« Art Gallé », la maison de l’artiste Amy Sow, sise à la Cité Plage à Nouakchott, a accueilli dimanche 28 mai 2023, la restitution de la veille médiatique mise en place par le Réseau des journalistes mauritaniens contre les VBG.
Participation des femmes et inclusion sociale
Introduisant les débats, en présence de plusieurs hommes de médias et de la société civile, la présidente du réseau, Houlèye Kane, a campé le décor qui a prévalu à la mise en place par son réseau d’une cellule de veille médiatique sur les élections locales de 2023, avec focus sur la participation politique des femmes.
Parmi les autres indicateurs dans le collimateur de la cellule de veille du réseau, l’inclusion sociale, avec notamment la place accordée au vote des personnes vivant avec un handicap et les personnes du troisième âge. L’accent a été également mis, selon elle, sur les fake news et la surveillance des réseaux sociaux, ainsi que l’étroite collaboration que le réseau est parvenu à tisser avec les principaux organes publics chargés des élections, notamment la Haute autorité de la presse et de l’audiovisuel (HAPA) et la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
La rencontre fut le lieu d’un intense moment d’échanges et de partages d’expériences sur les bonnes pratiques, en vue de profiter des manquements qui ont marqué l’organisation et le déroulé des consultations du 13 mai pour mieux préparer la présidentielle de 2024.
Besoins en formation des journalistes sur les élections
Houlèye Kane a surtout insisté sur les besoins en formation des journalistes sur la couverture médiatique professionnelle des élections, notamment sur le data journalisme, sur l’analyse politique et une meilleure maîtrise du processus électoral et de sa législation.
Les équipes du réseau, qui ont travaillé en binôme, ont restitué par la suite les résultats de leurs propres observations sur le terrain, les bonnes pratiques relevées, les expériences personnelles, les obstacles et les avancées dans la pratique électorale.
Des scrutins complexes
Thierno Diallo a mis l’accent sur le nombre élevé de bulletins nuls, 308.000, indiquant que c’est le deuxième score après celui du parti INSAF. Il a imputé ce phénomène à la complexité du vote, au fort taux d’analphabétisme parmi la population mauritanienne, mais surtout à la CENI et aux partis politiques qui n’ont pas formé les électeurs sur la façon de voter. D’où l’impérieuse nécessité de palier ce défaut avant la prochaine présidentielle, selon elle.
Evolution dans l’engagement citoyen
Aminata Kane qui a visité 8 bureaux à El Mina a abondé dans le même sens, citant l’exemple d’électeurs qui ne savaient même pas où se situe leur bureau de vote. Comme expérience vécue, elle a témoigné cependant de la large disponibilité des Mauritaniens à s’adresser aux médias, ce qui est une évolution, mais surtout la forte conscience politique des femmes et des jeunes filles qui ont démontré, selon elle, un engagement sans commune mesure au cours de ces consultations, notamment au niveau du parti Tawassoul.
Facilités accordées aux médias
Parmi les aspects positifs cités par d’autres membres du réseau, l’ouverture d’esprit des forces de l’ordre, citée par Salma Mohamed, qui affirme que partout où elle s’est rendue, permission a été donnée aux journalistes d’accéder aux bureaux de vote et à ses membres. Elle a noté que dans certains bureaux, le vote s’est poursuivi jusque tard dans la nuit.
Souffrances des personnes handicapées
Pour Kadia Diaw, les besoins spécifiques des personnes vivant avec un handicap n’ont pas été pris en compte par la CENI, citant l’accès difficile de ces personnes aux bureaux de vote, en l’absence de passerelles pour les handicapés sur fauteuil roulant et l’obligation de faire le rang avec les bons portants, ainsi que l’accès aux urnes sans aide. Les non-voyants ont également été pénalisés, d’où selon elle, une faible présence des personnes à mobilité réduite au cours des scrutins.
Ousmane Doukouré qui a suivi la veille médiatique à Kaédi, affirme avoir fait le tour de 44 bureaux de vote et remarqué une forte affluence des femmes au cours des scrutins.
Une fusion des efforts
Fatima Deh qui a travaillé sur la participation politique des femmes et animé une émission en Pulaar intitulé « Regards croisés » sur le même thème, dit avoir relevé l’engagement citoyen des jeunes avec plusieurs volontaires qui étaient là pour aider les électeurs qui avaient des difficultés à voter ou à retrouver leur bureau de vote. Son binôme, Hawa Traoré, a également produit un reportage à Sebkha sur le même sujet. Hawa Bâ, même en voyage, donc absente lors des scrutins, déclare avoir aidé beaucoup de ses connaissances à bien voter.
Plusieurs intervenants ont exprimé leur satisfaction face aux efforts fournis par les membres du réseau des journalistes contre les VBG, soutenant qu’il s’agit d’une initiative à consolider et à développer, avec l’apport de nouveaux partenaires. Un plaidoyer pour une formation des journalistes sur le suivi et la veille électorale a été lancé, surtout que la présidentielle 2024 est toute proche. L’idée a été également avancée d’engager une synergie entre médias pour un travail collectif au cours des prochaines consultations.
Cheikh Aïdara
aidara.mondoblog.org