Il y a carrément lieu de poser cette question ! Quelques événements tombés en cascades, ces derniers temps, justifient bien de s’interroger sur l’existence de l’Etat… Sans évoquer les entorses faites toutes les minutes au code de la circulation, le dysfonctionnement criant des services de l’Etat, l’insécurité grandissante…, quelques exemples récents reflètent de manière criante l’absence inquiétante de l’autorité de l’Etat dans notre pays.
Il y a plus d’une semaine, un ensemble tribal de l’est du pays, se sentant discriminé par une décision de justice rendue dans un contentieux foncier qui l’opposait à un autre groupe tribal de la zone, a décidé de frapper fort pour marquer les esprits et, surtout, pour passer un message ‘’sans ambiguïté’’ au pouvoir en pour s’opposer aux réformes constitutionnelles…
Ce message d’un autre âge, relayé en boucles par certains organes de presse, semble avoir atteint le but de ses initiateurs. Au lieu de réprimer un tel discours carrément à l’antipode de la construction d’un Etat, le président de la République a reçu tout de suite un député issu de cet ensemble et l’a rassuré sur la volonté des pouvoirs publics de modifier la décision de justice en faveur de son groupe.
Flouant au sol la sacro-sainte règle d’indépendance de la justice, le gouvernement a envoyé une mission du département de la justice pour inspecter la cour qui a rendu le verdict à Néma. Heureusement, celle-ci a refusé d’accueillir la commission d’enquête.
Autre incident presque du même genre qui s’est produit en fin de semaine dernière à Nouakchott. Il s’agit d’une dispute à coups de couteaux entre des fractions de la tribu Idablehsen autour de la possession d’un terrain à Toujounine. Bilan : 25 blessés dont six seraient en situation grave. L’une des fractions est soutenue par le secrétaire général adjoint du gouvernement, tandis que l’autre est appuyée par le ministre de la Culture.
Enfin, il y a l’intervention fort honteuse d’un tonitruant descendant d’une famille émirale au cours d’une manifestation organisée par les ressortissants de l’Adrar et soutiens du référendum au palais des Congrès. Ce dernier a appelé ouvertement à la scission des zones du nord pour profiter davantage de la richesse de leur sous-sol…
Tout cela s’est produit sans aucune réaction du pouvoir. On se souvient pendant les années 70 de cette grande invitation offerte par l’émir du Trarza Hbib en l’honneur de la tribu Oulad Bousba. La réaction du président Moktar ne s’est pas fait attendre. Il a limogé tous les fonctionnaires qui s’y étaient rendus. Vivement un sauveur de la Nation !
source rimibiladi.com