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L’eldorado saoudien, un enfer pour des domestiques mauritaniennes

Samedi 29 Avril 2017 - 19:09

En août 2015 la Mauritanie découvre effarée la condition déplorable de ses ressortissantes : des bonnes en général ayant cédé aux chants des sirènes du royaume wahhabite. De celles revenues déçues de l’Arabie Saoudite il y a Khadija Demba, 29 ans, partie au Royaume par l’entremise de sociétés de placement qui officient au grand jour à Nouakchott, la capitale mauritanienne.


Plus que jamais traumatisée de son séjour ancillaires khadija nous conte ses heurs et malheurs ou surtout ses déboires car à l’enchantement de pouvoir sortir sa famille de la misère s’est succédé une panoplie de malheurs qui lui auront volé ses rêves de millionnaire révélant du coup la condition des personnels de  maison en l’Arabie Saoudite.


« Je fus cueillie à l’aéroport par des jeunes se faisant passé pour les envoyés de mon  Kafil –tuteur-  ils m’ont conduite dans une maison et ont tenté de me violer en vain. Ils m’ont brûlé le corps et m’ont fait une injection. J’ai perdu conscience», témoigne Khadija dont les cicatrices sont encore visibles comme le montre cette image de son épaule.

 

Mais aux dires de son amie Salka qui l’assistait à l’hôpital ce sont des sévices innommables qu’elle aura subis. Partie avec un contrat de 2ans le séjour de Khadija n’excédera pas 15 jours. Nous l’avons rencontrée à Teyarett, un quartier de la périphérie de Nouakchott où elle vie avec ses parents dans une maison inachevée.

 

Selon Aminétou Mint El Moktar présidente de l’Association des Femmes Chefs  de Famille (AFCF)  elles seraient 1250 domestiques mauritaniennes dans le royaume. La majorité de celles-ci Harratine (descendantes d’esclaves) pauvres et analphabètes.

 

Des domestiques aux difficiles conditions de travail

 

 

Le cas de khadija est loin d’être anecdotique : une dizaine de domestiques mauritaniennes on dû fuir « l’eldorado » saoudien. Les mésaventures qu’elles nous racontent sont à la limite de la légalité. Comme cette fois ou la police arrêta Mah Mint Salek pour désobéissance à son Kafil  ce dernier « me sommait de nettoyer un dépôt infesté d’araignées »  ou bien quand une autre domestique, Gamou Mint Achour, accuse la police saoudienne de l’avoir forcée à signer  un document et de renoncer à ses droits contre un billet retour ce qu’elle acceptera «sous l’injonction de l’ambassadeMauritanienne » sur place.

 

 

En septembre 2015, des manifestants avaient ciblé  l’Ambassade d’Arabie saoudite, le Ministère des Affaires étrangères, le Commissariat de la Police Centrale, dénonçant les traitements « inhumains » dont seraient victimes  leurs concitoyennes. (Cet extrait tiré des réseaux sociaux appelle au secours des femmes harratines en Arabie saoudite).

 

A lire: Manifestation devant l’ambassade d’Arabie Saoudite à Nouakchott

 

Au cours de ces manifestations, Maloume Obeck, président de l’ «Initiative Populaire pour la lutte contre les violations des Droits des femmes harratines employées en Arabie saoudite», une initiative ad hoc, dit ne plus soutenir de tels traitements « trop c’est trop ! Il faut que cela cesse et que les responsables de ce trafic ignominieux soient poursuivis».

 

Trafic entre les mains de bureaux de placement

 

Ceux-là accusés d’organiser ce trafic sont les chefs de bureaux de placement connus dans la capitale mauritanienne. Ils font signer un contrat de travail aux domestiques  devant notaire. Jusque là  rien d’illégal. Mais la concernée doit signer un second document intitulé « Engagement » qui délie le bureau de placement de toute responsabilité juridique et non juridique, étant « simple intermédiaire».

 



Devant de telles  pratiques  Samory Ould Bey, secrétaire général de la CLTM, accuse, lui l’Etat mauritanien de rester mou face à ce qu’il appelle la" déportation de femmes harratines".

 

La CLTM a porté plainte contre l’Etat mauritanien auprès du BIT (Bureau International du Travail).  Une mission de la Confédération Syndicale Internationale a été dépêchée à Nouakchott, le 27 septembre 2015 au premier octobre.

 

Pour faire bonne figure, la police mauritanienne arrête le 19 octobre 2015, pour la première fois,  quatre domestiques qui partaient en Arabie saoudite par le Maroc. « Aujourd’hui, les trafiquants évitent l’aéroport de Nouakchott. Désormais, ils font passer les domestiques par le Sénégal ou le Maroc », selon Aminettou Mint El-Mokhtar.

 

Trois bureaux de placement ont été fermés, nous a confirmé le commissaire de police, Mohamed Ould Hady. Il s’agit de JobsRim  de Sidi Mohamed Ould Baba, d’ADMIR D’El-Hadrami Ould Bousbe et un troisième qui appartient à Khalil Ould Abdallah. Il y a aussi la célèbre Mariam Mint Namou. Surnommée « Mariam Saoudya»,  qui recrutait sur la place publique en plein jour. Elle a refusé de nous rencontrer.                                                                                

Depuis quatre mois,  ces personnes font toutefois l’objet de plainte devant la Chambre Administrative près la Cour Suprême de Nouakchott.

 

Tout le monde nie sa responsabilité

 

Pour les autorités compétentes, les bureaux de placement n’enfreignent pas les règles relatives à leur action. Alors pourquoi donc un second contrat qu’ils font signer aux domestiques pour se dédouaner de tous futurs embarras ?

 

Quant au  directeur de la Fonction publique  «cette affaire n’est pas un conflit de travail».  Le chef de la Direction des Mauritaniens de l’étranger et des Affaires consulaires» au Ministère des Affaires étrangères, Ahmed Ould Haki, a refusé d'évoquer avec nous l'affaire des domestiques «sans autorisation».

 

Cet extrait tiré des réseaux sociaux accuse le président mauritanien de "courtier" et s'interroge sur combien "a-t-il perçu" dans le trafic de femmes harratines .

 

Côté saoudien, on nie toute responsabilité. Un diplomate du Royaume, qui garde l’anonymat, accuse des « courtiers mauritaniens » et des « particuliers saoudiens de profiter d’un vide juridique » pour organiser ce business. Mais, il affirme que l’Arabie saoudite et la Mauritanie « signeront une convention relative à la main d’œuvre.».

 

Des accords sur la main d’œuvre  existent  déjà entre la Mauritanie et le Qatar depuis août 2015. Ailleurs en Afrique il y a des accords sur le sujet entre  l’Arabie saoudite, Djibouti (juin 2014)  et  le Niger (août 2015).

 


En attendant, Nouakchott a autorisé l’ouverture d’un bureau de recrutement saoudien «Société saoudienne pour le stage et l’emploi». Mais ce bureau, très peu fréquenté, est loin de concurrencer les bureaux clandestins qui ont pignon sur rue.  

 

Quant aux domestiques revenues au bercail, elles doivent compter sur le seul soutien financier  (1.300 Euros) de l’OIM, Organisation Internationale pour la Migration, pour refaire leur vie…

par mohamed diop

source alakhbar.info

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