On a beau se dire que la vie est ainsi faite, que la naissance est déjà une étape de la mort, qu’elle est un pas sur le chemin de la tombe, que «illi khlig maat»… on a beau se plier à la force du Destin qui frappe avec violence tout en espérant que la Miséricorde atténue la douleur du moment… nous restons ce que nous sommes…
On parlera de Mohameden, le commis de l’Etat, celui qui a dédié sa vie à établir, à parfaire les lois qui régissent aujourd’hui la Fonction publique, à batailler pour un meilleur statut du fonctionnaire, un respect plus formel du fonctionnaire…
On parlera de Mohameden, le serviteur de la République, celui qui a toujours évité de subordonner les impératifs professionnels aux choix politiques et aux conjonctures sociales, celui qui, jusqu’au dernier moment, luttait pour faire aboutir quelques chantiers bien inscrits dans le programme du Président de la République comme celui de la gestion des carrières ou des critères de nominations aux hautes fonctions de l’administration.
On parlera de Mohameden comme le fils authentique d’une société malade de cette élite pervertie par ses pratiques dictées par la recherche effrénée du profit personnel et du pouvoir, les deux allant de pair ici. Jusqu’au bout il aura incarné cette authenticité faite de mesure, d’humilité, de quête d’équité, de droiture…
On parlera de Mohameden l’humaniste, le protecteur, le bienveillant… de Mohameden l’infiniment Homme…
Les plus attentifs et les moins possessifs parmi nous finiront par comprendre que Mohameden, cet être si cher et si près de chacun, est la somme d’une multitude de liens, d’affections, d’affinités toutes particulières, toutes plus intenses les unes que les autres… Nous accepterons alors que Mohameden n’appartient à personne en particulier et qu’il a réussi à être ce qu’il a voulu dans sa vie : un Bien public, une propriété collective dont l’usufruit nourrit tout un chacun…
Je prétexterai ici la sobriété, l’une de ces valeurs qu’il défendait et qu’il arrivait sans mal à incarner, pour essayer de ne pas pleurer, de ne pas être excessif dans l’expression de ce que nous ressentons, même pas dans nos propos pour le décrire…
اللهم استرنا بسترك الجميل
C’est ce qu’il disait chaque fois que les plus hardis s’aventurent à un compliment à son égard…
A Zahra, l’épouse qui a su, qui a pu être à la hauteur de l’homme et de la situation, à Ghaya, Amal, Leyla, à Bah et Fall, aux familles Ehl Hamed, aux fonctionnaires mauritaniens dans leur diversité, à l’administration du pays, aux amis, à tous ceux qui croient à l’Etat , vont nos condoléances les plus attristées.
A nous cette consolation de taille : Mohameden a vécu pour incarner des valeurs qui sont, elles, éternelles. A nous de les entretenir pour que la flamme de l’intégrité et de la compétence ne s’éteigne jamais.
mohamed Vall Ould oumeir ( fB )