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un grain de sable pour secouer la poussière...

Birame met de l’arabe dans son zrig et trahit les activistes négro-mauritaniens

Lundi 4 Juin 2018 - 21:06

3 quarts d’heure d’une pathétique tentative  de se blanchir n’auront pas suffi à changer les faits. Au cœur de la polémique, Birame a parlé mais il n’a rien dit qui puisse changer l’essentiel : après dix ans à exciter contre les maures les poignées de hratines qui l’écoutent, dix ans contre les nationalistes arabes en particulier, le voilà qui s’allie avec eux pour avoir le droit de se présenter à l’élection présidentielle en 2019 et avant ça, espérer entrer à l’assemblée lors des prochaines élections.
 
https://www.youtube.com/watch?v=9wSiOzHdRuY

Côté symbole : un retournement de tchiaya dans ce rayon comme seul un Messoud a su en profiter avant lui avec ensuite la carrière que l’on sait.  A l’heure où Messoud prend de l’âge, le remplacer comme hartani de service est peut-être le seul rêve accessible pour Birame car que peut-il bien espérer de plus, lui qui ne peut exister politiquement qu’en s’accrochant à l’UPR pour avoir des parrainages comme lors de la dernière élection présidentielle et maintenant en s’alliant au parti nationaliste arabe Sawab ?
 
Ce retournement de tchiaya a mis les activistes négro-mauritaniens dans tous leurs états. Adieu rêve de se servir de Birame et ses quelques hratines contre les arabo-berbères. Adieu le rêve d’un front noir qui étouffe dans la couleur les séquelles de l’esclavage en milieu négro-mauritanien. Séquelles qui n’ont rien à envier à ce qui se passe chez les maures sinon la liberté d’expression à ce sujet.  Une pensée aux intellectuels négro-mauritaniens « bien nés » qui osent écrire contre cette abominable omerta dans leur communauté.
 
Birame a donc compris qu’il vaut mieux ne pas être taxé de faire le jeu des négro-mauritaniens. Il coupe l’herbe sous les pieds d’un Dr Saad Louleid qui très tôt a su en tirer quelques bénéfices : on parle d’un contrat non négligeable pour ramasser les ordures (sic !) qui l’occupa loin des discours hartaniques.  On ne l’entend plus, c’est qu’il a encore quelques bénéfices.
 
Birame n’a fait que retourner son tchiaya comme tout le monde. Qui ne l’a pas fait avant lui ?  Messoud peut-il parler lui qui a planté l’opposition démocratique pour servir le candidat des militaires ? Tawassoul qui ont déjeuné à la table du président militairement élu avant d’en être chassés, peuvent-ils parler ? Ceux qui ont profité de Taya puis applaudi Aziz peuvent-il parler ? Ahmed Daddah lui-même qui a pris acte d’un coup d’état contre un président démocratiquement élu peut-il parler ?  Aziz lui-même peut-il parler ? Les oulémas pour le parjure peuvent-ils parler ? Ceux qui accablent mkheitir et qui ont signé une fatwa pour sauver un athée fils de marabout peuvent-il parler ? Le peuple mauritanien qui a élu sidioca puis son tombeur par coup d’état peut-il parler ?
 
Birame a fait ce que les mauritaniens savent faire : suivre ses intérêts du moment.  Le mauritanien est comme son milieu : les petites dunes tournent avec le sens du vent. Que pouvait-il faire n’ayant aucune troupe significative pour secouer la rue ? Il a fait assez de prison et n’a aucune envie d’y retourner. C'est l'heure du faire-valoir... Il le mérite. Il ne lui reste plus, comme les sachets de plastiques dans la rue, qu'à s’accrocher à tout ce qui lui tombe entre les mains pour exister médiatiquement en espérant toucher terre un jour et prendre racines...
 
Le petit parti Sawab, dont Birame lui-même vient de dire qu’ils n’ont aucune assise, pas d’argent, rien pour le corrompre, lui permet d’aller aux élections. Birame jouit sans doute du plaisir d’être le candidat des nationalistes arabes ! Quelle revanche ! vue d'en bas...
 
Il ne sait pas qu’il est désormais encore plus captif des arabes car  ce petit parti, que plus personne ne connaissait, a trouvé quelqu’un pour travailler pour eux alors que Birame n’a pas les clés de la boutique ! Une autre façon de leur faire du thé ! Sitôt à l’assemblée, Birame devra baisser le ton à propos des nationalistes arabes ou quitter le parti et le siège qui va avec car une loi a été votée pour éviter le nomadisme entre les partis après les élections.
 

