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Un car rapide sénégalais au musée de l'homme à Paris

Dimanche 19 Février 2017 - 13:39

Un car rapide sénégalais au musée de l'homme à Paris

 

UN CHEF-D'OEUVRE D'ART POPULAIRE, UN “ART PARLANT”
 
ARTISTES
 
 
 
El Hadj Kane  & Pape Omar Pouye
 
ACTEURS
 
El Hadj Kane, Pape Omar Pouye, les peintres, Malick Seck, l'apprenti, Pape Sall (mairie SICAP Liberté 3, Dakar), Ibrahima Diop & les voisins du chantier
 
et les sons industriels des menuisiers métalliques
 
AUTEURS : Alain Epelboin & Ndiabou Sega Touré
 
COMMENTAIRES : Ndiabou Sega Touré & Alain Epelboin
 
CAMÉRA, SON, MONTAGE, RÉALISATION : Alain Epelboin
 
REMERCIEMENTS : El Hadj Kane, Pape Omar Pouye, Pape Sall, Ibrahima Diop et les voisins du chantier, Alioune Thiam (CETUD Sénégal), la famille du défunt El Hadj El Kaba Touré, Mireille Gruska & Annie Marx, Studio ad hoc France.
 
RÉSUMÉ :
 
Dans son exposition permanente, dans la partie consacrée à la mondialisation, le nouveau Musée de l'Homme de Paris présente un « car rapide » sénégalais, nommé aussi « super », « ndiaga ndiaye   : c’est-à-dire un objet industriel du nord, mis au rebut, réapproprié par les artisans, artistes et tradipraticiens des suds. 
 
 
 
Ce film suit la réalisation des peintures décoratives et protectrices d’un fourgon Saviem Renailt Super-Goélette SG2 datant des années 1970, par deux peintres, spécialistes de cet art populaire, El Hadj Kane et Pape Omar Pouye, à la demande de deux anthropologues Alain Epelboin (CNRS-MNHN Paris) et Ndiabou Sega Touré (UCAD Dakar) en collaboration avec Studio ad hoc, chargé de la réalisation du projet.
 
L’action a lieu dans un parking de la mairie de SICAP Liberté 3 de Dakar servant d’entrepôt de matériaux de construction et abritant des ateliers de menuiserie métallique à ciel ouvert, avec une ambiance sonore déchirée régulièrement par les sons des scies, meuleuses et autres appareils à souder.
 
Tout en travaillant, les artistes se racontent, expliquent ce qu’il font, évoquent leur apprentissage auprès de leurs maitres, leurs propres apports artistiques, « leur touche », leur goût à exercer ce métier, leur fierté d’être des artistes. Les deux peintres soulignent leur conscience de réaliser un chef d’oeuvre d’art populaire sénégalais, qui représente le Sénégal et l’Afrique aux yeux des visiteurs d’un grand musée de Paris, sis face à la Tour Eifel, à proximité de l’esplanade du Trocadéro, le Parvis des droits de l'homme où des colporteurs sénégalais « clandestins » sont pourchassés par la police française. 
 
Un art populaire, c’est-à-dire selon eux un art qui parle à tout le monde, sans distinction de classe ou d’âge, mais aussi un témoignage de l’histoire du Sénégal et de ses relations avec la France depuis le XIX ème siècle. 
 
Il s’agit d’un de ces fourgons Super-Goélette Renault SG2, peints en jaune et bleu, ornés de multiples motifs, couleurs, écritures, amulettes et objets magiques. Ils assurent quotidiennement les transport en commun dans les grandes villes du Sénégal, en concurrence avec les bus des grandes compagnies étatiques et les taxis collectifs privés, voire les charrettes. Des milliers de Sénégalais les empruntent chaque jour et nombreux sont ceux qui en gardent, enfouis dans leur mémoire, des images émouvantes, des scènes, des sons,  des odeurs, des émotions datant de leur jeunesse.
 
Les fourgons Super-Goélette Renault SAVIEM SG2 produits de 1967 à 1982, succédant aux Goélettes Renault (1947-1965), ont été très populaires, équipant massivement les entreprises, les administrations civiles et militaires européennes. Au fur et à mesure de leurs mises en réforme, des lots importants ont été revendus massivement dans les colonies françaises, puis dans les pays francophones devenus indépendants, essentiellement en tant que véhicules de transport en commun permettant de charger officiellement 25 passagers, sans compter les personnes debout et d’éventuels occupants de la galerie ou marche-pied..
 
Dans chacun de ces pays, ces objets industriels du Nord mis au rebut, ont été réinvestis par des savoir-faire autochtones, des techniques, de mécanique, de tôlerie, de menuiserie métallique, qui ont permis à une flotte importante de continuer à circuler jusqu’à présent, chaque véhicule cumulant des millions de kilomètres.
 
Au Sénégal, ils ont été également investis de générations en générations par un art décoratif et protecteur original, à base de peintures multicolores, de nombreuses formules sentencieuses, morales, protectrices, en wolof, arabe et français, mais aussi des amulettes, objets, écritures, portraits de marabouts, « blindant » le véhicule contre les jaloux, les malfaisants, les génies, générateurs de malchances, de pannes et d’accidents.
 
Enfin, ces cars rapides sénégalais aux peintures caractéristiques sont aussi devenus des sources d’inspiration de dessinateurs de bandes dessinées, d'artistes, de peintres de tableaux et de peintures sous verre, suwers vendus aux touristes.
 
Depuis 2005, le gouvernement sénégalais a confié au du Conseil exécutif des transports urbains de Dakar (CETUD) un programme de renouvellement du parc de transports en commun. Les propriétaires des cars rapides sont incités à les remplacer par des bus de marques indiennes et asiatiques. Et c’est dans ce cadre que le CETUD a offert un de ces véhicules au Musée de l’homme, lors d’une campagne de récupération à Saint Louis.

 

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