Le marché du livre mauritanien reste balbutiant malgré une longue tradition centrée sur le livre et les bibliothèques. Très peu d’éditeurs sont implantés dans le pays : l’imprimerie Sahel, l’édition 15/21, Ibis Press, Artowa, l’Institut Supérieur Scientifique de Nouakchott, Joussour. De même, le système de distribution du livre est également quasiment inexistant, même dans les grandes villes selon l’étude de terrain réalisée par Aina Rostaing en 2023 [1].
La capitale de la Mauritanie compte relativement peu de librairies en soi. Selon les recherches sur Internet et la pratique municipale, il existe une dizaine de librairies.
La librairie 15/21, créée en 2002 par un journaliste mauritanien, a pour objectif principal d’encourager la lecture en Mauritanie et de toucher un public le plus diversifié possible. Constitué aux trois quarts de livres en arabe et de fournitures de papeterie, un espace est consacré aux livres en français. Parmi ces livres, très peu de littérature ou de bande dessinée française mais à l’inverse, une grande majorité d’ouvrages sur la Mauritanie, le Sahel, l’Islam ou l’Afrique. Même si on retrouve aussi, mêlés à ceux-ci, des livres sur les Ardennes, le saké au Japon ou encore le rugby en Europe.
Membre de l’AILF, la librairie Vents du Sud est l’une des plus grandes librairies francophones du pays, ce qui ne l’empêche pas d’être composée à moitié de livres en arabe et de papeterie. En revanche, les livres en français sont particulièrement mis en avant.
La troisième librairie, la librairie Joussour Abdel Aziz, propose également un bel assortiment de livres en français, malgré la grande dominance des livres en arabe. Les éditeurs sont les mêmes que dans les autres librairies. La papeterie joue également un rôle important dans le fonctionnement du lieu.
Les autres librairies visitées par Aïna ne proposaient que des manuels scolaires ou des livres de programmes scolaires. Les livres proposés en français sont à peu près les mêmes entre les librairies. Les maisons d’édition L’Harmattan et Karthala – éditeurs non africains – sont surreprésentées (environ les trois quarts des ouvrages présents). De nombreuses œuvres proposées ont également été publiées il y a des années, voire plusieurs décennies, et les nouvelles productions sont rares.
Tout cela est parfaitement rendu dans un extrait des mémoires rédigés par Aïna Rostaing : « Les fonds locaux de l’IFM disposent de nombreux ouvrages publiés par la maison d’édition Joussour, créée par le mauritanien Mohamed Ould Bouleiba. […]. Selon lui, la situation de l’édition en Mauritanie n’est pas très bonne, il y a notamment peu de maisons d’édition professionnelles. C’est-à-dire qu’il y a des gens qui publient, des commerçants, mais qui n’ont pas de comité de lecture – contrairement à lui – ni de réelles connaissances dans le métier. Propos confirmés par le directeur de la bibliothèque nationale de Mauritanie : L’édition c’est le côté commercial, chaque famille peut ouvrir sa maison d’édition sans compétences particulières […] Les maisons d’édition ici ne sont pas très organisées, les gens ne disposent pas de matériel suffisant pour garantir l’impression locale en Mauritanie et les éditeurs et écrivains se retrouvent obligés de demander ailleurs, d’aller ailleurs, d’envoyer ailleurs pour être édités.
Pour sa maison d’édition, Mohamed Ould Bouleiba emploie plusieurs personnes à temps partiel (infographistes, techniciens, etc.) et dispose de sa propre imprimerie pour imprimer ses ouvrages, à cinq cents ou mille exemplaires. Il ne vit pas de cette activité : « Les gens n’achètent pas de livres. » Ses travaux sont régulièrement soutenus par des institutions comme la Coopération française ou la Banque centrale de Mauritanie. Les livres publiés par sa maison d’édition sont de plusieurs types, généralement scientifiques : traduction en arabe d’un ouvrage français par le réalisateur lui-même, ouvrages d’analyse littéraire également écrits par Mohamed Ould Bouleiba, mais aussi livres écrits par des amis et collègues mauritaniens. Il publie dans les deux langues, français et arabe. »
Tout cela laisse peu de place au développement d’une bande dessinée mauritanienne qui souffre d’une indéniable discrétion.
