Nouakchott, 20 décembre 2022, (AMI) – A la lumière du discours du Président de la République à l’occasion de la fête de l’indépendance, le Palais des congrès de Nouakchott, a abrité, lundi, un colloque sur le thème ‘’ trois années de réformes économiques’’, organisé par les institutions des média publics.
Des membres du gouvernement, au côté d’autres hauts responsables ont pris part à cette manifestation, dont notamment, le ministre des Affaires économiques et de la Promotion des Secteurs productifs, M. Ousmane Mamoudou Kane, le ministre des Finances, M. Isselmou Ould Mohamed M’Bady, le gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie, M. Mohamed Lemine Ould Dhahby et le président du Patronat mauritanien, Mohamed Zeine El Abidine Cheikh Ahmed.
Parmi les thèmes abordés, au cours de la conférence-débat, les grands équilibres macroéconomiques, la politique monétaire, le système bancaire et l’investissement en Mauritanie.
Ouvrant le débat, le ministre des Affaires économiques a indiqué que la visite du Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, effectuée tout dernièrement aux Etats Unis, a permis de montrer aux participants à cette conférence afro-américaine le leadership du Président de la République.
Pour ce qui est des résultats de la visite en question, il a souligné que la Mauritanie a engagé des discussions approfondies en vue de la mise en place d’un nouveau programme, précisant qu’il s’agit d’un programme répondant aux ambitions des autorités mauritaniennes, sans aucune contrainte financière.
Le ministre des Affaires économiques a espéré que le conseil d’administration du FMI va approuver, d’ici peu, le plan en question.
En outre, il a déclaré que le gouvernement a, depuis un an, demandé au FMI de réaliser un diagnostic indépendant sur la gouvernance économique et financière de la Mauritanie, ajoutant que ce diagnostic est sur le point de s’achever.
Le ministre a indiqué que ”le gouvernement dispose d’un plan d’action pour les 5 prochaines années, contenant près de 400 projets d’une valeur de 10 milliards de dollars, et que ces ressources vont être utilisées pour mettre en œuvre une politique d’empathie et de solidarité vis-à-vis des mauritaniens’’, a-t-il dit.
Pour ce faire, la Mauritanie a besoin de mettre à profit de ses ressources humaines à travers le perfectionnement et la formation continue. A ce propos, il a souligné que le gouvernement s’emploie, depuis quelque temps, à améliorer la capacité des fonctionnaires en matière de gestion et d’exécution des projets.
Le ministre a évoqué la réaction du gouvernement face aux chocs exogènes, soulignant que la leçon apprise est qu’un pays ne devient indépendant que s’il assure sa sécurité alimentaire. Selon lui, la solution durable consiste à produire suffisamment pour se nourrir, ajoutant que la Mauritanie doit renforcer sa politique agricole à travers davantage d’innovation et de modernisation.
A ce propos, il a fait savoir que le gouvernement travaille depuis juin 2021 sur une nouvelle approche de valorisation de son foncier rural, et que l’Afrique, de façon générale, et la Mauritanie, en particulier, a besoin de capitaux et d’expertise pour mieux investir dans l’agriculture. ‘’La bonne réponse aux défis consiste à produire pour
mieux maitriser nos besoins alimentaires en 2023’’, a – t – il martelé.
A son tour, le ministre des Finances a souligné que le discours du Président de la République à l’occasion du 62e anniversaire de l’indépendance nationale, a mis en avant les préoccupations des populations, indiquant que ce discours a annoncé la plus importante augmentation des salaires et avantages offerts aux fonctionnaires et agents de l’Etat.
Il a essayé de définir le rôle du ministère des finances, soulignant que la mission de sa mission consiste à appliquer la politique monétaire du pays et à mobiliser les ressources nécessaires au fonctionnement de l’Etat.
”Mon département veille à la bonne exécution du budget au profit de l’investissement et du financement des programmes sociaux, et autres, illustrant ses propos par l’intervention du gouvernement durant la crise sanitaire de 2020, la sécheresse de 2021 et les inondations de 2022.
