Au conseil International des droits de l’homme de Genève, le rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme et l’extrême pauvreté n’a pas changé, d’un iota, ses allégations sur la situation en Mauritanie. Comme toujours, une délégation officielle, composée de tout (et de rien, en conséquence…), a été dépêchée pour essayer, par tous les moyens, y compris les plus simplistes, de défendre la position nationale selon laquelle les droits humains se portent comme un charme chez nous.
Pour la mobilisation de ce monde dont une partie constitue une preuve, en soi, des présomptions de Philip Alston, l’Etat a débloqué une grosse bagatelle qui aurait pu servir à autre chose que de financer le voyage de certains dont les comportements et les propos ne servent qu’à ternir davantage l’image de la Mauritanie, dans les tribunes internationales, après l’avoir massacrée, sur le plan national. En réponse à Alston, la Mauritanie pouvait bien préparer un rapport alternatif consignant toutes les réalisations dans le domaine de la promotion des droits de l’homme, en général, et dans la lutte contre les pratiques esclavagistes et les inégalités intercommunautaires, en particulier.
Plutôt que de croire qu’en envoyant une meute de « bavards » insolents proférer des insanités et des incommodités à l’encontre de quelques compatriotes qui refusent, a contrario d’eux, l’aplatissement et la compromission, on convaincrait la Communauté internationale de l’imprécision, supposée ou réelle, de certains propos de Philip Alston sur la Mauritanie. Comme on dit, le bienfait se trouve entre les deux méfaits. En général, certaines actions ont été dans le sens de l’amélioration des droits humains et de lutte contre les pratiques esclavagistes. On peut citer, en vrac, les cours spéciales dédiées au jugement des esclavagistes, les lois et textes relatifs à l’incrimination de l’esclavage, l’idée d’une agence chargée de lutter contre ses séquelles, contre la pauvreté et pour la réinsertion, la fondation d’un mécanisme de lutte contre la torture, entre autres mesures importantes sur lesquelles les militants des droits de l’homme émettent, certes, beaucoup de réserves dont la moindre n’est pas de n’avoir pas été associés aux réflexions en amont de ces instruments. « Ce qui est fait pour moi sans moi est fait contre moi », notait Gandhi. Beaucoup reste à faire, cela va sans dire.
Et ce ne sont pas les insultes publiques, contre Boubacar ould Messaoud, dans les tribunes internationales, qui créeront les miracles, en faisant apparaître la Mauritanie comme ce qu’elle est encore loin d’être, puisque les violations des droits élémentaires y sont quotidiennes et que tous ses citoyens n’y ont pas les mêmes chances d’accès, ni aux fonctions, ni aux ressources. En cela, le troublant rapport d’Alston n’a rien d’inédit. Beaucoup d’organisations nationales des droits de l’homme réputées sérieuses, comme SOS Esclaves ou IRA, n’ont cessé de le rappeler à qui voulait l’entendre. Mais « il n’y a pas de vie dans celui que tu appelles ». Il est temps que les autorités nationales rompent avec les vieilles pratiques fondées sur le déni, la fuite en avant et la pusillanimité qui ont largement montré leurs limites, dans la gestion des problématiques, réelles, dont souffrent le pays. Parmi ces questions de fond, il y a l’esclavage, la réhabilitation des victimes des événements des années 89-91, dans tous leurs droits, et la justice, dans l’accès aux ressources et aux fonctions, sur la base du mérite et de la qualification.
Tout cela est, d’abord, tributaire d’une volonté politique inébranlable sans laquelle tout n’est que conjectures. La Mauritanie vaut mieux que quelques calculateurs zélés et hystériques qui font des pieds, des mains et des langues, sans âme ni conscience, pour sacrifier les bonnes causes à l’autel des égoïsmes grégaires de la politique du ventre. Il n’y a pas plus ennemi, pour eux-mêmes, que les Haratines complexés et les Négro-africains comploteurs qui en sont devenus, au lieu d’une partie de la solution, un véritable problème. Mais Allah ne changera pas ce qu’il y a entre les gens, tant qu’ils n’auront pas changé ce qu’il y a dans leur âme. Histoire de rappeler que la Mauritanie se fera avec tous ses fils ou ne se fera pas.
Sneiba El Kory
source lecalame.info