C'est un des plus anciens clubs de France avec près de 350 membres pratiquants l'avion, le vol à voile, l'ULM et l'aéromodélisme sur les sites de Malzéville et de l'aéropole du Grand-Nancy-Tomblaine. Pour pouvoir voir plus grand, la section avion prend son envol et devient Les Ailes Nancéiennes. Rencontre avec ces passionnés d'aviation.
Derrière les grandes baies vitrées du restaurant Les Têtes Brûlées un petit monomoteur vient de se poser en douceur sur la piste. A deux pas de là dans le grand hangar de l'Aéroclub de l'Est Denis a les mains dans le moteur. Depuis 2004, il s'est lancé dans l'incroyable défi de construire son propre avion. Un Jodel D113 qu'il fabrique patiemment sur plan. Son petit monomoteur devrait bientôt prendre l'air. « Mon héros c'est Buck Danny, j'ai dévoré toutes ses aventures en BD. Alors mon avion je vais sans doute le baptiser Buck Denis », dit-il en souriant.
La section avion de l'Aéro Club de l'Est qui compte 180 accros est avant tout une histoire de passion. A l'image d'Alain Lemarié qui revient d'un périple en Afrique de l'Ouest à bord de son DR 253, un beau monoplan à ailes basses pouvant atteindre près de 280 km/h. Cet ancien professeur vétérinaire à Poincaré décroche son brevet de pilote en 1998 sur le site d'Essey-lès-Nancy. « Gamin j'étais berger sur les alpages et ma maison surplombe la ville. J'ai toujours eu besoin d'échappée visuelle, de voir d'en haut », dit-il. La retraite ayant sonné, l'envie de voyages toujours aussi présente, Alain Lemarié décide de se lancer. Le 23 septembre dernier il décolle de Nancy, fait une escale à Epinal Dogneville pour embarquer son ami Philippe Ripplinger, pilote lui aussi, et le voilà parti direction l'Afrique de l'Ouest.
Dans la chambre d'hôtel de Mermoz
Après une escale à Murcia au sud-est de l'Espagne pour les formalités douanières nécessaires l'équipage atterri à Essaouira. Puis Laayoune avant la prochaine étape la Mauritanie. « Là, les Mauritaniens tergiversent et ne nous autorisent à nous poser que contre une taxe de 950 dollars. Nous décidons donc d'annuler notre escale en Mauritanie. Il nous faut tout de même une autorisation de survol du pays. Nous l'avons obtenue grâce à l'intervention d'un marabout et une taxe de 200 € », raconte M. Lemarié.
Dans son carnet de voyages, il a consigné de beaux souvenirs comme cette escale à Saint-Louis-du-Sénégal et une nuit passée à l’hôtel de la Poste dans la chambre occupée par Mermoz ! Sous les ailes de son monomoteur défilent l'Afrique Verte puis les déserts avant l'arrivée à Bobo Dioulasso capitale du Burkina Faso. Mais, plus que les paysages vus d'en haut, ce sont les rencontres qui constituent son trésor. « L'aviation est une passion. C'est un langage universel qui permet à des pilotes d'ici ou d'ailleurs de se retrouver et d'échanger », dit-il.
Dans le hall d'accueil de l'Aéro-Club, Alain Lemarié raconte son voyage aux passionnés venus voler un peu en ce beau lundi ensoleillé. « Nous avons une plateforme d'une très grande qualité. Nous bénéficions d'une excellente infrastructure, de la permanence de l'Aéro-Club assurée par des bénévoles très investis mais aussi de l'atelier de maintenance », ajoute le pilote. Créé le 18 août 1909, l'Aéro-Club de l'Est regroupe les sections avion sur le site de l'aéropole du Grand Nancy et les sections vol à voile, ULM et aéromodélisme, pratiquées sur le plateau de Malzéville.
La section avion devient Les Ailes Nancéiennes
Si la passion du vol est partagée, les contraintes et la pratiques sont assez différentes. « Notre difficulté est de nous développer ensemble dans un contexte où la réglementation est de plus en plus complexe et technique et ou chaque section appartient à une fédération différente », explique Hervé Clarenne, membre du club depuis 2003, instructeur depuis 2012 et président du club depuis le printemps dernier.
Le 5 septembre 2017, lors d'une assemblée générale extraordinaire à la CCI, décision a été prise de séparer l'activité vol moteur du reste du club. « Nous allons gagner en cohérence et poursuivre notre développement dans cet état d'esprit qui anime nos adhérents », poursuit Hervé Clarenne. Le 15 décembre prochain une nouvelle assemblée générale actera la nouvelle répartition de l'Aéro-Club. Et le 1er janvier 2018 la section avion deviendra officiellement Les Ailes Nancéiennes.
« Nous avons vocation à être un acteur du développement économique du territoire. Nous assumons les permanences d'accueil les week-ends et lors des vacances. Nos objectifs sont clairs : moderniser et renouveler notre flotte qui compte pour l'heure neuf avions, faire découvrir notre activité et le savoir-faire de nos instructeurs. Le potentiel est là avec un site à deux kilomètres de la Place Stanislas, possédant une piste non limitative et autorisant les vols de nuit », ajoute Hervé Clarenne qui précise : « L'activité vol de loisir est un gros faiseur de mouvements sur la plateforme puisque nous représentons 50 % de l'ensemble des mouvements. »