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M Mohamed Salem Merzoug, ministre des Affaires Etrangères et des Mauritaniens de l’étranger dans une interview exclusive:‘’Durant le mandat du président Ghazouani, l’Afrique a retrouvé l’initiative en tant qu’acteur privilégié de la géopolitique mond

Vendredi 28 Février 2025 - 13:19

Le Calame : Le président de la République vient d’achever un mandat à la tête de l’Union Africaine. Quel sentiment éprouve le chef de la diplomatie mauritanienne que vous êtes ?

Mohamed Salem Ould Merzoug: Un triple sentiment. D’abord, de fierté pour le succès éclatant du mandat du président de la République à la tête de l’Union Africaine. Ensuite, de gratitude aux Chefs d’Etat de l’Afrique du Nord, et à travers eux, à tous les leaders africains, pour leur confiance et leur soutien tout au long de notre présidence. Enfin, de satisfaction pour le travail accompli au service de l’Afrique, avec engagement.
 

J’ai toujours pensé que le choix porté sur notre président n’est pas dû qu’au hasard d’une rotation. Il s’agit, de mon point de vue, d’une reconnaissance par ses pairs de sa stature d’homme d’Etat sage et doté d’une réelle aptitude au consensus, toutes qualités dont l’Union Africaine avait besoin dans un contexte bardé d’incertitudes et de turbulences.
 

Sous son leadership reconnu de tous, notre union a franchi des pas importants dans le respect de son ordonnancement juridique, de ses choix stratégiques et programmatiques déclinés dans l’Agenda 2063 et l’harmonie institutionnelle. Il s’agit d’un exemple à suivre pour l’avenir car c’est une combinatoire pas facile à bâtir. Cela requiert une bonne compréhension des textes qui régissent le système global de l’Union Africaine.
 

Par ailleurs, ce mandat aura également permis à notre pays de renforcer ses relations bilatérales avec de nombreux pays africains, consolidant ainsi notre position en tant qu’acteur majeur sur la scène continentale. Je suis convaincu que les efforts consentis durant cette période continueront de porter leurs fruits un peu partout en Afrique.

 

En tant que ministre des Affaires étrangères et des Mauritaniens de l’étranger, vous avez eu à accompagner le président de la République, président de l’UA à travers le Continent et en dehors de l’Afrique. Quels sont été les grands moments et dossiers qui ont marqué ces douze mois à la tête de l’organisation continentale ?
 

J'ai eu l’insigne honneur et l’immense privilège d'accompagner le président de la République dans son rôle de président de l'Union Africaine (UA) pendant douze mois intenses et riches en réalisations. Je dois avouer que l’exercice de cette responsabilité n’a pas été de tout repos pour le président de la République qui, en dépit de ses charges nationales de début de mandat, a mis l’Afrique au centre de son action. Le Président de l’UA a été de tous les rendez-vous mondiaux.
 

Aujourd’hui, c’est avec fierté que nous pouvons dire que l’Afrique a retrouvé l’initiative en tant qu’acteur privilégié de la géopolitique mondiale. Que ce soit du haut de la tribune des Nations-Unies à New York, au G20 de Rio de Janeiro, à Pékin, à Séoul, à Bali, à Genève, à Bakou, à Hambourg, à Paris, il ne s’est pas agi de plaider la cause de l’Afrique mais de partager la vision de tout un continent devenu le symbole de la résilience face aux chocs exogènes multiformes 
 

Au-delà de la réforme institutionnelle, un moment clef, fondateur pour notre présidence, il faut retenir des marqueurs décisifs de la présidence mauritanienne, j’en retiendrais principalement trois. D’abord les nouveautés, à savoir le sommet du G20 de Rio de Janeiro où désormais l’Afrique siège en tant membre à part entière et le sommet Corée-Afrique qui a débouché sur une majoration sensible des fonds coréens orientés vers l’aide publique au développement en Afrique, de 5,5 milliards de dollars à 10 milliards de dollars. Une manne financière à laquelle s’ajoute le financement à l’exportation pour soutenir les entreprises qui investissent dans le continent, pour une enveloppe de 14 milliards de dollars à l’horizon 2030. On pourra y ajouter le sommet de Nairobi pour mobiliser le soutien au 21ème cycle de financement de l’Agence internationale de développement (IDA) sur la période 2025-2028, visant une augmentation significative des ressources de l’IDA de plus de 100 milliards de dollars dont 30 milliards de dollars mobilisables par les pays donateurs.
 

