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L'hommage: Trois chants commémoratifs à la mémoire de Habib/par Maitre Mohameden Ould Ichiddou

Vendredi 20 Décembre 2024 - 06:12

L'hommage: Trois chants commémoratifs à la mémoire de Habib/par Maitre Mohameden Ould Ichiddou

"Mamito" ne pleure pas.. *

Mamito ne pleure pas.. Au lieu de cela, il se dresse fièrement comme une plume libre.. Si l'expression est permise.. Et peut-être pas!

Car une plume ne peut être que libre. Ajouter une description à celle-ci serait un pléonasme.

"Noun et le calame.."

Le noble serment n'ajoute rien à ce par quoi il jure.

Il suffit qu'il soit un calame !

Habib et certains de ses camarades le savaient :

Ils appelaient leur arme magique et mortelle : "le Calame"!

Ils ne lui ajoutaient aucune description qui le distingue des autres journaux de la place.

***

Ce qui a été dit sur le calame est vrai pour "l'intellectuel".

On ne dit pas "un intellectuel libre" ou "un intellectuel engagé".

L'intellectuel ne peut être qu'à la fois libre et engagé...

Le concept des "intellectuels", né avec l'affaire Dreyfus en France en 1898 et la révolution de 1905 en Russie, ne désigne pas les écrivains, les enseignants, les présentateurs et les animateurs de soirée, etc. Mais il désigne les philosophes et les scolastiques : l'intelligentsia qui critique l'État et la société, et demande justice et vérité au nom de l'humanité souffrante, qui mérite le bonheur. (Mohammed Abed Al-Jabri : "Les intellectuels dans la civilisation arabe" et Russell Jacoby : "La fin de l'idéalisme").

Habib était l'un de ces "intellectuels".

C'est là son secret d'immortalité..

Et c'est le sens de notre rassemblement et de notre présence ce soir, en admiration pour un genre rare dans les temps de décadence.

***

Apprenez de Mamito... Vous qui célébrez la mémoire de Habib..

Ne pleurez pas Habib.. Mais apprenez de lui :

Apprenez de lui à apprendre.

Videz vos plumes.. Comme il a vidé la sienne face à la barbarie.

Faites quelque chose, n'importe quoi, pour son peuple et sa terre.

Contribuez, chacun selon ses capacités, à créer les conditions d'un renouveau qui nous élève, ne serait-ce qu'un peu, vers l'humanité.

Ainsi, vous l’aurez estimé à sa juste valeur et fait de sa mort une survie, et de sa mémoire le commencement de la "culture" ici.

***

Beaucoup de choses qui ont été écrites sur l'homme lui portent préjudice sans le vouloir : "Le plus grand homme, le plus noble des hommes...".. "Habib, avec sa mort, tout est mort"

C’est comme si je le voyais secouer la tête et dire : "Non, non.."

Habib n'aime pas les artifices et les discours creux. Il n'est jamais à l'aise avec les phrases pompeuses et vides.

Il est d'une autre nature,

Une nature qui souffre,

Qui saigne,

Qui trempe la plume dans l'artère,

Qui écrit sur la tragédie de la société et de la terre... Qui contribue à repousser la nuit, à faire naître le jour et à effacer l'analphabétisme culturel.

Dans sa foi, l'écriture est une tragédie ou elle n'est pas !

***

Malheur aux imposteurs qui essaient d'enfermer ce brillant chevalier dans un étroit terrier, qui le revêtent de la couleur jaune comme s'il était une tête de liste municipale, et qui l'utilisent dans des projets sectaires et tribaux, alors qu'il en est innocent.

"Qui d'entre vous aimerait manger la chair de son frère mort" ?

La lune peut-elle avoir une couleur autre que sa couleur argentée pure, sans artifices ni retouches empruntées ?

Ou la lune choisit-elle qui lui accorde sa lumière et sa clarté ?

Assurément non.

Et les nuages qui parfois nous empêchent parfois de voir la lune, ou qui nous la font voir d'une autre couleur, sont des amoncèlent dans nos yeux et nos esprits. Quant à elle, elle voyage, voyage dans les hauteurs, elle inonde l'univers, tout l'univers, de lumière et d'amour.

Que Dieu ait Habib dans sa miséricorde !

 

                                                                  Samedi 4 novembre 2017, 07h04

___________________________________

 

  * J'ai prononcé cet éloge lors d'une cérémonie commémorative qui s'est tenue à l'occasion du décès du regretté Habib à l'hôtel Marhaba. Et Mamito, une statue érigée dans les locaux du journal "Calame" à l'époque du défunt Habib, avait acquis plusieurs significations.

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