«Deux leviers doivent être activés pour le décollage de l’Afrique : le renouvellement de la philosophie de développement du continent et l’analyse de la praxis pour le bien-être de la population » a déclaré Thierry Hot, fondateur du Rebranding Africa Forum à l’ouverture de la 4ème édition de ce think thank organisé en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), les 5 et 6 octobre 2017 à Bruxelles.
L’ouverture
Plusieurs orateurs ont pris la parole à l’entame de ce grand laboratoire et formidable creuset d’influence qu’est devenu le Rebranding Africa Forum qui cherche depuis trois années d’affilée «à mettre l’Afrique en perspectives, à partir d’un diagnostic sans complaisance de son état de santé ainsi que ses atouts » selon Thierry Hot.
Parmi les orateurs, le Premier ministre guinéen, Mamady Youla, selon qui le thème retenu au cours de cette édition «Enjeux et défis des systèmes financiers africains face au dividende démographique» s’inscrit parfaitement dans la dynamique de la recherche de solutions aux nombreux défis de développement auxquels l’Afrique se trouve confrontée. «Un pays dans lequel la part des jeunes dans la population augmente et le taux de fécondité diminue, peut récolter les fruits d’un dividende démographique» a-t-il précisé.
Agriculture, services et capital humain
Trois panels ont été présentés durant l’édition 2017 de Rebranding Africa. Le premier a porté sur le «Pari agro-industriel». L’occasion pour les panélistes de rappeler l’engagement des chefs d’Etat africain à Maputod’accorder10 % de leurs budgets nationaux à l’agriculture, tout en se demandant «comment l’Afrique peut-il réussir sa révolution verte» si les pays qui la composent ne veulent pas consentir assez de ressources au secteur agricole. D’autres parmi les panélistes trouvent que les subventions à l’agriculture ne sont pas la solution et qu’il suffit d’équilibres simples pour permettre au paysan africain de disposer de semences de qualité et de moyen pour rehausser ses rendements.
Le deuxième panel relatif aux «Opportunités du marché des services» a permis d’ouvrir un débat contradictoire entre les panélistes. Certains ont valorisé le triptyque Jeunesse-Services-Numérique, soutenant que la jeunesse africaine doit être formée à créer des applications selon les secteurs de leurs choix. Le secteur service qui occupe le tiers du PIB des pays africains, bute cependant selon les intervenants sur des problèmes de financement mais aussi de connaissances pour générer des réponses structurantes, comme un enseignement plus adapté aux réalités africains à la place de celui hérité du colonisateur.
Enfin, le troisième panel, inscrit sous le thème «Investir dans le capital humain», avait pour objectif de clarifier le débat sur la nécessité ou non pour l’Afrique de viser un dividende démographique, afin de doter le continent africain d’un capital humain à la mesure de son désir d’émergence. Il s’agissait d’évaluer l’ensemble des systèmes financiers à mettre en œuvre pour y parvenir.
Pour les panélistes, l’Afrique est le continent le plus jeune avec les taux de chômage les plus élevés au monde. Ainsi, 10 à 12 millions de jeunes diplômés arrivent, selon les experts, chaque année sur le marché de l’emploi, lequel n’offre pourtant que 3 millions d’opportunité de travail.
Mais il y a 30 millions d’autres jeunes non instruits et non formés que les statistiques semblent oublier, rappellera Mabingué NGom, directeur régional de l’UNFPA.
Les chiffres restent ainsi effrayants, avec ses 420 millions de jeunes africains âgés de 15 à 35 ans dont le tiers ne travaille pas.
Le clou
La 4ème édition du Rebranding 2017 a été aussi marquée par la présence de hautes personnalités, outre le Premier ministre guinéen et le Vice-Premier ministre belge, celle de Cécile Kyenge, Députée au Parlement Européen et André Flahaut, ministre d’Etat de la Belgique de la Fonction Publique et de la simplification administrative au sein de la Fédération Wallonie de Bruxelles.
Enfin, le clou de l’édition, la soirée gala et la remise du Prix Innovation d’une valeur de 10.000 euros à Fohla Mouftaou, un des promoteurs de Green Keeper africa, la start-up béninoise avec sa technologie qui transforme la jacinthe d’eau en filtre dépolluante.
Cheikh Aïdara
source aidara.mondoblog.org