La Finale du Marathon de l’Entrepreneur, compétition organisée par Hadina RIMTIC, en partenariat avec le ministère de l’Economie et des Finances et le groupe de la Banque Mondiale, s’est déroulée les 18 au 19 Juillet dernier, dans un réceptif hôtelier de Nouakchott.
Ce marathon visait « à promouvoir la culture entrepreneuriale chez les jeunes, afin de les familiariser avec l’idée selon laquelle l’entrepreneuriat est une option professionnelle envisageable et prometteuse ». Il comptait également mesurer le niveau de préparation à l’aventure entrepreneuriale et de compréhension de l’écosystème local, par les jeunes mauritaniens.
Premier de son genre en Mauritanie, l’évènement s’est soldé par la remise de prix aux lauréats, devant un panel d’invités de divers pays de la région : Maroc (Espace Bidaya), Sénégal (YUX Dakar), Niger (Incubateur CIPMEN et Synergie, un fonds d’investissements) et Mali (Lutuso et la Faîtière de Incubateurs). Belle opportunité d’échange et d’apprentissage, sur les thématiques entreprenariat, emploi et innovation, au Maghreb et au Sahel.
« Amener les jeunes à réfléchir sur les changements climatiques », a expliqué madame Mariam Kane, présidente de Hadina Rimtic, leader d’incubation des startups en Mauritanie, « y voir un potentiel et un défi, et non une fatalité à subir, tel est l’ambition du Marathon. Nous avons, en Mauritanie, d’énormes potentialités notamment dans le domaine de l’agro-pastoralisme, l’énergie renouvelable, avec le solaire, le développement des infrastructures. Il fallait accompagner tout cela, par des fondations de start-up, de micro-entreprises imaginées et construites par des jeunes forts d’innovation et de dynamisme, pour relever ces défis-là ».
« Dans les projets que nous avons reçus, certains ont été conçus via la compétition, d’autres étaient en gestation, avec des jeunes et moins jeunes, ou fonctionnaient déjà en entreprises. Tout ce melting-pot de structures est à encourager. Elles répondent à des problématiques locales, bien adaptées, avec des jeunes capables d’initiatives, qui veulent porter, en tout cas, leur voix et contribuer à l’essor économique et la valorisation de leur écosystème », a ajouté madame Kane, espérant que ce marathon de l’entrepreneur suscite une « dynamique collective », vers « une prospérité partagée » en Mauritanie.
La directrice régionale de la Banque Mondiale, madame Louise Cord, a vu, dans cette compétition, une opportunité, pour la Mauritanie, « de promouvoir un développement optimal du secteur privé national. […] Nous travaillons, ensemble, sur l’amélioration du climat des affaires en Mauritanie et l’appui du renforcement des capacités techniques, de l’accompagnement des petites et moyennes entreprises qui sont vraiment la colonne vertébrale de l’économie et une source d’absorption des jeunes demandeurs d’emploi », a-t-elle rappelé, avant de plaider pour « plus d’inclusion sociale », dans le domaine de l’emploi des jeunes.
Grands moments de la compétition
Lancé le 13 Avril, à l’Université de Nouakchott, le Marathon de l’entrepreneur est une initiative du Groupe de la Banque Mondiale, en partenariat avec le Ministère de l’Economie et des Finances et l’Incubateur Hadina RIMTIC en charge de l’organisation de la compétition. La « Caravane de l’Entrepreneur » en fut l’activité-phare. Elle parcourut Nouakchott, du 13 Avril au 3 Mai, avant de se lancer à l’assaut des villes de l’intérieur ; Rosso, Boghé, Kaédi et Aleg, du 19 au 25 Avril, puis Nouadhibou, du 24 au 27 Avril. Il s’agissait d’informer le public, afin d’attirer le maximum de porteurs de projets, sensibiliser sur les opportunités d’auto-emploi et la fondation d’entreprises, en divers domaines reliés à l’économie verte. Les rencontres se sont déroulées principalement dans les universités et centres de formation.
Clôture des soumissions et sélection des projets
Après trois semaines de sensibilisation et de soumission, il a fallu examiner les deux cent-un projets présentés, pour en sélectionner vingt-et-un. La grande majorité de ces projets étaient de bonne qualité. La sélection a été effectuée par un jury professionnel, composé d’experts dans les domaines fixés par les termes de référence de la compétition et dans les domaines de l’entreprenariat. La motivation et la détermination exprimées dans ses dossiers de candidature ont déjà prouvé, clairement, la capacité de réussite de ces projets, s’ils sont accompagnés.
Programme d’accélération-formation et accompagnement
Les porteurs des vingt-et-un projets ont bénéficié de formations, avec des experts en entreprenariat. Seconde étape-phare dans le parcours de ces entrepreneurs : amélioration de leur niveau en entreprenariat, aide à peaufiner leur projet et à mûrir d’avantage leurs idées mais, aussi, à acquérir les outils nécessaires à l’aventure. On a insisté sur l’aspect pratique des formations pratiques, bien adaptées aux besoins des porteurs de projets qu’on a amenés sur le terrain, lors de visites d’entreprises où ils ont pu découvrir certaines réalités entrepreneuriales et le partage d’expérience.
Boot camp
Le bootcamp s’est tenu du 1er au 3 Juillet dernier, au siège du groupe de la Banque Mondiale. On était alors à mi-parcours du programme d’accompagnement et de formation des entrepreneurs du Marathon. Les équipes sélectionnées ont bénéficiées de deux jours de formations, intensives, sur les outils modernes de l’entrepreneur (Business model, financement d’entreprise, etc.), avec des sessions d’échanges et de partage de bonnes pratiques, via diverses expériences.
