Dans la foulée d’un deuil qui a secoué la communauté sportive mauritanienne, le club de l’AS Douanes et son directeur général, l’inspecteur principal Hamidou Cheikh Abdallah, ont pris l’initiative de rendre visite à la famille endeuillée du joueur Mohamed El Mokhtar, tragiquement décédé pendant son service. Cette rencontre, marquée par la remise d’un don financier de deux millions d’ouguiyas (MRO), a été présentée comme un geste de solidarité envers la famille du disparu. En outre, le club s’est engagé à verser le salaire du joueur à sa famille jusqu’à la fin de son contrat en 2026, une promesse qui, à première vue, témoigne d’une certaine noblesse d’esprit.
Cependant, en y regardant de plus près, ces actions soulèvent un profond malaise quant à leur réelle portée et à la reconnaissance du prix de la vie humaine. Deux millions d’ouguiyas, si l’on peut reconnaître l’intention de soutien, semblent bien dérisoires face à l’immensité du vide laissé par la perte d’un être cher et surtout est très loin d’une Diya Moughaladha. L’argent, si nécessaire soit-il dans les moments difficiles, ne saurait compenser la douleur de perdre un fils, un frère, un ami. De surcroît, le versement du salaire jusqu’en 2026, bien que significatif sur le papier, interroge sur la véritable considération de la valeur humaine au-delà des aspects contractuels. Le contrat de joueur professionnel est un contrat de travail qui devrait être assorti d’une assurance et d’une couverture sociale qui donne le cas échéant droit à une pension à vie des ayant droits éventuels.
La comparaison avec d’autres événements tragiques dans le monde sportif montre que la réponse des institutions et des clubs face au décès d’un des leurs varie grandement, certains allant bien au-delà du simple soutien financier pour honorer la mémoire de la personne disparue et soutenir sa famille. La question qui se pose alors est de savoir si l’AS Douanes et le directeur général des douanes ont réellement à cœur l’intérêt de la famille de Mohamed El Mokhtar ou si ces gestes ne sont qu’un moyen de se dédouaner rapidement d’une situation embarrassante.
En définitive, la perte d’une vie, surtout dans la fleur de l’âge et dans des circonstances aussi tragiques, est un événement dont l’impact dépasse de loin les considérations matérielles. La démarche de l’AS Douanes et de l’inspecteur principal Hamidou Cheikh Abdallah, bien que louable en surface, mérite une réflexion plus profonde sur ce que signifie réellement soutenir une famille en deuil. Est-ce suffisant de faire un chèque et de promettre un salaire, ou faut-il repenser notre manière d’accompagner ceux qui restent, dans un esprit de véritable compassion et de reconnaissance de la valeur inestimable de chaque vie ?
Quotidien de Nouakchott