Mauritanie : la face cachée de la politique africaine de Nouakchott

Après la fuite de l'ex président gambien Yaya Jammeh en Guinée équatoriale ce sont les dégâts collatéraux de la médiation de Ould Aziz qui continuent de défrayer la chronique cette semaine à Nouakchott et dans les capitales voisines.

Les mauvaises relations qu'elle a entraîné surtout avec le Sénégal préoccupent l'opposition mauritanienne. Les observateurs qualifient la diplomatie africaine de Nouakchott de hasardeuse et de nébuleuse.Dans la capitale gambienne le médiateur mauritanien aurait privilégié la sauvegarde des biens mal acquis du dictateur gambien pour en tirer profit lui-même.Pour sa deuxième navette sur le sol gambien le président mauritanien entendait défier la CEDEAO pour sauver son ami.

Au delà du feuilleton « Affaire Tounkara » de la 2STV cette semaine qui défraie la chronique dans les 2 pays sur l'esclavage en Mauritanie c'est la fuite en avant même des présidents Macky Sall et Ould Aziz qui est pointée du doigt par les observateurs.Le président sénégalais face à la liberté de la presse et le président Ould Aziz à l'IRA qui gagne du terrain et de notoriété.Cette partie visible des relations froides depuis la gestion de la crise gambienne par la CEDEAO.Le Sénégal comme pièce maîtresse de l'intervention militaire.Et la Mauritanie non membre est intervenue à cause des liens d'amitié avec le président battu.Cette médiation de Ould Aziz est considérée comme un contre poids pour éviter l'humiliation du dictateur.Mais derrière ce vœu pieux se cachent en effet d'autres ambitions mauritaniennes.

En venant deux fois à Banjul pour rencontrer le perdant Yaya Jammey le chef de l'Etat mauritanien entendait d'abord sauvegarder ses biens mal acquis.C'est en tout cas ce que laisse entendre un journal américain qui révèle que 22 véhicules de luxes auraient été offerts à Ould Aziz. Ce qui n'est pas en contradiction avec d'autres révélations d'Interpol qui indexe un réseau de trafic de véhicules de luxe à Nouakchott.Ce n'est un secret pour personne Nouakchott a toujours autorisé la circulation en Mauritanie de véhicules immatriculés gambiens.La deuxième motivation du locataire du palais de Nouakchott c'est de rétablir son image écornée par l'opposition mauritanienne et la presse comme un président belliqueux avec ses voisins.Le Sénégal , le Mali et le Maroc illustrent bien une politique fondée sur l'esprit de vengeance ou protection d'intérêts personnels.

Une politique africaine souvent hasardeuse pouvant entraîner de lourdes conséquences à commencer par la montée de l'extrêmisme arabe et des tensions entre les différentes capitales concernées.Chacune à des moments bien définis observant Nouakchott dans l'attente d'un affrontement comme c'est le cas aujourd'hui avec le Sénégal et le Maroc.Heureusement que cette humeur belliqueuse est presque toujours réglée par les autres parties par des solutions diplomatiques. C'est cette sagesse que l'opposition mauritanienne met en avant cette semaine pour tirer la sonnette d'alarme sur les mauvaises relations de la Mauritanie avec ses Etats voisins.Le feuilleton sur l'esclavage en Mauritanie par la 2STV est loin de se terminer malgré un rappel à l'ordre des autorités de Dakar.La liberté de la presse est un droit fondamental au Sénégal et les journalistes ne feront pas de cadeau à personne même si on président de la Mauritanie .