Formations et accompagnements se sont poursuivis, avec les coatchs mis à leurs disposition, jusqu’à finalisation des dossiers et maturation complète des idées. Quarante-deux jours, au final, comme les quarante-deux kilomètres du marathon… Il ne restait plus qu’à soumettre les livrables, à présenter publiquement, avant le verdict final des juges.
Les lauréats
Prix de la meilleure mise en pratique : Attribué à HABIDEM, une entreprise de construction spécialisé dans la valorisation des matériaux locaux (écoconstruction). Une idée forte, la transformation du Typha en matériaux de construction : isolant thermique dans le bâtiment et fabrication de briques. Voilà un projet qui devrait contribuer à répondre à la problématique de l’accès au logement et à l’amélioration du cadre de vie. Avec un plus, tout au long de la chaîne de production, avec l’instauration d’emplois verts, favorisant l’émergence d’une économie locale et améliorant ainsi la résilience des communautés vulnérable aux effets des changements climatiques.
Le projet est porté par Mamoudou Touré, ingénieur agronome, spécialiste en développement agricole tropical et gestion sociale de l’eau, et Oumar Wélé, spécialiste en éco-construction, gérant de HABIDEM (efficacité énergétique dans les bâtiments, gestion et valorisation des boues de vidanges domestiques) et formateur en constructions écologiques.
Prix de la lutte contre le changement climatique, attribué à SMART COOLING SOLAR, une startup opérant dans les énergies renouvelables. Son produit, TOFEKTCOOL, est un réfrigérateur à énergie solaire, constitué d'une charpente en argile cuite, avec des tuyaux en cuivre troués, pour assurer la pulvérisation de la vapeur d'eau sur la charpente, et une ventilation, pour assurer le refroidissement. Il propose d’utiliser du matériel photovoltaïque de très faible puissance, avec un rendement élevé. TOFEKTCOOL est un produit destiné aux zones rurales, pour la production d’eau fraîche, la conservation des fruits et légumes, pendant quatre à six jours, et la conservation des médicaments.
Le projet est porté par Mariem Mohamed Salem, titulaire d’un Master en communication et presse, directrice d’une agence de services en communication, et Mohamed Vall Yahya, ingénieur en froid et titulaire d’un Master en système énergétique et gestion de projets.
Prix de l’entrepreneuriat féminin, attribué à SOLAR ECO BAT, qui projette de fabriquer des lampes solaires qui permettront, aux ruraux, d’accéder à l’éclairage tout en évitant d’utiliser des lampes à pétrole et des bougies, producteurs de gaz carbonique nocif à la santé et à l’environnement et, parfois, d’incendies. Les matériaux utilisés sont locaux ou issus de recyclage : pot de verre, ancienne lampe à pétrole transformée en lampe solaire, par exemple. SOLAR ECO BAT fabrique, également, des briques en terre comprimée (BTC), pour promouvoir l’éco-construction, un procédé à moindre coût, aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. Le projet est porté par Kadio Niang, ingénieure en génie éco-énergétique – un titre acquis en France, à l’ENSIATE, une école d’ingénieur en éco- énergétique (ENSIATE), El Housein Sow, juriste de formation, en dernière année de thèse à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, et trois autres personnes de différents profils.
Prix du meilleur plan d’affaires, attribué à HYDRO VAL, une PME opérant dans la construction de forages manuels. Le forage manuel est un système de perforation à la main, pour l’acquisition d’un point d’eau à moins de 40 mètres de profondeur, dans des sols alluvionnaires ou des formations de roche tendre. Fort de plus d’une trentaine de forages à son actif, dans la région du Fleuve, HYDRO VAL entend étendre ses services, en s’offrant de nouveaux outils qui permettront de réaliser plus de forages, à moindre coût. Le besoins des agriculteurs est significatif en ce domaine et la diaspora mauritanienne finance très souvent les coopératives dans ces zones. Le projet est dirigé par Ousmane Mamadou Ba, manager de la PME, titulaire d’un diplôme en management d’entreprise, sortant de l’Ecole supérieur de management de projets de Dakar, Dia Mamoudou Abdoulaye, spécialiste en forage manuel, qui a suivi plusieurs formations techniques en ce sens, et trois autres jeunes de différents profils.
Vers un second Marathon ?
Les acteurs économiques, entrepreneurs, porteurs de projets et investisseurs, ainsi que le public, en général, retrouveront tous les détails du Marathon sur https://www.youtube.com/watch?v=VkcHMx-NEjM. On pense déjà à une seconde édition. Les projets recherchés sont catégorisés comme suit. « Compétition libre » : sans aucune restriction, les candidats peuvent choisir l’idée d’affaire dans laquelle ils souhaitent se lancer. Cependant l’activité doit disposer d’une dimension de lutte contre les changements climatiques. Catégorie « Compétition dirigée » : les candidats doivent choisir entre trois idées d’affaire.
1. Briquettes carbonisées de Typha, plante aquatique qui ne cesse d’envahir des canaux et des lacs en Mauritanie, aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. La faisabilité des briquettes de charbon à partir de cette plante est démontrée par une étude. Cela permet de sauver nombre d’arbres transformés en charbon.
2. Système d’irrigation à énergie renouvelable, répondant au problème, endémique en Mauritanie, de l’accès à l’eau, un des obstacles plus rudes au développement agricole. La plupart des techniques requiert de grandes quantités d’eau et cause des difficultés d’utilisation d’engrais, développement de mauvaises herbes et coût élevé de carburant.
3. Système de réfrigération à énergie renouvelable, contribuant à ajouter de la valeur à divers produits (poisson, viande, légume, lait, etc.), actuellement difficilement acheminés en bon état, vers les lieux de vente ou de traitement.
THIAM Mamadou
en collaboration avec Hadina RIMTIC
source lecalame.info