”Ces interventions ont permis d’atténuer l’impact des dites crises sur les populations, en plus des subventions accordées au département chargé de l’énergie”, a – t – dit.
Interrogé sur la lenteur de l’exécution de certains projets, il a confié que les difficultés constatées sont souvent liées à des procédures administratives, ajoutant que, depuis quelque temps, l’état d’avancement de l’exécution des projets est débattu en conseil des ministres, ce qui est de nature à accélérer leur mise en œuvre.
Le ministre des Finances a, en outre, déclaré que le gouvernement est résolument engagé en faveur de la transparence dans la gestion des fonds destinés à l’investissement public et au financement de programmes sociaux.
Pour lui, l’Etat met le citoyen au cœur de ses préoccupations, d’où la mobilisation et la réaffectation de ressources visant à améliorer ses conditions de vie.
Pour ce qui est du rapprochement des populations de l’administration, le ministre a indiqué que c’est un processus qui continue et prend de l’envergure, ajoutant que plusieurs services sont désormais accessibles à distance, via internet. C’est le cas, par exemple, du paiement de la quittance lors du renouvellement ou de l’établissement d’un passeport, du paiement des impôts, ou encore, l’état du patrimoine immobilier, etc.
De son côté, le Gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie pense que la visite du Président à Washington, en plus de sa réunion avec le directeur général du Fonds monétaire International, était importante dans la mesure où elle a permis de passer en revue la situation des finances publiques et le financement du déficit de la balance des paiements.
Tout comme le ministre de l’économie, il insiste sur le fait que le programme sur lequel la Mauritanie va travailler avec le FMI, est, en principe, destiné à des pays qui ont des difficultés. Or, la Mauritanie a la particularité d’avoir maitrisé son endettement, l’exemple en est la solution de la question de la dette de l’Etat du Koweit, soulignant que la restructuration de la dette a permis de faire passer sa masse de 78% en 2019 à moins 43% aujourd’hui.
Faisant référence au discours du Président de la République, il a déclaré qu’il a montré que la politique monétaire du pays est cohérente et qu’elle lutte contre l’inflation, indiquent que la politique monétaire de son institution vise essentiellement à stabiliser les prix.
”Dans les pays développés, la stabilisation des prix est de 2% tandis que nous en sommes à 4%, le taux directeur a permis de fixer les taux d’intérêts et les réserves obligatoires, et de réguler l’activité économique”, a – t – il souligné.
Le gouverneur a affirmé que cette politique monétaire a permis de stabiliser les prix et, donc, d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, signalant que la stabilisation constitue le premier gage des investisseurs.
D’après lui, la monnaie est stable, et cela a été prouvé durant les crises que le pays a traversées, précisant que le budget de l’Etat a doublé depuis 2019.
Prenant la parole à son tour, le président du patronat mauritanien, M. Mohamed Zeine El Abidine Ould Cheikh Ahmed, a indiqué que le gouvernement a réussi à gérer
efficacement les dernières crises grâce, notamment, à l’implication effective des hommes d’affaires.
Il a mentionné l’importante enveloppe, d’environ 303 milliards d’ouguiyas, allouée à divers projets de développement, ajoutant que le secteur privé a largement contribué à la mise en œuvre de ces projets.
Interrogé sur la hausse des prix, il a estimé que ce phénomène frappe partout dans le monde à cause, justement, de plusieurs facteurs.
‘’Malgré la conjoncture économique, la Mauritanie est presque parvenue à l’autosuffisance dans certaines denrées alimentaires comme le riz, tandis que les prix du sucre et de l’huile se stabilisent’’, a ajouté le président du patronat.
M. Ould Cheikh Ahmed, a par ailleurs, réitéré la volonté du secteur privé de tenir son engagement pour booster la production locale, soulignant que le rendement d’un hectare de riz a augmenté ces derniers temps en passant de 5 tonnes par hectare à 8 tonnes.
AMI