Dans une vidéo récemment diffusée à grande échelle sur les réseaux sociaux, le Dr. Mohamed Baba Saïd, chimiste mauritanien et professeur de chimie à l’Université Clermont-Ferrand en France, a alarmé le public en déclarant que de nouveaux tests sur dix échantillons de thé ont confirmé la présence de substances nocives dépassant les seuils autorisés, selon les normes européennes. Cette révélation a provoqué un véritable tollé parmi les consommateurs mauritaniens, friands de thé vert.
Les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne font que renforcer l’importance de cette problématique : chaque année, environ 600 millions de personnes, soit près d’une sur dix dans le monde, tombent malades après avoir consommé des aliments contaminés. Les conséquences sont dramatiques, avec 420 000 décès et la perte de 33 millions d’années de vie en bonne santé.
Face à cette situation, le Ministère du Commerce, du Tourisme, de l’Industrie et de l’Artisanat a rapidement réagi. Mme Al Ama Moulaye Ely, Directrice générale adjointe de l’Agence Mauritanienne de la Sécurité Sanitaire Alimentaire, a souligné que les résultats des tests ne peuvent être extrapolés à l’ensemble des produits, mais doivent être analysés au cas par cas. L’Agence joue un rôle crucial dans l’évaluation des risques sanitaires liés à la chaîne alimentaire, de l’origine à la consommation.
Il est important de noter que les normes européennes sont strictes mais non contraignantes pour les Mauritaniens. Les normes sanitaires et phytosanitaires (SPS) sont volontaires, tandis que les Obstacles Techniques au Commerce (OTC) sont obligatoires.
Le Codex Alimentarius, programme conjoint de la FAO et de l’OMS, élabore également des normes internationales pour protéger la santé des consommateurs et promouvoir des pratiques commerciales équitables.
Pour rappel, les mesures SPS consistent en des lois et des procédures visant à protéger la santé humaine, animale et végétale contre certains risques. Les mesures OTC comprennent des exigences en matière d’emballage, d’étiquetage et de caractéristiques des produits.
Malgré ces réglementations, les consommateurs mauritaniens exigent des autorités une enquête approfondie sur toutes les marques de thé présentes sur le marché local pour garantir leur innocuité.
Il faut dire que les conditions climatiques favorisent souvent la prolifération de parasites et de champignons dans les plantations de thé (Chine, Inde, Sri Lanka), ce qui conduit souvent les agriculteurs à utiliser des pesticides et des engrais.
En plus, les feuilles de thé sont récoltées sans être lavées à l’eau avant ou après les différentes étapes de transformation qu’elles subissent. Ne pas laver les feuilles de thé à l’eau permet en effet de concentrer leur saveur et de conserver l’ensemble de leurs arômes. C’est ainsi que des substances chimiques peuvent contaminer les feuilles de thé et se retrouver dans nos tasses.
Heureusement, les consommateurs mauritaniens ont une pratique traditionnelle hygiénique consistant, dans une phase préliminaire, à chauffer le thé pour éliminer les impuretés (Tichlila) et s’en débarrasser.
Dans cette lutte pour la sécurité alimentaire, les deux laboratoires de l’Agence Mauritanienne de la Sécurité Sanitaire Alimentaire joueront un rôle crucial. Leur capacité à détecter les contaminants microbiens, les résidus chimiques et les impuretés physiques dans les aliments sera déterminante pour restaurer la confiance des consommateurs dans leur thé bien-aimé.
La révélation de la présence de substances nocives dans certains échantillons de thé en Mauritanie souligne l’importance cruciale de garantir la sécurité alimentaire. Les normes internationales et les réglementations locales doivent être appliquées rigoureusement pour protéger la santé des consommateurs et assurer la qualité des produits alimentaires sur le marché mauritanien.
quotidien de nouakchott