C'est reparti comme en 2016 ! Washington estime que les Russes sont de nouveau à pied d'oeuvre, de façon souterraine, pour peser dans la campagne présidentielle américaine en favorisant Donald Trump ou son rival démocrate de prédilection, Bernie Sanders.
Le milliardaire républicain a dénoncé vendredi comme une "mascarade" ces informations pourtant issues de ses propres services de renseignement.
"Une autre campagne de désinformation est lancée par les démocrates du Congrès, assurant que la Russie me préfère plutôt qu'un des démocrates-qui-ne-font-rien", a tweeté le président américain. "Mascarade!", a-t-il ajouté.
Cette polémique procure une sensation de retour quatre ans en arrière: mêmes protagonistes (Trump et les Russes), même contexte de campagne électorale et même fureur de l'ex-magnat de l'immobilier, très susceptible dès qu'on évoque sa proximité avec Vladimir Poutine. Le président russe avait clairement confirmé, en juillet 2018, avoir souhaité la victoire de Donald Trump en 2016, tout en niant catégoriquement l'implication de ses agents.
Plus tard vendredi, en meeting électoral à Las Vegas, M. Trump a encore rejeté l'idée que Poutine souhaiterait le voir réélu. "Ne préférerait-il pas, disons, Bernie (Sanders) ?", s'est interrogé le président américain, en citant le sénateur socialiste du Vermont, actuellement en tête des sondages de la primaire démocrate.
Ce dernier aurait justement été la cible d'interférences de Moscou en sa faveur, a assuré vendredi le quotidien Washington Post. Des informations qui ont poussé M. Sanders à assuré "ne pas considérer Vladimir Poutine comme un bon ami, contrairement à Donald Trump".
"Franchement, je me moque de savoir qui Poutine veut comme président. Mon message à Poutine est clair: restez à l'écart des élections américaines", a asséné le sénateur.
En aidant M. Sanders, les Russes chercheraient-ils en fait à aider M. Trump ? La question mérite d'être posée tant le président semble convaincu d'une victoire plus facile face à ce candidat plus âgé que lui et très à gauche, qui aura du mal à séduire les centristes.
- Trump courroucé -
La révélation de nouvelles interférences de Moscou a été faite à des parlementaires du Congrès lors d'un briefing censé rester confidentiel.
Le président a été particulièrement courroucé par la présence à ce briefing, remontant au 13 février, d'Adam Schiff, le démocrate qui a dirigé l'enquête déclenchant sa mise en accusation au Congrès. Une procédure qui a finalement abouti à l'acquittement de M. Trump.
En conséquence de quoi le maître de la Maison Blanche a annoncé mercredi le limogeage de son chef du renseignement par intérim, Joe Maguire, et son remplacement par un de ses fidèles. C'est en effet une collaboratrice de M. Maguire, Shelby Pierson, qui a informé les parlementaires, parmi lesquels M. Schiff.
Ce dernier a réagi jeudi soir en accusant Donald Trump de s'accommoder volontiers de cette aide russe illégale.
"Nous comptons sur les services de renseignement pour informer le Congrès de toute menace d'ingérence étrangère dans nos élections. Si les informations sont vraies et que le président interfère avec cela, alors il est de nouveau en train de mettre en péril nos efforts visant à arrêter toute ingérence étrangère. Exactement comme nous avions prévenu qu'il le ferait", a tweeté Adam Schiff.
- "Paranoïa" -
De son côté la Russie a mis vendredi sur le compte de la "paranoïa" les accusations des responsables du renseignement américain, dont on ne connaît pas encore les détails.
"Cela n'a rien à voir avec la vérité", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dénonçant "de nouveaux messages paranoïaques qui seront malheureusement de plus en plus fréquents à fur et à mesure que l'élection approche" aux Etats-Unis.
Moscou a toujours démenti toute implication dans l'élection présidentielle de 2016, à l'aide de hackers et de "trolls" russes sur les réseaux sociaux, malgré un consensus des agences fédérales américaines sur le sujet.
Les piratages opérés par les services secrets russes avaient dévoilé des emails embarrassants du parti démocrate qui avaient plombé la campagne d'Hillary Clinton.
M. Trump a pour sa part toujours assuré ne pas avoir eu besoin d'un coup de pouce de Moscou pour parvenir à la Maison Blanche.
Pour remplacer M. Maguire, le 45e président américain a choisi Richard Grenell, l'ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne qui supervisera 17 agences fédérales, dont la CIA.
La Maison Blanche a assuré que M. Grenell aurait une "approche impartiale" pour assurer cet intérim. Donald Trump a précisé vendredi que quatre candidats de valeur seraient départagés pour assumer le poste de façon permanente.
AFP