Abdoul Ba (son nom Ba Mamadou Adama) est le seul designer avec une vraie carrière derrière lui. Il est surtout connu comme dessinateur pour la presse indépendante depuis 1983 (il est né en juin 1968 à Bagodine, dans le sud du pays, au bord du fleuve Sénégal).
Ses dessins sont parus dans plusieurs quotidiens et hebdomadaires qui fleurissent depuis le début de la période de démocratisation du pays : Le calame, Actualités Mauritanie, La Tortue, l’Éveil Hebdo, Al Ankbar, Echtary, Mauritanie demain, Ahbar al Ousboue, La Tribuneetc. (une douzaine de titres dont beaucoup sont déjà morts).
Sa collaboration avec des ONG et des organisations internationales lui a permis de réaliser de bonnes bandes dessinées pédagogiques : Samba ou le moment de choisir (avec l’ONG World Vision en 1998), En route vers les moustiquaires imprégnées (pour qui). Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages qui restent les seuls disponibles dans le pays : Le Secret des vacances (avec le Comité National de Lutte contre le Paludisme), Garçon vers (avec l’ONG Terre Vivante), Le violeur. L’affaire Dakhal Chison premier album personnel, publié par le Centre Culturel Français de Nouakchott en 2000, est le seul à avoir fait l’objet de critiques dans la presse étrangère, en l’occurrence le n°10 de Takam tikou, le bulletin de la Joie à travers les livres.
Abdoul Ba est également le seul dessinateur de son pays à avoir participé à un festival international de bande dessinée, à savoir ceux de Libreville en 1999 et d’Alger (FIBDA) en 2010.
Par la suite, Abdoul Ba publiera Les illusions d’Abdallahun travail plus personnel qui traite de l’islamisme et d’autres albums de commande, toujours de bon niveau, comme Les Zazous de Zeinebou (sur les sacs plastiques, fléau d’un continent où il existe très peu d’usines de traitement des déchets) ainsi que Les Objectifs du Millénairepublié par le PNUD.
En 2006, sort la seule bande dessinée collective mauritanienne : Clin d’œil des artistes, soutenu par le Centre Culturel Français Antoine de Saint Exupéry. Deux d’entre eux ne sont pas des professionnels.
Ousmane Sow (maintenant décédé), qui dessine Ngaari njawlé, était policier et ne dessinait que pendant son temps libre. Il se fait remarquer en 2000 avec une brochure de prévention sur la dracunculose ou ver de Guinée publiée par l’Unicef et distribuée dans plusieurs pays.
Le marché du livre mauritanien reste balbutiant malgré une longue tradition centrée sur le livre et les bibliothèques. Très peu d’éditeurs sont implantés dans le pays : l’imprimerie Sahel, l’édition 15/21, Ibis Press, Artowa, l’Institut Supérieur Scientifique de Nouakchott, Joussour. De même, le système de distribution du livre est également quasiment inexistant, même dans les grandes villes selon l’étude de terrain réalisée par Aina Rostaing en 2023 [1].
La capitale de la Mauritanie compte relativement peu de librairies en soi. Selon les recherches sur Internet et la pratique municipale, il existe une dizaine de librairies.
La librairie 15/21, créée en 2002 par un journaliste mauritanien, a pour objectif principal d’encourager la lecture en Mauritanie et de toucher un public le plus diversifié possible. Constitué aux trois quarts de livres en arabe et de fournitures de papeterie, un espace est consacré aux livres en français. Parmi ces livres, très peu de littérature ou de bande dessinée française mais à l’inverse, une grande majorité d’ouvrages sur la Mauritanie, le Sahel, l’Islam ou l’Afrique. Même si on retrouve aussi, mêlés à ceux-ci, des livres sur les Ardennes, le saké au Japon ou encore le rugby en Europe.