Ensuite la Conférence continentale sur l’éducation, la jeunesse et l’employabilité tenue à Nouakchott, le 10 décembre 2024, sous le thème « Éduquer et qualifier l’Afrique pour le 21e siècle : Construire des systèmes éducatifs résilients pour accroître l’accès à une éducation inclusive, continue, de qualité et pertinente en Afrique » Cette conférence a tracé les sillons d’une transformation qualitative de systèmes éducatifs pour asseoir une plus grande autonomisation des jeunes et des femmes, et jeter les bases d’un nouveau paradigme africain afin de faire face aux mutations ultra-rapides du monde.
 

Enfin l’ébauche d’une doctrine panafricaine fondée sur la création des conditions d’une parfaite maitrise des agendas relatifs à l’état de l’intégration en Afrique, d’une division du travail entre la commission de l’union africaine et les communautés économiques régionales. Cette approche de proximité vise à amener des partenaires politiques, techniques et financiers de l’Afrique à adhérer pleinement à la mobilisation des ressources nécessaires à l’exécution du 2ème plan décennal de l’Agenda 2063. A titre d’illustration, la Commission de l’Union africaine, la Banque africaine de développement et la Commission des Nations unies pour l’Afrique devront pleinement jouer leurs rôles respectifs dans cette dynamique continentale qui doit nécessairement prendre en considération l’intérêt collectif de nos pays. C’est dans cette optique qu’il faut inscrire le suivi-évaluation dans l’exécution des programmes d’intégration à travers l’indice d’intégration régionale synthétique considéré comme « un exercice de mesure et une invitation à l’action ».

 

Le président de la République a passé le témoin au président angolais, le 17 février. Quelle impression il a laissée à ses pairs ? Quelle place occupe désormais la diplomatie mauritanienne au niveau du Continent et au sein du monde arabe et l’occident ?

Le président Ghazouani a été salué pour son leadership dynamique et proactif, pour sa sagesse et sa capacité à trouver des consensus dans un contexte parfois difficile. Son engagement pour la paix, la sécurité et le développement socio-économique du continent a été particulièrement apprécié. Tout au long du sommet, les témoignages de ses pairs, de la commission et des partenaires auront été édifiants.
 

Sous sa présidence, l’UA a renforcé sa présence sur la scène internationale, notamment par son admission en tant que membre permanent du G20 en novembre 2024, reflétant la reconnaissance du poids croissant de l’Afrique dans les affaires mondiales. De plus, son rôle de médiateur dans des crises régionales, comme celles en Libye et au Soudan, a démontré sa capacité à promouvoir des solutions pacifiques aux conflits. Ces actions ont consolidé sa réputation de leader engagé et efficace, laissant une impression positive et durable auprès de ses homologues africains.
 

La présidence de l’Union africaine par le président Ghazouani a largement rehaussé le profil de la diplomatie mauritanienne sur le continent africain et au-delà. La Mauritanie est désormais perçue comme un acteur clé dans la promotion de la paix et de la sécurité en Afrique, jouant un rôle central dans la médiation de conflits et le renforcement de la coopération régionale. Sur la scène internationale, notamment au sein du monde arabe et en Occident, la Mauritanie a renforcé ses relations bilatérales et multilatérales, s’affirmant comme un partenaire fiable et engagé dans les discussions globales sur des enjeux tels que le développement durable, la lutte contre le terrorisme et le changement climatique. Cette dynamique diplomatique accrue témoigne de la volonté de la Mauritanie de contribuer activement aux efforts collectifs pour un avenir prospère et pacifique, tant au niveau continental qu’international.

 

                              Propos recueillis par Ahmed Ould Cheikh
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