Une Mission d’information et d’études du Parlement ACP-UE, en visite en Mauritanie du 24 au 26 avril 2018, a animé une conférence de presse qui a été sanctionnée par un communiqué lu par M.Michel Kamono, Co-vice-Président du Bureau de l’Assemblée parlementaire paritaire (APP), après un mot d’introduction de Mme Cécile Kashetu Kyenge, membre du Parlement européen, Coprésidente de l’APP et celui de Joseph Owono Kono, Coprésident de l’APP. Le communiqué de souligner que cette mission d’information et d’étude intervient sur invitation des autorités mauritaniennes, conformément à la résolution d’urgence adoptée par l’APP au cours de sa 34ème session ordinaire tenue à Port-au-Prince (Haïti) du 18 au 20 décembre 2017.
La mission de citer toutes les parties qu’elle a rencontré au cours de son séjour, notamment le Président de l’Assemblée Nationale, le Premier ministre, le ministre des Affaires Etrangères, le ministre de la Défense, le ministre de l’Intérieur, la ministre des Affaires Sociales, le ministre de la Justice, les partis de la majorité, de l’opposition dialoguiste, de l’opposition dite radicale, de la plateforme de la société civile, des organisations non gouvernementales, l’Ordre national des avocats, le Mécanisme national de prévention de la torture, le Commissariat aux droits de l’homme, l’Agence Tadamoun, la Commission nationale des droits de l’homme, les leaders religieux, la Coordination nationale de règlement des problèmes liés à l’enrôlement. Elle affirme avoir échangé avec le Coordinateur résident du système des Nations Unies et le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme en Mauritanie, ainsi que plusieurs représentants diplomatiques accrédités à Nouakchott.
Le communiqué de préciser que ces différents entretiens ont porté sur les questions liées à l’état de droit, aux droits de l’homme, aux libertés fondamentales, à la non-discrimination raciale, à la démocratie, à la bonne gouvernance et la séparation des pouvoirs. Ils ont aussi porté sur la pleine mise en œuvre de la feuille de route pour l’éradication de l’esclavage, la situation du pays, tant politique que du point de vue des droits humains, y compris le traitement des opposants politiques, les manifestations lors de la campagne référendaire et les défenseurs des droits de l’homme, sur les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion publique. «Au cours de ces différentes rencontres, la Mission a entendu des points de vue très clairement exprimés sur ces différentes questions» note le communiqué de presse.
Les parlementaires africains, caribéens et européens se sont félicité «de la disponibilité, de l’esprit d’ouverture et de la franchise des autorités mauritaniennes qui ont permis des échanges constructifs et fructueux». Ils reconnaissent «les efforts soutenus déployés par les autorités mauritaniennes pour relever les défis auxquels elles sont confrontées dans la consolidation de la stabilité, la cohésion nationale et sociale, ainsi que le développement intégré du pays». Ils ont reconnu «la nécessité d’intensifier les efforts pour le renforcement de la démocratie, de l’état de droit et du respect des droits humains». La Mission ACP-UE encourage ainsi «les autorités mauritaniennes à tout mettre en œuvre pour assurer le développement d’un processus électoral inclusif sur la base d’un recensement de la population et des électeurs sans lacune».
La Mission a souligné par ailleurs le rôle de pont que joue la Mauritanie entre l’Atlantique, le Sahel et la Méditerranée d’une part, et entre l’Europe, le Maghreb et l’Afrique Subsaharienne, d’autre part ». Elle reconnaît aussi le rôle joué par la Mauritanie dans la lutte contre le terrorisme et les trafics illicites «dans un environnement régional difficile » ainsi que son rôle«d’impulsion et d’orientation au sein du G5 Sahel». La Mission de réaffirmer que «la sécurité est primordiale non seulement pour le renforcement de la démocratie, de la stabilité et du développement, mais aussi pour faire face ensemble aux défis communs comme la lutte contre le terrorisme, la permanence des Etats dans le Sahel, la lutte contre le changement climatique, la maîtrise des flux migratoires, la prévention de l’extrémisme et de la radicalisation tant communautaire qu’islamique».
La Mission a souligné par ailleurs «la nécessité d’un accompagnement dynamique des efforts en cours aussi bien par le Groupe des Etats ACP-UE que par la communauté internationale». Elle a enfin exprimé sa gratitude au Président de l’Assemblée Nationale, au Gouvernement et au Peuple mauritanien pour l’accueil chaleureux et à la Délégation de l’Union Européennepour les excellentes conditions qui ont permis le bon déroulement de la mission.
Il faut souligner que la conférence de presse a été accompagnée d’une grande fébrilité de la part du Secrétariat et des membres de la Mission dans leur souci de rendre des copies «clean» à la presse, au risque de tomber parfois dans des situations cocasses. Le souci des membres de la mission de chasser tout atome crochu dans le communiqué, comme changer à la dernière minute l’expression «invite les autorités mauritaniennes» par «encourage les autorités mauritaniennes» dénotait de la grande précaution que les parlementaires tenaient à observer pour garder un ton diplomatique, attitude qui a frisé parfois la phobie. Cela est allé jusqu’à retirer, après deux ou trois changements, des copies déjà distribuées. Mais encore plus gênant, la correction à chaud de l’expression «processus inclusif» soulevé par un confrère qui cherchait une explication. «Ce n’est pas de processus inclusif que l’on voulait parler, mais de processus électoral » lui répondit-on, même si la première expression est restée quand même dans les copies des journalistes. Qu’à cela ne tienne ! A une question sur les préoccupations de l’opposition face au processus unilatéral déjà engagé pour les prochaines échéances électorales, CENI exclusif, liste électorale non révisée, entre autres, un membre de la Missions’empressera de lancer «l’opposition n’a qu’à participer», semblant ignorer que la participation du FNDU ne fait plus de doute, surtout pour une mission censé avoir rencontré ses dirigeants. Quant aux échos qui avaient filtré lors de la session ACP-UE en 2017 à Haïti, relatifs à un projet de résolution qui allait épingler la Mauritanie n’eut été l’intervention de quelques pays amis qui avaient demandé de surseoir à la mesure jusqu’à l’envoi d’une mission d’information et d’étude, objet de la présente mission, les membres présents lors de la conférence de presse ont démenti de telles allégations.
Finalement, les journalistes sont restés sur leur fin. En réponse à toutes les questions relatives aux multiples violations des droits de l’homme en Mauritanie, les porte-paroles de la Mission ACP-UE se sont contentés de répéter «tout ce que nous avons à dire est contenu dans le communiqué, nous ne sommes que des mandataires et nous ne rendrons compte qu’au Bureau de l’Assemblée paritaire». Pourquoi organiser alors une conférence de presse ?
A noter que la rencontre a été rehaussée par la présence de SEM Abdallahi Bah Nagi Kebd, ambassadeur de la Mauritanie à Bruxelles, SEM.Giacomo Durazzo, ambassadeur chef de la Délégation de l’Union Européenne en Mauritanie, M.Frank Engel, membre du Parlement européen, membre suppléant de l’APP, M.Adjedoue Weidou, Co-Vice-Président du Bureau de l’APP et l’ambassadeur Leonard Emile Ognimba, Sous-secrétaire général chargé des Affaires politiques et du développement humain.
Cheikh Aïdara
source courrierdunord.com