Dans son texte, Mohamed Cheick Mkhaitir met en cause le système de castes qui divise la société mauritanienne et dans lequel la couleur de peau et la langue déterminent la place qu’on y occupe. Au bas de l’échelle, les Haratines, Noirs, sont encore traités comme des esclaves. « Les hommes travaillent sans salaire, et les femmes sont utilisées comme des objets sexuels », explique-t-il.
La Mauritanie est régulièrement épinglée par les ONG pour son bilan en matière des droits humains. Mais le dire sur les réseaux sociaux, vaut à Mohamed d’être jeté en prison, le 1er janvier 2014.
Il se retrouve dans une cellule sans lumière de 2 mètres sur un mètre. « Il n’y avait rien, pas de lit, ni de toilettes, ni de douche», raconte-t-il. « Juste une bouteille et une boîte de conserve », pour ses besoins naturels. Mohamed va rester sept mois dans ces conditions. Sans visite. Sans avocat.
Il est accusé d’apostasie, autrement dit d’avoir renié sa religion. Les chefs religieux estiment qu’il a porté atteinte au Prophète. A l’issue de son premier procès, le 23 décembre 2014, Mohamed est condamné à mort.
Son histoire sort heureusement du secret. Il est transféré dans une autre prison où les conditions sont un peu moins pires. Le commissaire des Droits de l’homme aux Nations unies vient le voir. Des avocats acceptent de le défendre. Malgré cela, la peine de mort est confirmée en appel, en avril 2016.
L’espoir revient en novembre 2017, lorsque la cour suprême annule cette condamnation et le renvoie devant une cour d’appel qui le punit de deux ans de prison, déjà effectués.
Mais alors qu’il pense retrouver la liberté, des militaires l’attendent le transfèrent dans une caserne où il restera détenu au secret, avant d’être finalement exfiltré au Sénégal, puis en France, le 29 juillet 2019. Mohamed a été contraint, quelques jours plus tôt, de lire un texte de « repentir », à la mosquée.
Il vit désormais dans un foyer d’hébergement et confie que les premiers temps, en France, n’ont pas été faciles. La solitude, l’ennui, le manque d’argent…
Mais il n’éprouve aucune haine envers ses tortionnaires. L’envie de dénoncer l’injustice le guide. Ce combat lui a permis de tenir et de ne jamais perdre espoir. Mohamed a obtenu, il y a quelques jours, le droit d’asile. Il vit désormais à côté de Bordeaux. Un nouvel avenir s’offre à lui.
Son combat contre l’injustice l’a aidé à tenir et à garder espoir. C’est un homme libre et sans haine envers ses tortionnaires qui témoigne.
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