Membre de l’AILF, la librairie Vents du Sud est l’une des plus grandes librairies francophones du pays, ce qui ne l’empêche pas d’être composée à moitié de livres en arabe et de papeterie. En revanche, les livres en français sont particulièrement mis en avant.
La troisième librairie, la librairie Joussour Abdel Aziz, propose également un bel assortiment de livres en français, malgré la grande dominance des livres en arabe. Les éditeurs sont les mêmes que dans les autres librairies. La papeterie joue également un rôle important dans le fonctionnement du lieu.
Les autres librairies visitées par Aïna ne proposaient que des manuels scolaires ou des livres de programmes scolaires. Les livres proposés en français sont à peu près les mêmes entre les librairies. Les maisons d’édition L’Harmattan et Karthala – éditeurs non africains – sont surreprésentées (environ les trois quarts des ouvrages présents). De nombreuses œuvres proposées ont également été publiées il y a des années, voire plusieurs décennies, et les nouvelles productions sont rares.
Tout cela est parfaitement rendu dans un extrait des mémoires rédigés par Aïna Rostaing : « Les fonds locaux de l’IFM disposent de nombreux ouvrages publiés par la maison d’édition Joussour, créée par le mauritanien Mohamed Ould Bouleiba. […]. Selon lui, la situation de l’édition en Mauritanie n’est pas très bonne, il y a notamment peu de maisons d’édition professionnelles. C’est-à-dire qu’il y a des gens qui publient, des commerçants, mais qui n’ont pas de comité de lecture – contrairement à lui – ni de réelles connaissances dans le métier. Propos confirmés par le directeur de la bibliothèque nationale de Mauritanie : L’édition c’est le côté commercial, chaque famille peut ouvrir sa maison d’édition sans compétences particulières […] Les maisons d’édition ici ne sont pas très organisées, les gens ne disposent pas de matériel suffisant pour garantir l’impression locale en Mauritanie et les éditeurs et écrivains se retrouvent obligés de demander ailleurs, d’aller ailleurs, d’envoyer ailleurs pour être édités.
Pour sa maison d’édition, Mohamed Ould Bouleiba emploie plusieurs personnes à temps partiel (infographistes, techniciens, etc.) et dispose de sa propre imprimerie pour imprimer ses ouvrages, à cinq cents ou mille exemplaires. Il ne vit pas de cette activité : « Les gens n’achètent pas de livres. » Ses travaux sont régulièrement soutenus par des institutions comme la Coopération française ou la Banque centrale de Mauritanie. Les livres publiés par sa maison d’édition sont de plusieurs types, généralement scientifiques : traduction en arabe d’un ouvrage français par le réalisateur lui-même, ouvrages d’analyse littéraire également écrits par Mohamed Ould Bouleiba, mais aussi livres écrits par des amis et collègues mauritaniens. Il publie dans les deux langues, français et arabe. »
Tout cela laisse peu de place au développement d’une bande dessinée mauritanienne qui souffre d’une indéniable discrétion.
Abdoul Ba (son nom Ba Mamadou Adama) est le seul designer avec une vraie carrière derrière lui. Il est surtout connu comme dessinateur pour la presse indépendante depuis 1983 (il est né en juin 1968 à Bagodine, dans le sud du pays, au bord du fleuve Sénégal).
Ses dessins sont parus dans plusieurs quotidiens et hebdomadaires qui fleurissent depuis le début de la période de démocratisation du pays : Le calame, Actualités Mauritanie, La Tortue, l’Éveil Hebdo, Al Ankbar, Echtary, Mauritanie demain, Ahbar al Ousboue, La Tribuneetc. (une douzaine de titres dont beaucoup sont déjà morts).
