ormation de jeunes en chantier-école, renforcement des capacités des entreprises et appui aux structures publiques. Tels sont les objectifs du PECOBAT, projet relevant du Bureau International du Travail (BIT) et financé par le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique de l’Union Européenne. Alors qu’à Nouakchott se poursuit depuis le 3 juillet 2017 l’Académie des Entreprises pour le renforcement des capacités des acteurs du bâtiment dans les techniques de construction en terre, Kaédi et Sélibaby ont entamé depuis le 6 juillet dernier la sélection des candidats en maçonnerie terre et en énergies renouvelables pour une formation qui va durer 7 mois à partir d’octobre 2017. Reportage réalisé par Cheikh Aïdara pour la Délégation de l'Union européenne en Mauritanie pour le projet PECOBAT.
Deux filières sont au choix et débouchent sur un diplôme national de certificat de compétences après 7 mois de formation. Aide maçon en terre et installateur de systèmes en énergies renouvelables.
Par deux, les jeunes sont accueillis par deux représentants de l’Agence nationale d’emploi des jeunes (ANAPEJ), qui les inscrivent dans leur base de données. Ensuite, les candidats passent au test de niveau devant les représentants du Ministère chargé de la Formation Professionnelle: lecture, écriture, arithmétique élémentaire.
Niveau requis, le fondamental. Mais la plupart des candidats ont atteint la terminale. Certains ont tenté deux à trois fois le bac, sans succès.
C’est le cas de Thierno Abdoulaye Ly, candidat à la maçonnerie. Deux échecs au baccalauréat. Pour lui, la maçonnerie, «est un métier très sollicité dans la région ».
Mohamed Moussa Bâ, trois fois le bac sans résultat et l’angoisse du chômage. «Avec cette formation, je compte acquérir des compétences et gagner ma vie».
Fatimetou Ly fait partie des nombreuses jeunes filles venues postuler pour la formation en énergies renouvelables. Comme toutes les candidates, elle pense que « la maçonnerie est un travail d’hommes ». Inscrite en 5ème D au Lycée de Kaédi, «le baccalauréat, selon elle, ce sera pour l’année prochaine».
Les autorités communales semblent aussi bien apprécier le projet. Mme Mama Khalifa Diakité, 1ère adjointe au Maire de Kaédi, a délaissé depuis deux jours son bureau pour assister à la sélection des candidats. Pour elle, «l’initiative lancée par le PECOBAT est appréciable, dans la mesure où elle permet de sauver des dizaines d’élèves en déperdition scolaire des affres du chômage et du désœuvrement, deux fléaux qui menacent la jeunesse».
Oumar Ndiaye est chef de service de la formation professionnelle. Il est venu superviser la sélection des candidats à la formation-emploi dans le cadre du partenariat qui lie le BIT à sa tutelle, le Ministère de l'Emploi, la Formation Professionnelle et les Technologies de l'Information et de la Communication. «Nous sommes là, à Kaédi, pour participer à la sélection de 50 jeunes dans les filières de la maçonnerie en terre et des énergies renouvelables ». Selon lui, «les jeunes formés, construiront une école à Dar-Essalam, dans le cadre d’un partenariat avec le Ministère de l’Education Nationale ».
Et l’ANAPEJ dans tout cela ? Salem Ould Babya, conseiller-emploi de l’agence, explique. «Nous permettons à la fois aux jeunes de s’inscrire dans notre base de données, ce qui leur permettra de bénéficier par la suite des opportunités d’emploi et de stage entreprise que nous offrons. Nous sommes aussi membres de la commission de sélection des candidats aux formations diplômantes du BIT».
En tant que structure d’accueil, le CFPP offre ses locaux et son expertise. Yahya Ould Sidi Yahya, Directeur du CFPP de Kaédi, brossant l’importance que l’Etat mauritanien accorde à la formation des jeunes, trouve que «l’idée de rapprocher les formations-emplois des populations est excellente ». Il dit apprécier l’expertise du BIT en matière de formation, soulignant qu’ensemble, «l’Etat et ses partenaires, le BIT et l’Union Européenne, conjugueront leurs efforts pour former des jeunes dans des métiers d’avenir compatibles avec leur environnement».
Pour Sidi Mohamed Ould Cheikh, Coordinateur du PECOBAT, «le projet va initier une formation qui ira de pair avec la construction en terre». Au total, 5 écoles vont être construites, dont deux cette année, à Dar-Esssalam, à 9 kilomètres de Kaédi, et à Sélibaby-aéroport. «Ces bâtiments seront construits par des jeunes issus de ces deux régions, après une formation de 7 mois à partir d’octobre 2017, avec l’encadrement de techniciens actuellement en formation à Kaédi mais aussi à Nouakchott dans le cadre de l’Académie des Entreprises, le tout sous la supervision des CFPP de Kaédi et de Sélibaby » a-t-il poursuivi, soulignant que «le démarrage des chantiers se fera en même temps que la formation proprement dite ». C’est dans ce cadre, dira-t-il en substance, qu’une commission de sélection, présidée par le Hakem et comprenant les directions techniques du ministère chargé de la formation professionnelle, l’ANAPEJ, les élus et la société civile, a été mise sur pied. A Kaédi, la commission a siégé du 6 au 8 juillet 2017 et devra poursuivre son chemin vers Sélibaby pour la même opération entre le 10 et le 12 juillet courant.
Ainsi, selon M. Beaumond, «avec le PECOBAT, ce n’est pas seulement de la formation qui est proposée mais aussi une intégration entre une formation professionnelle dans des centres publics et l’emploi pour l’initiative privée, à travers un partenariat avec des entreprises locales également formées par le BIT». Troisième volet du chantier-école, PECOBAT permet enfin de donner de l’emploi à des jeunes qui seront capables d’acquérir de l’expertise et de l’expérience pour monter leur propre entreprise du bâtiment, donc création d’emplois et de nouveaux marchés de construction en milieu local.
L’objectif final du PECOBAT est de fixer les jeunes dans leur terroir, d’où son financement par le Fonds fiduciaire. Il s’agit d’un fonds d’urgence en faveur de la stabilité et de la lutte contre la migration et l’insécurité, dans 23 pays du Sahel, du Lac Tchad, de la Corne de l'Afrique et de l'Afrique du Nord dont la Mauritanie, considérés comme les principaux couloirs de la migration. «De tels efforts passent par le développement local, étape importante pour créer un cercle vertueux pour les jeunes dont l’employabilité à un impact réel sur la croissance économique des pays » a conclu M. Beaumond.
Cheikh Aïdara, reporter pour la Délégation de l'Union européenne en Mauritanie pour le projet PECOBAT.
source ec.europa.eu