Sous la présidence française, le Conseil de sécurité va visiter des Etats du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad). Ces pays vivent une crise sécuritaire depuis 2005, année des premières grandes prises d’otages occidentaux et année des attaques armées d’envergure contre les forces de sécurité nationales. Un espace de transit où les trafics divers, en particulier de drogues, de cigarettes et d’êtres humains, se sont progressivement généralisés.
Après un rappel historique des différentes descentes du Conseil de sécurité sur le terrain en Afrique de l’ouest, aujourd’hui stable, Ahmedou Ould Abdallah a espoir d’une paix dans le Sahel, malgré plusieurs crises simultanées. La première est la crise sécuritaire. Elle résulte des attaques des mouvements djihadistes. Puis une crise interne aux pays concernés qui alimente la précédente.
Il observe que « les gouvernements se comportent comme si la situation de leur pays était normale« . À ces deux déficits s’ajoute un troisième: le déni des réalités, conforté par « une propagande insidieuse et quasi officielle qui attribue l’origine des difficultés des pays et leur gravité à des forces extérieures. Un euphémisme pour désigner ceux qui viennent au secours de nos pays ! ».
Au lieu d’appeler à la solidarité avec les alliés extérieurs qui combattent un ennemi commun et d’aider à une plus grande efficacité des troupes nationales et internationales, des campagnes sont menées à travers plusieurs États pour démontrer la connivence entre djihadistes, rebellions et les forces extérieures bilatérales et multilatérales, constate-t-il. C’est donc dans cet environnement de suspicion que la délégation du Conseil de sécurité se rendra dans les pays du G5 Sahel.
« Pour les pays affectés par une crise multidimensionnelle, et pour leurs alliés extérieurs, la priorité doit être de créer de solides fronts internes capables de venir à bout d’un adversaire déterminé et qui ne cesse de prendre plus de place et plus de poids« ,a dit Ahmedou Ould Abdallahla, excédé par la diabolisation injuste des alliés mais surtout « une fuite en avant qui ne sert que des intérêts politiques immédiats« . Les gouvernements nationaux ne peuvent utiliser les partenaires extérieurs pour se décharger des responsabilités qu’ils ont vis-à-vis de leurs citoyens, a-t-il rappelé.
Pour lui, les Etats du G5 Sahel et leurs alliés doivent s’atteler à réaffirmer à la délégation leurs priorités et s’y conformer. Il s’agit, avant tout, de mettre fin à l’insécurité à travers des mesures dont l’action militaire est un élément essentiel et « de cesser de minimiser et encore moins de diaboliser« . Il milite aussi pour la « détribalisalisation de l’administration et les forces de sécurité » et invite les pays visités à un front commun et non « d’exposer leurs alliés à la vindicte populaire ».
Il est opposé à toute marginalisation. Pour les gouvernements visités, il pense que ces rencontres avec le Conseil de sécurité permettront de présenter des explications convaincantes. Convaincu que le financement des forces du G5 Sahel, des troupes de l’ONU et des mesures d’accompagnement se jouera au cours de cette visite. Ahmedou Ould Abdallah pense que la présidence française du Conseil de sécurité peut aider à faire aboutir les demandes des pays visités.