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Mauritanie : Un objecteur de conscience sous danger de meurtre

Mercredi 6 Juin 2018 - 19:22


Note d’alerte

1. Mohamed Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir, ancien condamné à la peine capitale, libéré, par  décision de la Cour d’appel de Nouadhibou le 8 novembre 2017 mais toujours séquestré dans un lieu secret, subissait, tôt le 6 juin, une violente crise de douleurs à l’abdomen.  Selon les rares témoins, il hurlait, entre des accès de convulsions. Un médecin de l’hôpital cubain a réclamé son hospitalisation en soins intensifs. Les autorités  refuseraient, arguant des motifs de sécurité mais lui administrent un traitement sédatif. Le précédent bilan de santé du prévenu ne mentionnerait de pathologie grave. Le détenu ignore qui prépare sa nourriture. Sa famille et ses avocats lui sont interdits d’accès et ne savent la teneur de son régime alimentaire. Le risque d’empoisonnement demeure élevé.
L’un de ses deux avocats -  lui aussi persécuté et menacé de mort - Maître Mohamed Ould Moïne, confirme l’incident de santé mais précise en ignorer la cause exacte.

2. Mohamed Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir encourt la liquidation extrajudiciaire, sans que les autorités de la Mauritanie en soient avisées. L’opinion ayant atteint un niveau  sans précédent de disponibilité au jihadisme,  le zèle meurtrier d’une faction ou d’un individu isolé peut occasionner l’assassinat du susdit. Deux personnes, parfaitement identifiées, ont appelé, en public à son exécution. La première, en 2014, avait promis une récompense de 10 000 euros à qui le tuerait ; la seconde jurait, deux ans après, de réaliser l’homicide, elle-même. Aucune ne sera poursuivie, encore moins entendue par un juge.

3. Illustration d’une dérive accélérée du pays sur la voie du fanatisme religieux, deux évènements législatifs retiennent l’attention :
 
  1. le 9 juin 2017, un texte pénalisant la discrimination, stipulait, au paragraphe premier de l’article 10: « quiconque encourage un discours incendiaire contre le rite officiel de la République islamique de Mauritanie est puni d’un (1) an à cinq (5) ans d’emprisonnement » ; or, la Constitution ne cite la notion de « rite », pas plus, d’ailleurs, que dans la quasi-totalité des Etats musulmans.
  2. Le 27 avril 2018, l’Assemblée nationale vote un texte encore plus liberticide ; une dépêche de l’Agence mauritanienne d’information (Ami) le résumait, 10 jours plus tôt : « Le présent projet de loi vise à abroger et remplacer l’article 306 du Code Pénal en vue de durcir les peines prévues à l’encontre du blasphémateur », a précisé le gouvernement. « Chaque musulman, homme ou femme, qui se moque ou outrage Allah ou Son Messager (Mahomet) - Paix et Salut sur Lui - ses anges, ses livres ou l’un de ses Prophètes est passible de la peine de mort, sans être appelé à se repentir. Il encourt la peine capitale même en cas de repentir ». Pourtant, le repentir constitue est au fondement théologique et doctrinal du monothéisme.
4. Ironie du sort,  le gouvernement mauritanien, mène, depuis la première semaine de juin 2018, une campagne de sensibilisation contre « l’extrémisme violent ».
 
Nouakchott, le 6 juin 2018
Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (Ira)
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