Sa collaboration avec des ONG et des organisations internationales lui a permis de réaliser de bonnes bandes dessinées pédagogiques : Samba ou le moment de choisir (avec l’ONG World Vision en 1998), En route vers les moustiquaires imprégnées (pour qui). Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages qui restent les seuls disponibles dans le pays : Le Secret des vacances (avec le Comité National de Lutte contre le Paludisme), Garçon vers (avec l’ONG Terre Vivante), Le violeur. L’affaire Dakhal Chison premier album personnel, publié par le Centre Culturel Français de Nouakchott en 2000, est le seul à avoir fait l’objet de critiques dans la presse étrangère, en l’occurrence le n°10 de Takam tikou, le bulletin de la Joie à travers les livres.
Abdoul Ba est également le seul dessinateur de son pays à avoir participé à un festival international de bande dessinée, à savoir ceux de Libreville en 1999 et d’Alger (FIBDA) en 2010.
Par la suite, Abdoul Ba publiera Les illusions d’Abdallahun travail plus personnel qui traite de l’islamisme et d’autres albums de commande, toujours de bon niveau, comme Les Zazous de Zeinebou (sur les sacs plastiques, fléau d’un continent où il existe très peu d’usines de traitement des déchets) ainsi que Les Objectifs du Millénairepublié par le PNUD.
En 2006, sort la seule bande dessinée collective mauritanienne : Clin d’œil des artistes, soutenu par le Centre Culturel Français Antoine de Saint Exupéry. Deux d’entre eux ne sont pas des professionnels.
Ousmane Sow (maintenant décédé), qui dessine Ngaari njawlé, était policier et ne dessinait que pendant son temps libre. Il se fait remarquer en 2000 avec une brochure de prévention sur la dracunculose ou ver de Guinée publiée par l’Unicef et distribuée dans plusieurs pays.
Malgré son jeune âge, il remporte en 2017 un prix à Nouakshortfilm pour son court métrage « Trichi », un film qu’il vient de dessiner sur le vif et de monter, sans scénario ni scénario. story-board. Abdarrahmane M’bareck Vall a également réalisé plusieurs bandes dessinées personnelles, notamment un livre de 150 pages intitulé Homme bâton. En 2017, il a réalisé deux épisodes d’un manga sur le breakdance intitulé Rompre des breakdancers italiens et des YouTubers de Falcrow Production.
news.days.fr
La capitale de la Mauritanie compte relativement peu de librairies en soi. Selon les recherches sur Internet et la pratique municipale, il existe une dizaine de librairies.
La librairie 15/21, créée en 2002 par un journaliste mauritanien, a pour objectif principal d’encourager la lecture en Mauritanie et de toucher un public le plus diversifié possible. Constitué aux trois quarts de livres en arabe et de fournitures de papeterie, un espace est consacré aux livres en français. Parmi ces livres, très peu de littérature ou de bande dessinée française mais à l’inverse, une grande majorité d’ouvrages sur la Mauritanie, le Sahel, l’Islam ou l’Afrique. Même si on retrouve aussi, mêlés à ceux-ci, des livres sur les Ardennes, le saké au Japon ou encore le rugby en Europe.
Membre de l’AILF, la librairie Vents du Sud est l’une des plus grandes librairies francophones du pays, ce qui ne l’empêche pas d’être composée à moitié de livres en arabe et de papeterie. En revanche, les livres en français sont particulièrement mis en avant.
La troisième librairie, la librairie Joussour Abdel Aziz, propose également un bel assortiment de livres en français, malgré la grande dominance des livres en arabe. Les éditeurs sont les mêmes que dans les autres librairies. La papeterie joue également un rôle important dans le fonctionnement du lieu.
Les autres librairies visitées par Aïna ne proposaient que des manuels scolaires ou des livres de programmes scolaires. Les livres proposés en français sont à peu près les mêmes entre les librairies. Les maisons d’édition L’Harmattan et Karthala – éditeurs non africains – sont surreprésentées (environ les trois quarts des ouvrages présents). De nombreuses œuvres proposées ont également été publiées il y a des années, voire plusieurs décennies, et les nouvelles productions sont rares.