 
 

Quant au pouvoir mauritanien d’extrême droite, le plus rusé de son temps : il rit ! car les projecteurs sur ce petit parti Sawab laissent croire que  c’est le parti des nationalistes arabes mauritaniens alors que leur parti c’est l’UPR car personne n’est plus nationaliste arabe qu’Aziz.  Les idées de ce parti nationaliste arabe ont été distillées depuis dix ans au cœur des populations par ce régime avec un succès populaire jamais atteint. Merci à la TVM, à la radio sans oublier les sorties iniques du porte-parole du gouvernement avec la bénédiction de son employeur sinon il l’aurait viré.
 
Qu’y a-t-il de plus nationaliste arabe que l’histoire coloniale révisée de travers ? La destruction de tous les symboles de ceux qui ont bâti ce pays contre vents et marées avec la coopération française ? Le pouvoir ingrat qui jouit des bénéfices de la pacification rit et son projet d’une Mauritanie encore plus divisée entre hratines et maures sera visible dans l’assemblée pour terroriser encore plus les maures et les pousser à soutenir le projet néo-féodal : retour à l'ordre ancien, chacun à sa place, les uns qui avancent dans la caravane, les autres immobiles à brailler...
 
Le parti Sawab ne fera que permettre à la division entre maures de s'installer à l'assemblée à moins que Birame ne devienne un autre Messoud auquel cas, les choses vont se calmer car les mauritaniens ont, grâce à Dieu, une miraculeuse et surhumaine capacité de résilience.
 
 

 Birame est désormais parti pour avoir sa grande revanche : être Messoud au nez des cadres hratines qui le regardaient de haut avant qu’il ne devienne plus connu à l’étranger qu’aucun mauritanien de son temps. Le petit greffier finira président de l’assemblée après une carrière riche en retournements de tchiaya comme Messoud. Ses partisans auront un jour droit aux postes réservés à la discrimination positive : DG de l’AMI et autre ministère délégué chargé des missions fantômes à maigre per diem mais jamais de puissants généraux ou ministères tant qu’Aziz sera au pouvoir. C’est la dépacification…
 
Quant aux hratines du petit peuple qui écoutaient Birame, bien que peu nombreux, ils ne sont pas à une désillusion près et ils avaleront cette trahison au milieu de tant d'autres de la classe politique mais au moins ils comprendront que tous ces cris contre leurs frères maures ce n’était qu’une façon pour Birame d’exister, de menacer pour remplacer le grand hartani de service.
 
La Mauritanie plurielle est partie pour une longue période à quatre pattes, tirée par ce que sa décadence a pu produire de plus médiocre : ramassis d’ignorants, de cuistres, d’assoiffés de pouvoir, complexés de tous bords noirs et blancs, du plus noble au plus casté, tous dans le bain du délire identitaire pendant que les plus brillants mauritaniens leur laissent la place par dégoût de cette scène politique.
 
 

Voilà le bilan de ce régime d’extrême droite qui ne craint que la grève générale toutes races confondues pour en finir avec les salaires et les retraites de misère pendant qu’Aziz mène une vie de roi aux frais du contribuable à acheter des avions, construire des palais pour recevoir des tyrans et courir dans le monde se faire voir alors qu’il devrait se cacher le temps de s’occuper des malheurs de son pays et de son peuple pour qu’ils soient présentables.
 
Au lieu de ça, il construit une démocratie féodale sans un coup de feu avec des prisons presque vides ; preuve qu’il sait jouer avec les ressorts inconscients d’une élite qu’il connaît bien et d'un peuple dont il n'attend rien sinon qu'il se tienne tranquille et avale des salades.
 
Il ne manquait plus que toucher à la religion de chez nous pour nous servir un islam arrivage terrifiant et obscurantiste. Voilà chose faite et si la politique est le plus vieux métier du monde alors chez nous c’est un bordel en burqa.
 

Ce qui se passe en Mauritanie mérite un livre, les articles ne suffisent plus pour mettre en lumière cette impressionnante dynamique du mensonge gratuit, du mépris bon enfant face à tant de malheureux incapables de réagir car ils sont manipulés pour n’être prêts qu’à mordre la main de ceux qui viendraient leur parler pour qu’ils ouvrent les yeux.
 
Jamais l’expression «  n’avoir que le tyran qu’on mérite » n’a eu autant de justesse que chez nous.
 
Que faire ? Dénoncer si possible, se taire si nécessaire et reconnaître que s’opposer avec la rage de convaincre, c’est vouloir imposer à des chameaux et des boeufs un caractère de pur-sang arabe. N’est pas cheval qui veut et à chacun son Hi-han…
 
Simah
 
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