiser. Il s'est attelé à la réforme de l'organigramme du Ministère en accordant notamment des promotions aux plus méritants. Il a créé également une couverture sanitaire universelle (CSU). Il a cependant été critiqué dans sa gestion de la pandémie du Covid-19. Au départ, il n'a pas su gérer la coordination entre les différents services hospitaliers. Il a pourtant tapé sur la table pour que le pavillon des maladies ambulatoires soit livré et entièrement dédié aux traitements des cas graves de coronavirus. Il paie les frais de ses déclarations contradictoires sur l'invalidité supposée des tests PCR donnés par la Chine. Ould Hamed a été victime d'un très fort lobbying des caciques du secteur, dont la majorité dispose d'intérêts commerciaux dans les marchés pharmaceutiques et la vente de matériel médical.
Sidi Salem, "ennemi de ton ami"
Quelques fois confondu avec la décennie d'Abdel Aziz, ce ministre n'a visiblement pas intégré que "l'ennemi de ton ami est ton ennemi". En effet, lors de son interview avec RFI le 20 mai dernier, Sidi Salem, interrogé en tant que porte-parole du gouvernement, a soigneusement évité de critiquer Abdel Aziz. Serait-il encore loyal à l'ancien président ? En tout cas, il a pris des gants de velours, polissant son propos au moment où les anciens courtisans d'Abdel Aziz le vilipendent. Mais ce n'est pas tout. Sidi Salem sort du gouvernement le jour où la presse publie un scandale financier le concernant. Son département aurait dispersé 720 millions d'anciens oughiyas dans des comptes bancaires. L'affaire va certainement finir devant la justice, le ministre a porté plainte contre le média qui a révélé l'affaire. Son long bras de fer avec les étudiants est également à l'origine de son départ, bien que dans les hautes sphères de l'État des tractations auraient été engagées pour lui réserver un poste à l'étranger. Le syndicat l'Union des étudiants mauritaniens, proche des islamistes, lui a mené la guerre sur tous les fronts À cela, il faut ajouter son combat contre les faux diplômes au sein de l'Enseignement supérieur qui a gonflé à bloc ses détracteurs. Il quitte certainement sa fonction avec le sentiment d'avoir accompli beaucoup de choses même s'il laisse encore énormément de travail à la novice Amal mint Cheikh Abdallahi.
Les nouveaux... dites merci à la caution tribale
Tous les observateurs s'accordent à dire que les nouveaux ministres ne sont là que pour la caution tribale. Si Amal mint Cheikh Abdallahi est appelée, c'est parce que Nedhirou quitte le navire. Si Mocktar Ould Dahi est nommé porte-parole du gouvernement, c'est qu'un autre membre de sa tribu a été remercié. Pour maintenir l'équilibre tribal et régionaliste, El Ghazouani n'a pas fait un grand chamboulement, il a comme d'habitude préféré un saupoudrage. Sinon, tous les Mauritaniens savent qu'Amal aurait été une bonne conseillère à la présidence. En effet le milieu académique est rempli de chercheurs compétents capables d'opérer des réformes. Hassen Ould Boulkhreiss pivote d'un monde à un autre : des droits de l'homme à l'assainissement. Ould Zahav est bien à sa place, bien qu'il soit vu comme la caution haratine du remaniement.
La rédaction
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