Tout cela est parfaitement rendu dans un extrait des mémoires rédigés par Aïna Rostaing : « Les fonds locaux de l’IFM disposent de nombreux ouvrages publiés par la maison d’édition Joussour, créée par le mauritanien Mohamed Ould Bouleiba. […]. Selon lui, la situation de l’édition en Mauritanie n’est pas très bonne, il y a notamment peu de maisons d’édition professionnelles. C’est-à-dire qu’il y a des gens qui publient, des commerçants, mais qui n’ont pas de comité de lecture – contrairement à lui – ni de réelles connaissances dans le métier. Propos confirmés par le directeur de la bibliothèque nationale de Mauritanie : L’édition c’est le côté commercial, chaque famille peut ouvrir sa maison d’édition sans compétences particulières […] Les maisons d’édition ici ne sont pas très organisées, les gens ne disposent pas de matériel suffisant pour garantir l’impression locale en Mauritanie et les éditeurs et écrivains se retrouvent obligés de demander ailleurs, d’aller ailleurs, d’envoyer ailleurs pour être édités.
Pour sa maison d’édition, Mohamed Ould Bouleiba emploie plusieurs personnes à temps partiel (infographistes, techniciens, etc.) et dispose de sa propre imprimerie pour imprimer ses ouvrages, à cinq cents ou mille exemplaires. Il ne vit pas de cette activité : « Les gens n’achètent pas de livres. » Ses travaux sont régulièrement soutenus par des institutions comme la Coopération française ou la Banque centrale de Mauritanie. Les livres publiés par sa maison d’édition sont de plusieurs types, généralement scientifiques : traduction en arabe d’un ouvrage français par le réalisateur lui-même, ouvrages d’analyse littéraire également écrits par Mohamed Ould Bouleiba, mais aussi livres écrits par des amis et collègues mauritaniens. Il publie dans les deux langues, français et arabe. »
Tout cela laisse peu de place au développement d’une bande dessinée mauritanienne qui souffre d’une indéniable discrétion.
Abdoul Ba (son nom Ba Mamadou Adama) est le seul designer avec une vraie carrière derrière lui. Il est surtout connu comme dessinateur pour la presse indépendante depuis 1983 (il est né en juin 1968 à Bagodine, dans le sud du pays, au bord du fleuve Sénégal).
Ses dessins sont parus dans plusieurs quotidiens et hebdomadaires qui fleurissent depuis le début de la période de démocratisation du pays : Le calame, Actualités Mauritanie, La Tortue, l’Éveil Hebdo, Al Ankbar, Echtary, Mauritanie demain, Ahbar al Ousboue, La Tribuneetc. (une douzaine de titres dont beaucoup sont déjà morts).
Sa collaboration avec des ONG et des organisations internationales lui a permis de réaliser de bonnes bandes dessinées pédagogiques : Samba ou le moment de choisir (avec l’ONG World Vision en 1998), En route vers les moustiquaires imprégnées (pour qui). Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages qui restent les seuls disponibles dans le pays : Le Secret des vacances (avec le Comité National de Lutte contre le Paludisme), Garçon vers (avec l’ONG Terre Vivante), Le violeur. L’affaire Dakhal Chison premier album personnel, publié par le Centre Culturel Français de Nouakchott en 2000, est le seul à avoir fait l’objet de critiques dans la presse étrangère, en l’occurrence le n°10 de Takam tikou, le bulletin de la Joie à travers les livres.
Abdoul Ba est également le seul dessinateur de son pays à avoir participé à un festival international de bande dessinée, à savoir ceux de Libreville en 1999 et d’Alger (FIBDA) en 2010.
Par la suite, Abdoul Ba publiera Les illusions d’Abdallahun travail plus personnel qui traite de l’islamisme et d’autres albums de commande, toujours de bon niveau, comme Les Zazous de Zeinebou (sur les sacs plastiques, fléau d’un continent où il existe très peu d’usines de traitement des déchets) ainsi que Les Objectifs du Millénairepublié par le PNUD.
En 2006, sort la seule bande dessinée collective mauritanienne : Clin d’œil des artistes, soutenu par le Centre Culturel Français Antoine de Saint Exupéry. Deux d’entre eux ne sont pas des professionnels.
Ousmane Sow (maintenant décédé), qui dessine Ngaari njawlé, était policier et ne dessinait que pendant son temps libre. Il se fait remarquer en 2000 avec une brochure de prévention sur la dracunculose ou ver de Guinée publiée par l’Unicef et distribuée dans plusieurs pays.
Le marché du livre mauritanien reste balbutiant malgré une longue tradition centrée sur le livre et les bibliothèques. Très peu d’éditeurs sont implantés dans le pays : l’imprimerie Sahel, l’édition 15/21, Ibis Press, Artowa, l’Institut Supérieur Scientifique de Nouakchott, Joussour. De même, le système de distribution du livre est également quasiment inexistant, même dans les grandes villes selon l’étude de terrain réalisée par Aina Rostaing en 2023 [1].
La capitale de la Mauritanie compte relativement peu de librairies en soi. Selon les recherches sur Internet et la pratique municipale, il existe une dizaine de librairies.
La librairie 15/21, créée en 2002 par un journaliste mauritanien, a pour objectif principal d’encourager la lecture en Mauritanie et de toucher un public le plus diversifié possible. Constitué aux trois quarts de livres en arabe et de fournitures de papeterie, un espace est consacré aux livres en français. Parmi ces livres, très peu de littérature ou de bande dessinée française mais à l’inverse, une grande majorité d’ouvrages sur la Mauritanie, le Sahel, l’Islam ou l’Afrique. Même si on retrouve aussi, mêlés à ceux-ci, des livres sur les Ardennes, le saké au Japon ou encore le rugby en Europe.
Membre de l’AILF, la librairie Vents du Sud est l’une des plus grandes librairies francophones du pays, ce qui ne l’empêche pas d’être composée à moitié de livres en arabe et de papeterie. En revanche, les livres en français sont particulièrement mis en avant.
La troisième librairie, la librairie Joussour Abdel Aziz, propose également un bel assortiment de livres en français, malgré la grande dominance des livres en arabe. Les éditeurs sont les mêmes que dans les autres librairies. La papeterie joue également un rôle important dans le fonctionnement du lieu.
Les autres librairies visitées par Aïna ne proposaient que des manuels scolaires ou des livres de programmes scolaires. Les livres proposés en français sont à peu près les mêmes entre les librairies. Les maisons d’édition L’Harmattan et Karthala – éditeurs non africains – sont surreprésentées (environ les trois quarts des ouvrages présents). De nombreuses œuvres proposées ont également été publiées il y a des années, voire plusieurs décennies, et les nouvelles productions sont rares.
Tout cela est parfaitement rendu dans un extrait des mémoires rédigés par Aïna Rostaing : « Les fonds locaux de l’IFM disposent de nombreux ouvrages publiés par la maison d’édition Joussour, créée par le mauritanien Mohamed Ould Bouleiba. […]. Selon lui, la situation de l’édition en Mauritanie n’est pas très bonne, il y a notamment peu de maisons d’édition professionnelles. C’est-à-dire qu’il y a des gens qui publient, des commerçants, mais qui n’ont pas de comité de lecture – contrairement à lui – ni de réelles connaissances dans le métier. Propos confirmés par le directeur de la bibliothèque nationale de Mauritanie : L’édition c’est le côté commercial, chaque famille peut ouvrir sa maison d’édition sans compétences particulières […] Les maisons d’édition ici ne sont pas très organisées, les gens ne disposent pas de matériel suffisant pour garantir l’impression locale en Mauritanie et les éditeurs et écrivains se retrouvent obligés de demander ailleurs, d’aller ailleurs, d’envoyer ailleurs pour être édités.
Pour sa maison d’édition, Mohamed Ould Bouleiba emploie plusieurs personnes à temps partiel (infographistes, techniciens, etc.) et dispose de sa propre imprimerie pour imprimer ses ouvrages, à cinq cents ou mille exemplaires. Il ne vit pas de cette activité : « Les gens n’achètent pas de livres. » Ses travaux sont régulièrement soutenus par des institutions comme la Coopération française ou la Banque centrale de Mauritanie. Les livres publiés par sa maison d’édition sont de plusieurs types, généralement scientifiques : traduction en arabe d’un ouvrage français par le réalisateur lui-même, ouvrages d’analyse littéraire également écrits par Mohamed Ould Bouleiba, mais aussi livres écrits par des amis et collègues mauritaniens. Il publie dans les deux langues, français et arabe. »
Tout cela laisse peu de place au développement d’une bande dessinée mauritanienne qui souffre d’une indéniable discrétion.
Abdoul Ba (son nom Ba Mamadou Adama) est le seul designer avec une vraie carrière derrière lui. Il est surtout connu comme dessinateur pour la presse indépendante depuis 1983 (il est né en juin 1968 à Bagodine, dans le sud du pays, au bord du fleuve Sénégal).
Ses dessins sont parus dans plusieurs quotidiens et hebdomadaires qui fleurissent depuis le début de la période de démocratisation du pays : Le calame, Actualités Mauritanie, La Tortue, l’Éveil Hebdo, Al Ankbar, Echtary, Mauritanie demain, Ahbar al Ousboue, La Tribuneetc. (une douzaine de titres dont beaucoup sont déjà morts).
Sa collaboration avec des ONG et des organisations internationales lui a permis de réaliser de bonnes bandes dessinées pédagogiques : Samba ou le moment de choisir (avec l’ONG World Vision en 1998), En route vers les moustiquaires imprégnées (pour qui). Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages qui restent les seuls disponibles dans le pays : Le Secret des vacances (avec le Comité National de Lutte contre le Paludisme), Garçon vers (avec l’ONG Terre Vivante), Le violeur. L’affaire Dakhal Chison premier album personnel, publié par le Centre Culturel Français de Nouakchott en 2000, est le seul à avoir fait l’objet de critiques dans la presse étrangère, en l’occurrence le n°10 de Takam tikou, le bulletin de la Joie à travers les livres.
Abdoul Ba est également le seul dessinateur de son pays à avoir participé à un festival international de bande dessinée, à savoir ceux de Libreville en 1999 et d’Alger (FIBDA) en 2010.
Par la suite, Abdoul Ba publiera Les illusions d’Abdallahun travail plus personnel qui traite de l’islamisme et d’autres albums de commande, toujours de bon niveau, comme Les Zazous de Zeinebou (sur les sacs plastiques, fléau d’un continent où il existe très peu d’usines de traitement des déchets) ainsi que Les Objectifs du Millénairepublié par le PNUD.
En 2006, sort la seule bande dessinée collective mauritanienne : Clin d’œil des artistes, soutenu par le Centre Culturel Français Antoine de Saint Exupéry. Deux d’entre eux ne sont pas des professionnels.
Ousmane Sow (maintenant décédé), qui dessine Ngaari njawlé, était policier et ne dessinait que pendant son temps libre. Il se fait remarquer en 2000 avec une brochure de prévention sur la dracunculose ou ver de Guinée publiée par l’Unicef et distribuée dans plusieurs pays.
Malgré son jeune âge, il remporte en 2017 un prix à Nouakshortfilm pour son court métrage « Trichi », un film qu’il vient de dessiner sur le vif et de monter, sans scénario ni scénario. story-board. Abdarrahmane M’bareck Vall a également réalisé plusieurs bandes dessinées personnelles, notamment un livre de 150 pages intitulé Homme bâton. En 2017, il a réalisé deux épisodes d’un manga sur le breakdance intitulé Rompre des breakdancers italiens et des YouTubers de Falcrow Production.
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